
Etudiante à la Faculté de droit de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Aby Dieng a eu de la chance de ne pas être condamnée hier, mardi, par le juge des flagrants délits de Dakar à 3 ans de prison ferme requis par le parquet pour avortement clandestin, suppression d'enfant et profanation de cadavre. Elle a écopé d'une peine d’1 an d'emprisonnement ferme pour avoir accouché, puis jeté son bébé de 6 mois dans une fosse septique.
Cette fâcheuse histoire d'avortement risque d’entraîner des conséquences dramatiques sur sa vie qui pourrait à tout jamais basculer. Étudiante à la Faculté de droit de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Aby Dieng, 21 ans, restera une année entière sous les verrous, ce qui hypothèque son avenir scolaire. Le cauchemar de cette fille a commencé le 19 novembre dernier, date à laquelle elle a accouché puis jeté son fœtus de 6 mois dans la fosse septique des toilettes de sa maison. Tout ceci, pour éviter d'être la risée de tous. Pour la petite histoire, Aby Dieng a été engrossée par Serigne Saliou Faye avec qui elle s'est récemment mariée au mois d'octobre 2024, après une relation amoureuse de 5 ans. Mais, quand ils étaient en couple, les deux amoureux ont commencé à entretenir des rapports sexuels alors qu'ils n'étaient pas encore dans les liens sacrés du mariage. De fil en aiguille, Aby Dieng tombe enceinte, mais décide de garder pour elle-même le secret de sa grossesse. Pour les visites prénatales, elle s'est abstenue d'en faire. Entre-temps, son amant Serigne Saliou a scellé leur union tout en ignorant son état de femme enceinte. Mais cette grossesse n'ira pas jusqu'à son terme puisque Aby Dieng s'est débarrassée du fœtus.
À 6 mois de grossesse, l'étudiante, qui ressentait des douleurs à l'abdomen s'est rendue dans les toilettes de son domicile à Ben Tally où elle a accouché sans l'assistance de personne. Elle jette le bébé de sexe féminin dans le trou de la chaise turque des toilettes avant de vaquer tranquillement à ses occupations. Cette ignominie a été découverte par son colocataire, Pape Samba Seck.
Les enquêteurs ainsi que les sapeurs-pompiers ont été avisés. Après que ces derniers ont repêché le bébé, une enquête a été ouverte. Et celle-ci a débouché sur l'arrestation de Aby Dieng. Interrogée, elle reconnaît sans ambages les faits d'avortement clandestin, suppression d'enfant et profanation de cadavre qui lui sont imputés.
Aby Dieng réfute les accusations, mais…
Placée sous mandat de dépôt, elle a comparu hier, mardi 26 novembre 2024, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.
À la barre, elle a contesté ces accusations. "Le jour des faits, j'accompagnais ma mère qui partait faire le linge. Et c'est ce même jour que j'ai vu mes règles. C'est ce que je croyais du moins parce que j'avais mal au bas-ventre. Puis à 17h, j'ai senti le besoin d'aller aux toilettes. Et quand j'y suis allée, j'ai expulsé quelque chose lorsque je me suis mise en position assise. Il y avait beaucoup de sang qui coulait de mes parties intimes. Le corps étranger que j'ai expulsé m'a échappé avant de tomber dans cette sombre toilette et d'atterrir dans le trou de la chaise turque. J'ignorais que cette chose était un enfant puisque je n'ai jamais avorté, ni enfanté. Je suis mariée et j'entretenais des rapports sexuels avec mon mari avant notre mariage. Mais je ne savais pas que j'étais enceinte", a-t-elle assuré. Malheureusement, la thèse accidentelle qu'elle tentait de faire croire n'a pas prospéré face aux éléments à charge contre elle, dont les conclusions de l'homme de l'art. Car le médecin, dans son rapport médical, a conclu que le bébé de Aby Dieng, au moment de la délivrance, était bien viable.
Accablée par le procureur, elle lâche : "c'est Dieu qui a pris la vie de cet enfant. Mais je ne l'ai pas tué. C'est au début du mois de juin que j'ai constaté que je ne voyais plus mes règles. Mon mari ignorait que j'étais enceinte". Son époux, Serigne Saliou Faye, entendu en qualité de témoin, a confié que cela fait 5 ans que Aby Dieng et lui sont en couple. Interpellé sur leur vie sexuelle, il a déclaré que sa femme et lui avaient déjà commencé à coucher ensemble avant leur mariage. "C'est le 21 octobre dernier qu'on s'est marié. Je n'étais pas au courant de sa grossesse, mais je reconnais que je suis le père de cet enfant", a-t-il affirmé.
Le procureur a requis 6 mois
Le procureur a rappelé que le mariage de Aby Dieng et son époux a été scellé au mois octobre dernier au moment où sa grossesse était de 6 mois. "Elle ne voulait pas que ses parents sachent qu'elle était enceinte. Et elle a préféré supprimer l'enfant pour éviter la honte. Pour ce faire, elle a fait des manœuvres consistant à expulser le fœtus qu'elle a par la suite jeté dans la fosse", a relevé le parquet qui a requis 3 ans d'emprisonnement ferme contre elle.
Avocat de la défense, Me Mamadou Guèye a dit qu'il ne ressort pas du dossier qu'elle a pris des substances toxiques dans le but de supprimer le fœtus. D'après lui, l'auteur de la grossesse a reconnu l'enfant et ils se sont mariés. Le conseil qui a sollicité sa relaxe a indiqué que dans cette affaire, il peut s'agir d'un avortement accidentel. Après avoir demandé au tribunal de tendre la perche à sa cliente, vu sa qualité d'étudiant à la Fac de droit de l'Ucad, le juge l'a condamnée à 1 an de prison ferme.
Fatou D. DIONE