Après avoir interdit à Barthélemy Dias d’y tenir sa conférence de presse vendredi dernier, les forces de l’ordre continuent d’intervenir dans la mairie de Dakar. C’est Thierno Bocoum, qui est allé constater lui-même la situation, qui donne l’information en alertant contre l’installation d’un État policier.
A la mairie de la ville de Dakar, les entrées et sorties sont filtrées. Selon Thierno Bocoum, des policiers y ont élu domicile. « Je me suis rendu cet après-midi à la mairie de Dakar pour constater de visu la violation indécente de la démocratie et de l’Etat de droit. Les citoyens sénégalais sont interdits d’accès au sein de l’institution centrale de la ville de Dakar. Les forces de sécurité occupent l’intérieur de ce cœur administratif et politique à la place des conseillers municipaux et des agents administratifs », informe le leader du mouvement Agir, qui fait noter que jusqu’à présent aucune mesure administrative n’a été prise contre Barthélemy Dias touchant son statut de maire de la ville de Dakar.
A l’en croire, « le fait de le déclarer injustement démissionnaire de son poste de conseiller municipal ne crée aucun lien de causalité avec son poste de maire. Tout le débat sur l’illégalité de cet acte ne saurait compromettre son statut de maire. Aussi bien le code général des collectivités territoriales que le code électoral donnent un statut au maire différent du statut du conseiller municipal ».
Se référant à l’article 92 nouveau de la loi 2021-38 du 3 décembre 2021 portant code général des collectivités territoriales qui a modifié la loi 2013-10 du 28 decembre 2013, art 297 du code électoral, M. Bocoum souligne que le maire de ville est élu au suffrage universel direct. « Il a des attributions spécifiques à son statut de maire. Il y a une concomitance en ce qui concerne l’élection du maire et de celui de conseiller municipal. L’une n’engendre pas l’autre. Elles découlent toutes du suffrage universel direct. Le conseiller est élu en même temps que le maire. Et ce dernier est élu en tant que candidat et non en tant que conseiller municipal », dit-il.
D’après l’ancien parlementaire, c’est l’ancienne formule d’élection du maire qui établissait un lien entre le maire et les conseillers municipaux, puisque ce dernier était élu en tant que conseiller municipal par ses pairs. « Aujourd’hui, le maire est directement élu. Il ne peut donc être révoqué sur la base d’un lien de causalité avec son statut de conseiller municipal auquel il serait injustement démissionnaire. Aucune mesure n’a été prise contre Barthélemy Dias dans son statut de maire de la ville de Dakar, mais la police s’oppose à ce qu’il joue son rôle d’élu, à la tête de la ville de Dakar, au suffrage universel direct », précise Thierno Bocoum, qui appelle « les forces vives de la nation éprises de justice à réagir face à cette forfaiture et ce rouleau compresseur qui cherche, honteusement, à écraser l’État de droit et la démocratie dans notre pays ».
Ndèye Khady D. FALL