Alors que tous les signaux semblent indiquer une préparation des Sénégalais à une candidature du Président Macky Sall à un troisième mandat, une étude du projet d’enquête et de recherche, non partisan, dirigé en Afrique, Afrobaromètre, vient confirmer que les Sénégalais sont plus que jamais contre toute idée de troisième mandat. Cette étude qui concerne deux autres pays francophones d’Afrique de l’Ouest à savoir la Côte d’Ivoire et la Guinée, révèle que 77% de nos compatriotes sont pour la limitation à deux des mandats présidentiels. Alors que 67% d’entre eux pensent que le président de la République à un devoir de redevabilité envers le parlement et la justice.
La Côte d’Ivoire, la Guinée et surtout le Sénégal ont en commun leur histoire d’anciennes colonies françaises. Ils partagent le français comme langue officielle et ont des structures politiques et institutionnelles très similaires. Selon une étude du projet d’enquête et de recherche, non partisan, Afrobaromètre, la vie démocratique de ces pays pourrait être divisée en deux grandes phases depuis les indépendances : la période de construction des nations, marquée par le monopartisme, la période de quête démocratique et d’institutions fortes, marquée par le multipartisme et l’émergence de mouvements sociaux.
Selon l’étude, le Sénégal, au même titre ces deux autres pays, est confronté à la question de la limitation de mandats présidentiels à un maximum de deux.
Selon Afrobaromètre, les données de ses récentes enquêtes au Sénégal (en fin 2017) montrent une constance du soutien du peuple sénégalais quant à la limitation par la Constitution des mandats présidentiels. «Cependant, malgré cette opinion populaire, on note que la volonté des présidents de briguer un troisième mandat finissent par l’emporter sur celle des peuples. Cela signifie-t-il un échec des institutions démocratiques ?», questionnent les experts.
Autre question abordée par l’étude, celle liée à la redevabilité du président envers les lois et institutions. En effet, dans les États avec un niveau de démocratie avancé, on note une séparation des pouvoirs, un système de «freins et contrepoids» qui permet la bonne marche des institutions et l’équilibre entre les pouvoirs. Pour cette raison, les Sénégalais défendent le principe de redevabilité du président de la République envers les pouvoirs législatives et judiciaires.
Ainsi, 65% des Sénégalais estiment que le parlement devrait veiller à ce que le président lui rende compte de l’usage qu’il fait de l’argent du contribuable. Dans notre pays «seulement trois citoyens sur 10 environ estiment que le Président devrait se concentrer au développement du pays au lieu de perdre son temps à se justifier».
Sidy Djimby NDAO