L’intention avouée de l’Etat d’indemniser les victimes des violences électorales de 2021 à 2024 n’est pas du goût de tout le monde. Une partie de la société civile s’est insurgée contre cette volonté du nouveau régime. A son tour, dans un communiqué, la plateforme ‘’Nay Ler’’ s’oppose à cela, craignant que ce ne soit non pas seulement pour soulager des «vraies victimes», mais plutôt récompenser des «coupables», des «militants d’un parti politique à la conquête du pouvoir».
La plateforme ‘’Nay Ler’’ dit non à Diomaye Faye et à son gouvernement dans leur volonté d’indemniser les victimes des violences électorales de février 2021 à mars 2024, à hauteur de 5 milliards de nos francs. «La plateforme Nay Ler s’insurge contre ce projet aux antipodes de ‘’Jub, Jubal, Jubanti’’. Nous trouvons indécent que l’argent du contribuable soit utilisé pour contenter des militants engagés dans une lutte d’un parti politique (une association privée) pour conquérir le pouvoir, surtout dans un contexte où des militaires, invalides aujourd’hui pour avoir payé au prix de leur corps pour la défense de la patrie, manifestent pour recevoir leur dû depuis des années», ont martelé dans un communiqué Babacar Mbaye Ngaraf et ses camarades. Pour la plateforme Nay Ler, autant alors indemniser toutes les victimes, de Senghor à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade. «Nous ne sommes pas contre l’indemnisation des vraies victimes. Nay Ler est contre un fourre-tout, qui ne dissocie pas victimes et coupables», précisent les membres de la plateforme.
Avant de poursuivre : «cette indemnisation ne doit pas ouvrir la voie à des stratégies visant à récompenser avec de l’argent du contribuable des militants d’un parti politique (une association privée), à la conquête du pouvoir». Selon toujours Mbaye Ngaraf et ses camarades, «cette démarche est d’autant plus dangereuse qu’elle viole le principe de l’égalité des citoyens». Ils ne veulent pas, précisent-ils dans le communiqué, que cela encourage et précipite «la transformation de nos partis politiques en mercenariat politique dont les acteurs, parce qu’ils seront indemnisés, une fois le pouvoir conquis, ne s’interdiront aucun coup».
Onas, Aser…
Par ailleurs, Babacar Mbaye Ngaraf et ses camarades interpellent l’Etat sur les autres dossiers judiciaires en cours. «La plateforme Nay Ler d’une part exprime ses inquiétudes sur le silence qui entoure brusquement le dossier Onas - apparemment en route vers les tiroirs de l’oubli- d’autre part invite les députés à instituer une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Aser afin d’éclairer la lanterne des Sénégalais, situer les responsabilités et sauver ce noble projet d’électrifier 1600 localités», lit-on dans le communiqué.
Alassane DRAME