
Dans un communiqué rendu public, l’ancienne mandataire du candidat Amadou Bâ à la dernière présidentielle fustige un règlement de compte dans les dossiers de la Haute Cour de justice. Zahra Iyane Thiam broie cette juridiction qu’elle considère comme une arme contre les dignitaires du régime de Macky Sall.
La mise en accusation actée d’anciens ministres du régime de Macky Sall ne laisse pas de marbre d’anciens alliés de l’Alliance pour la République dans la défunte coalition présidentielle, Benno Book Yakaar. Dans un communiqué rendu public, la mandataire du candidat déchu de la présidentielle, Amadou Bâ, a donné ses impressions sur la Haute Cour de justice. Zahra Iyane Thiam fait savoir que « l'annonce de résolutions de mise en accusation d'anciens ministres devant la Haute Cour de justice interpelle tous les Sénégalais. Cette Cour, prévue par la Constitution, est une juridiction d'exception. Elle ne peut être utilisée pour des règlements de comptes ou des justifications politiques post-électorales. Ni l'exemplarité, encore moins la rupture ne se construisent dans la vengeance », laisse-t-elle entendre.
Toutefois, elle estime que les faits doivent précéder les accusations, pas l'inverse. Or, explique-t-elle, « dans plusieurs cas évoqués, les bases juridiques semblent fragiles, les preuves incertaines (la parole de l'un contre l'autre, si l'un n'est pas en fuite) et la procédure engagée dans un climat de suspicion », constate l’ancienne Directrice générale de l’Agence sénégalaise pour la promotion de l’exportation (Asepex). Et pourtant, note-t-elle, « le Sénégal dispose d'institutions de contrôle performantes (Cour des comptes, Ige, Ofnac). Pourquoi les contourner ? Pourquoi précipiter une justice d'exception au détriment des voies ordinaires ? Même si ce que nous vivons présentement nous laissent perplexes, avec les nombreuses arrestations, dont celles qui sont les plus préoccupantes concernent entre autres nos champions économiques », s’inquiète Zahra Iyane Thiam.
Après avoir mis à nu les failles de cette juridiction, elle anticipe tout. « Au-delà du droit, est-ce une culture de la peur qu'on cherche à installer ? Celle qui décourageait les ministres et autres fonctionnaires d'agir par crainte d'être poursuivis à chaque alternance. Celle qui fragilise la continuité de l'État. Gouverner, c'est prendre des décisions. Si chaque acte est susceptible d'être retourné politiquement, qui osera encore assumer ses responsabilités ? Il faut entendre et comprendre les attentes du peuple : justice, transparence, mais surtout cohésion, emploi, santé, éducation, sécurité, une bonne campagne agricole et j'en passe », se projette-t-elle dans l’avenir. Elle ajoute en outre que le pays attend des réformes structurelles, pas des spectacles judiciaires téléguidés.
Cependant, après constat des treize mois de gouvernance de l’actuel régime, la responsable du parti Nouvelle responsabilité d’Amadou Bâ présage que « notre démocratie ne sortira renforcée que si nous faisons preuve de hauteur. La majorité parlementaire de cette XVème législature a la double responsabilité de convaincre qu'elle n'est ni mécanique ni au service de la vengeance, mère de la division et de la déconstruction. Attention à la dérive de la justice sélective ! Le seul défi qui vaille pour la majorité est celui de donner à nos Institutions leur sens de protéger l'intérêt général, dans le respect de l'Etat de droit, de la Démocratie et de la République, gage de la respiration socio-économique dont nous nous éloignons de jour en jour », conclut Zahra Iyane Thiam qui invite en ce sens à la retenue et invite le régime à se concentrer sur l’essentiel.
BMS