La passe d’armes entre le parlementaire, Guy Marius Sagna qui a adressé des questions écrites au ministre de l’Education nationale qui répond est sur toutes les lèvres. Un échange épistolaire entre le député et le ministre sur l’achat de mobiliers et des dépenses faites par le ministère que le parlementaire juge être aux antipodes du triptyque : Jub Jubal Jubanti.
Guy Marius Sagna ne lâche pas du tout le ministre Moustapha Mamba Guirassy. Le ministre de l’Education nationale, dans sa réponse à la question écrite du député sur de supposées dépenses de mobiliers inappropriées, a tenu à confirmer l’achat de matériel, mais précise. «Ces acquisitions sont d’abord inscrites dans le budget de fonctionnement, lequel est adopté en toute transparence par l’Assemblée nationale dont l’honorable Guy est membre. Ces crédits servent à assurer le cadre de travail nécessaire au bon exercice des responsabilités ministérielles», informe le ministère de l’Education. Toujours dans sa réponse, le ministre précise : « on vous a induit en erreur. Je n’ai jamais changé de salon Honorable Guy. Vous parlez sûrement des équipements mobiliers dans les salles d’attente. Les salons au niveau de la sphère ministérielle sont presque tous identiques dans les bureaux des ministres. Le mien a au moins 3 ans. Je vous informe cependant avoir acheté de jolis pots de fleurs et de beaux tableaux d’art pour rendre mon bureau plus accueillant et plus confortable. Il est commun Honorable Guy, dans tous les ministères du monde, qu'ils soient africains, européens ou américains, d’avoir un salon de réception pour accueillir des délégations, des diplomates ou des partenaires techniques. Il ne s’agit pas de luxe, mais de protocole », répond-il. Guy Marius Sagna rétorque : « Monsieur le ministre de l'Éducation nationale, dans votre réponse vous dites une chose et son contraire. Vous affirmez que j’ai été induit en erreur et pourtant vous avouez l’existence de ces achats effectués par vos services ».
Selon Moustapha Mamba, « le plus surprenant dans cette interpellation, c’est le montant dérisoire concerné, qui contraste fortement avec l’indignation affichée. En réalité, nous sommes loin des grandes lignes de crédits ou de marchés publics qui pourraient nourrir un réel débat » dit-il. Et le parlementaire de laisser l’appréciation de la réponse aux Sénégalais. «Vous parlez de "montant dérisoire" et de "détails". Les Sénégalais qui m'ont élu et élu le président de la République qui vous a nommé sauront apprécier », dit-il, avant d’ajouter en interpellant le ministre : « Monsieur le ministre, pensez-vous que les populations concernées par les 29 questions écrites ci-dessous que je vous ai adressées à leur demande, entre le 2 décembre 2024 et le 22 avril 2025, vont trouver "dérisoires" les montants que j'ai évoqués… Vous reconnaissez les dépenses évoquées dans ma question écrite, alors qu'il faut rationaliser parce que, notamment, l'Etat Apr/Bby a plongé les finances publiques dans le gouffre. Le Jub, Jubal, Jubanti, monsieur le ministre, c'est aussi prendre en compte et prioriser à partir de la rationalisation lancée par le Pm et le PR ».
En tout état de cause, Guirassy a invité le député à se concentrer sur l’essentiel en lieu et place de ces sujets que le ministère juge de bas étage. « Honorable Guy, vous gagnerez à recentrer vos interventions sur les véritables enjeux du secteur de l’éducation : la qualité de l’enseignement, l’infrastructure scolaire, l’adéquation formation-emploi, ou encore le dialogue social avec les syndicats. La République a besoin de débats sérieux, rigoureux et documentés. Elle a besoin de députés qui exercent leur mandat dans la loyauté institutionnelle, au service de la transparence mais aussi de l’efficience ». Cette invite semble titiller l’orgueil du député qui lui rappelle les questions écrites adressées depuis plusieurs mois. « Monsieur le ministre, vous me demandez de "recentrer [mes] interventions sur les véritables enjeux du secteur de l'éducation" et vous ajoutez que "la République a besoin de débats sérieux, rigoureux et documentés". Monsieur le ministre, si mes 29 questions écrites ci-dessus rappelées ne vous semblent ni sérieuses ni rigoureuses ni au cœur des enjeux du secteur de l'éducation, les 11 questions écrites suivantes que je vous ai envoyées entre le 18 avril 2024 et la dissolution de la 14e législature le sont-elles suffisamment pour vous », répond le parlementaire.
Et sans complaisance, le ministre attaque frontalement le parlementaire. «Enfin honorable, puisque vous vous percevez comme le plus loyal, le plus courageux ou le plus véridique des Sénégalais, aviez-vous vraiment besoin de présenter aux Sénégalais ce désolant spectacle qui s’écarte de très loin des vrais enjeux du Jub Jubal Jubanti » et l’invite dans la foulée à échanger sur les vraies questions de l’heure comme le programme présidentiel dénommé « le plan Diomaye pour la Casamance ». « Sur la rationalisation des dépenses, je comprends pleinement les préoccupations des Sénégalais face à la situation économique actuelle. C’est pourquoi, depuis ma prise de fonction, j’ai engagé une revue de toutes les dépenses du ministère pour garantir une gestion rigoureuse et utile de chaque franc Cfa. L’éducation de nos enfants reste notre priorité absolue. Là, la chose est sérieuse. Je vous invite à des discussions plus approfondies sur le plan Diomaye de la Casamance, par exemple. Les populations comptent beaucoup sur vos idées, vos propositions, votre accompagnement », répond le ministre.
Baye Modou SARR