APOLOGIE DU TERRORISME: ces faits troublants qui enfoncent le brillant élève Saer Kébé

  
 
Si le juge de la Chambre criminelle de Dakar, Massamba Sène, suit le réquisitoire du procureur, Adji Fatou Diouf, Boubacar Dianko dit Imam Dianko sera condamné aux travaux forcés à perpétuité. Cet accusé, qui a révélé avoir été abusé par le terroriste malien Mouhamed Al Khaïri, a contesté les faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, d’atteinte à la sûreté de l'Etat et d’apologie du terrorisme pour lesquels il comparaissait. Il sera fixé sur son sort le 10 avril prochain. 
 
 
 
Barbu et tout de blanc vêtu, le maître coranique Boubacar Dianko faisait face, hier, au juge de la Chambre criminelle de Dakar, Massamba Sène, pour répondre des faits d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, d’atteinte à la sûreté de l'Etat et d’apologie du terrorisme. Assis sur une chaise, l’homme de 49 ans, qui répondait aux questions de la chambre, a subi 2 mois auparavant une opération des jambes, parce qu’il souffrait de nerf sciatique. Pour les faits pour lesquels il a été renvoyé devant cette Chambre, il a résulté de l’ordonnance de renvoi que tout est parti d'un numéro de téléphone. Dans le cadre de la coopération dans la lutte contre le terrorisme que les Renseignements généraux maliens ont découvert que l’accusé Boubacar Dianko communiquait fréquemment avec le terroriste de Gao, Mouhamed Al Khaïri, qui était affilié au mouvement Al Qaida et Ahmed Ould Bella. 
 
 
Imam Dianko démenti par son neveu et enfoncé par les réquisitions de la Sonatel
 
 
Arrêté, Boubacar Dianko a nié lors de l'enquête préliminaire, s’être rendu à Gao, mais, selon lui, il revenait du Burkina Faso. Hélas, les aveux de son neveu Ahmadou Bamba Dianko, avec qui il a voyagé au Nord Mali, l'ont poussé à revenir sur sa relation avec Al Khaïri. Il a alors déclaré que Mouhamed Al Khaïri était son guide religieux qui devait l'aider à approfondir ses connaissances coraniques. Tergiversant dans ses déclarations, il change de version en soutenant que Mouhamed Al Khaïri avait des démêlés avec la justice mauritanienne et que c’est pour cela qu'il avait fui ce pays. Et que c’est 6 ans plus tard qu'il l'a rencontré fortuitement à Pikine dans une Mosquée. Hélas pour lui, les réquisitions menées par la Sonatel l’ont contredites, parce qu’ils ont montré que c’est l’accusé qui a été le premier à contacter Mouhamed Al Khaïri. En réponse, il a déclaré que le terroriste devait financer son daara. Par ailleurs, l’enquête a révélé que Mouhamed Al Khaïri avait fui la Mauritanie parce qu’il était suspecté d’avoir des relations avec Al Qaida. Pis, l’accusé ne l’a pas rencontré fortuitement dans la rue, mais il l'a hébergé chez lui. Ce, après son retour du Mali avec son neveu. Ce, après avoir caché cette destination aux membres de sa famille. Avant qu'il n'arrive à Gao, il résulte des déclarations de l’accusé qu'il a été prévenu que cette zone était occupée par des terroristes, mais il a continué son chemin avec ce mineur qui l’accompagnait. Téméraire qu’il est, imam Dianko s’est même permis de filmer les entraînements d'enfants enrôlés dans des camps djihadistes, qu’il a montrés à son neveu. 
Comme si les faits qui lui sont reprochées n’étaient pas si graves, Boubacar Dianko, qui ne cessait de rigoler devant le prétoire, a adopté les dénégations systématiques pour se tirer d’affaire, alors qu’il avait expliqué les faits dans leurs moindres détails à l’enquête. «J’ai été abusé par Mouhamed Al Khaïri. Je n'ai jamais pensé faire du djihad au Sénégal et ça n'a jamais été mon intention», clame Boubacar Dianko. Entendu en qualité de témoin, son accompagnateur Ahmadou Bamba Dianko, a dit qu’ils ont quitté le Mali à cause des bombardements de l’armée. Malgré les contestations de Boubacar Dianko, la procureure Adji Fatou Diouf n’a pas été tendre à son endroit, car il a requis les travaux forcés à perpétuité à son encontre. Selon la parquetière, l’accusé ne peut pas devant la barre dire qu'il a été entraîné et qu'il ne savait pas ce qui se tramait. Pour la défense, Me El Hadji Malick Fall et Cie ont demandé son acquittement. Le délibéré sera rendu le 10 avril 2019.
 
 
Fatou D. DIONE