Accusée d'avoir froidement assassiné sa cousine en lui assénant un coup de couteau à l'abdomen, Fatou Diop Guèye Diaw risque de moisir longtemps en prison. Le procureur de la chambre criminelle de Dakar devant qui elle a comparu hier, mardi 15 avril 2025, a requis 20 ans de réclusion criminelle contre elle après avoir sollicité la requalification des faits en meurtre.
Au moment où ce drame familial est survenu, en 2021, Fatou Diop Guèye Diaw était âgée de 25 ans. Hélas, cette accusée risque de sortir des liens de la détention à ses 45 ans. Car, le procureur de la chambre criminelle de Dakar devant qui elle a comparu hier, mardi 15 avril 2025, a requis contre elle 20 ans de réclusion criminelle pour des faits d'assassinat. Au cours de son audition devant le prétoire, elle a manifestement regretté avoir mortellement poignardé sa cousine, Fatou Boye. "Si je pouvais retourner en arrière, je n'allais jamais mettre les pieds dans cette maison où je vivais. Ce qui est fait est fait. Je ne peux que demander pardon. Je demande pardon à sa famille, ses enfants et à la justice", tels sont les propos de Fatou Diop Guèye Diaw devant la barre où elle est accusée d'avoir mortellement poignardé sa cousine, Fatou Boye.
Deux tentatives ratées, puis… l’horreur
Revenant sur les faits, Fatou Diop Guèye Diaw indique que c'est sa défunte cousine qui l'avait attaquée en premier avant de l'étrangler, suite à une petite dispute avec la mère de celle-ci, par ailleurs, sa tutrice. Quand une première bagarre a éclaté entre elle et la victime, elle a brandi un couteau pour la poignarder. Fort heureusement, des gens sont intervenus pour éviter que l'irréparable se produise. Mais Fatou Diop Guèye Diaw qui ne décolère toujours pas est allée pour une seconde fois prendre un tournevis pour tenter à nouveau de la piquer. Et là encore, l’arme a été saisie par de tierces personnes qui se sont interposées au cours de leur mêlée. Puisque l'envie d'attenter à la vie de sa cousine était toujours intacte, l'accusée s'est cette fois-ci rendue en catimini dans une boutique où elle s'est procuré un couteau de 100 F qu'elle a dissimulé sous ses habits. Et dès qu'elle a croisé la victime dans le couloir, elle lui a asséné ce coup fatal dans l'abdomen alors qu'elle s'affairait à préparer le repas dans le restaurant. Elle s’affale au sol en gisant dans une mare de sang.
Morte d’une hémorragie interne et externe, selon le certificat de genre de mort qui fait état d'une plaie pénétrante de 3 cm, Fatou Boye a laissé derrière elle 3 garçons et 1 fille. Son bourreau arrêtée, elle a été inculpée puis placée sous mandat de dépôt pour assassinat avant que le juge ne procède à une requalification des faits en meurtre.
La famille de la victime réclame 50 millions
À la barre hier, Fatou Diop Guèye Diaw a dit au tribunal avoir pris le couteau avec lequel elle l'a poignardée sur une table du restaurant. L'époux de la victime venu témoigner devant le tribunal, a attesté que l'accusée l'a menacée de mort avant de tenter d'attenter à sa vie à deux reprises avant la 3ème qui a été fatale. Représentant les intérêts des héritiers de feu Fatou Boye, leur avocat a réclamé la somme de 50 millions de F Cfa en guise de réparation.
Le parquet requiert 20 ans de réclusion criminelle
Le procureur, quant à lui, a indiqué que l'intention dans cette affaire ne pose pas de problème, parce qu'elle a volontairement poignardé la victime. Le parquet qui a sollicité une disqualification des faits d'assassinat en meurtre, a signifié que l'accusée avait mûri son plan avant de l'exécuter. À cet effet, le représentant du parquet a requis 20 ans de réclusion criminelle contre elle après sa déclaration de culpabilité.
Avocat de la défense, Me Abou Abdoul Daff a d’emblée fustigé le fait que sa cliente Fatou Diop Guèye Diaw n'avait pas été mise dans des conditions pour se défendre contre ces faits au moment de l'enquête. Me Daff a déclaré que l'accusée n'a jamais été animée par l'intention de donner la mort. Elle pensait faire des représailles, selon lui toujours. Il a sollicité la disqualification des faits d'assassinat en coups mortels ayant donné la mort sans intention de la donner, tout en précisant qu'elle a donné un coup sans viser une partie du corps. Sur la sanction requise par le parquet, le conseil a proposé une alternative de réinsertion sociale. "Elle aura 45 ans quand elle sortira de prison. Vous devez aider cette fille à se réinsérer tout en prenant en compte les éléments qu'elle a mis à votre disposition pour être comprise. Elle vous a dit qu'elle n'a jamais eu de problème avec sa victime qu'elle considérait comme une sœur", a-t-il argué. Délibéré le 6 mai prochain.
Fatou D. DIONE