La Direction générale du Secteur financier sous l’égide du ministère des Finances et du Budget a rendu public le document de la Stratégie nationale d’inclusion financière 2022-2026. Un projet d’un coût prévisionnel de 17 milliards 205 millions francs Cfa dont 6 milliards 952,5 millions francs Cfa devraient être à la charge de l’Etat. L’objectif de la Snif est d’atteindre un taux d’inclusion financière de 65% du côté de la demande et couvrant 90% des Pme.
A la suite de l’élaboration du projet de Stratégie nationale d’inclusion financière (Snif 2022-2026), sous l’égide du Comité technique mis en place par le ministre des Finances et du Budget, le président de la République a pris acte dudit projet, avant de charger Abdoulaye Daouda Diallo de mener toutes les diligences nécessaires pour l’opérationnalisation de la Snif qui, dit-il, sera un pilier essentiel dans la relance de l’économie sénégalaise, en vue d’une croissance durable, dont les fruits seront mieux partagés. Ainsi, il ressort du document parcouru par «Les Echos» qu’en 2020, le Sénégal a compté 26 banques et 4 établissements financiers à caractère bancaire agréés. Le réseau utilisé par le secteur bancaire a été constitué de 525 points de services physiques et 649 guichets et distributeurs automatiques de billets. Le nombre de comptes ouverts était de 2.167.629. Les comptes de particuliers étaient établis à 1.931.110 et ceux des personnes morales à 236.519.
649 Gab et 2,1 millions de comptes bancaires ; 949 guichets de microfinance pour une clientèle de 3,4 millions
Ce dynamisme de l’activité a été accompagné d’une amélioration continue de la qualité du portefeuille. Le secteur de la microfinance a compté, à fin 2020, 294 systèmes financiers décentralisés constitués de 10 unions mutualistes regroupant 169 caisses unitaires, de 8 sociétés commerciales, d’une association et de 105 mutuelles d’épargne et de crédit non affiliées. Les agences et guichets au nombre de 939 couvrent l’ensemble des régions du Sénégal et sont localisés dans 42 départements et 44% des 553 communes. Au titre de la clientèle ou du sociétariat, il est dénombré, en 2020, 3.433.960 comptes dont 55% sont actifs. Néanmoins, la performance de la microfinance est amoindrie par des problèmes de gouvernance malgré les efforts des superviseurs dans les domaines de l’assainissement, du contrôle et de l’accompagnement des Sfd en difficulté. D’autres contraintes sont liées, entre autres, à l’accès des Sfd aux ressources longues, à la collecte de l’épargne, au coût des ressources mobilisées auprès des banques et au poids des charges inhérentes au déploiement des Sfd.
19,1 millions de lignes, soit un taux de pénétration de 114% pour la téléphonie mobile
Pour l’assurance, le Sénégal compte, en 2020, 29 compagnies dont 10 sociétés «Vie» et 19 «Non-vie», avec 282 points de souscription propres, 81 courtiers et 1451 mandataires non-salariés.
La micro-assurance est également commercialisée au Sénégal par 5 sociétés et concerne principalement la couverture maladie, invalidité ou décès et la garantie visant les pertes relatives à l’agriculture et à l’élevage.
Le paysage des télécommunications est marqué ces dernières années par d’importantes innovations technologiques (3G, 4G, acteurs diversifiés, services nouveaux). En 2020, il est dénombré 3 opérateurs titulaires de licences ouverts au public, 3 Mvno, 3 Fai et 389 Fsva qui couvrent la quasi-totalité du territoire sénégalais, avec notamment le déploiement de la fibre optique. De plus, il est noté en 2019 et 2020, la réduction des coûts des cessions du code Ussd qui n’est plus l’apanage exclusif des opérateurs de téléphonie depuis 2018. S’agissant de l’utilisation de la téléphonie mobile, il est décompté 19,1 millions de lignes en 2020, soit un taux de pénétration de la population totale de 114,2%.
13,3 millions de comptes monnaie électronique pour 239.748 points d’accès
L’écosystème des services financiers numériques a également enregistré, en 2020, 2 EME et 5 partenariats (1 entre une banque et un opérateur de télécommunication et 4 entre fournisseurs de services financiers et banques). Il est dénombré en 2020, 13,3 millions de comptes de monnaie électronique ouverts dont 8,4 millions par les 2 EME, avec un taux d’actifs de 44% pour le total. Le nombre total de points d’accès relatifs à la monnaie électronique est ressorti à 239.748 composés de Gab, de sous-distributeurs et de distributeurs principaux. SN La Poste a compté, en 2021, 285 bureaux ouverts sur le territoire sénégalais, parfois dans des zones très reculées n’enregistrant aucun point de services des institutions financières classiques. Des intermédiaires en opérations de banque sont également agréés au Sénégal, leur effectif est de 6 unités en 2020. Le Bureau d’Information sur le Crédit a démarré ses activités au Sénégal en février 2016. Il a dénombré, en 2020, 3,83 millions de contrats déclarés par les institutions financières pour 1.069.295 clients. L’intégration des grands facturiers à ce dispositif a été décidée le 31 décembre 2019. En 2020, ces derniers ont déclaré 1.312.644 abonnements contractés par 937.088 personnes physiques et 17.766 entreprises. D’autres structures publiques, parfois sous forme de fonds nationaux, participent au financement des Pme/Pmi, des femmes et des jeunes qui n’ont pas accès aux services financiers conventionnels.
Situation de l’inclusion financière : 21% de la population adulte ont au moins ouvert un compte…
Selon l’Esrif, 21,0% de la population adulte sénégalaise ont ouvert, au moins, un compte dans une institution financière classique ou souscrit à une police d’assurance. Concernant la monnaie électronique, il est noté un taux d’utilisation de 31,4% qui porte le taux d’accès global aux services financiers à 41,6%. Au niveau des petites et moyennes entreprises, 46,7% d’entre elles ont un compte dans une institution financière classique. Ce taux est de 41,7% pour la monnaie électronique, portant le taux d’accès global à 63,1%. Pour l’assurance, le taux de souscription à une police est de 3% au niveau des Pme. Dans le cadre des opérations effectuées auprès des institutions financières, les populations utilisent dans leur majorité les opérations de dépôt et de retrait. La population arrivant à épargner (34,8%) régulièrement le fait majoritairement en dehors des institutions financières ; seuls 23,1% des concernés épargnent auprès d’une banque ou d’un Sfd.
Seul le tiers des Sénégalais qui ont des comptes demandent des financements
S’agissant du crédit, il est ressorti que seulement le tiers (1/3) des Sénégalais détenant des comptes demande, en général, des financements auprès des institutions financières. Toutefois, il est noté que l’essentiel (95%) des demandes de crédit est satisfait. Du côté des Pme, il est apparu que l’emprunt est le mode de financement préféré. A ce titre, il est noté que 16% d’entre elles ont eu à demander des crédits auprès des institutions financières (en 2016), avec un taux de satisfaction globale de 92% (banques : 73% et Sfd : 94%). Dans le cadre du dispositif de facilitation de l’accès au crédit des Pme, il est observé une faible connaissance des outils mis en place. En ce qui concerne le transfert d’argent, il intéresse quasiment tous les Sénégalais, soit des proportions respectives de 41% et 65% en émission et réception. De nombreuses contraintes entravent l’accès et l’utilisation des services financiers au niveau de toutes les couches de la population, des très petites ou micros-entreprises (Tpme) et petites et moyennes entreprises (Pme) qui sont confrontées à des difficultés d’accès au financement.
Atteindre un taux d’inclusion financière de 65% des adultes
La vision du Sénégal est la suivante : «l’accès et l’utilisation de façon permanente et équitable sont assurés par des institutions financières formelles à tous les segments de la population sénégalaise avec une gamme diversifiée de produits et services adaptés à leurs besoins et moyens». L’objectif de la Snif qui s’étend sur un avenir de 5 ans (2022-2026) est d’atteindre un taux d’inclusion financière de 65% des adultes (soit au moins 80% selon l’optique offre) et de 90% des Pme. La Snif cible en priorité les populations rurales, les femmes et les jeunes ainsi que les micros, petites et moyennes entreprises. Ce qui passe par le développement de produits financiers adaptés ; le développement des infrastructures et des activités économiques numériques, notamment la modernisation des services financiers de l’Etat ; l’amélioration de la culture financière des populations et de la protection des usagers des services financiers ; avec un cadre réglementaire et institutionnel propices et efficaces.
Le coût prévisionnel de la Snif est de 17,2 milliards dont 40% à la charge du budget de l’Etat
Le plan d’actions est élaboré autour de 45 actions réparties entre quatre axes et douze objectifs spécifiques. Il est conçu par les acteurs concernés par l’inclusion financière qui ont indiqué leurs rôles et responsabilités au niveau des activités identifiées. Les rapports d’exécution et de suivi attendus de ces acteurs permettront de s’assurer régulièrement de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la Snif. Le coût prévisionnel de la Stratégie nationale d’inclusion financière est évalué à 17 milliards 205 millions francs Cfa et réparti suivant les axes comme-suit : axe 1 : 7%, axe 2 : 22%, axe 3 : 53%, axe 4 : 18%. Six milliards 952,5 millions francs Cfa devraient être à la charge de l’Etat, soit 40% du budget total.
M. CISS