
Que l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) se le tienne pour dit : les opérateurs téléphoniques qu’il a sabrés à coups de milliards, lors de sa dernière décision, ne comptent pas rester les bras croisés. En tout cas pas la Sonatel. Le premier groupe de téléphonie du pays a en effet décidé d’engager le bras de fer avec l’Artp. Dans un communiqué rendu public hier, la Sonatel, qui martèle que les résultats des mesures de l’Artp ne reflètent pas le niveau de couverture réel de ses réseaux, dénonce que «la sanction prononcée dans ces conditions entache toute l’image de l’entreprise et le fait à tort». L’opérateur dit craindre qu’une telle décision cause «un déficit structurel dans ses comptes»
La Sonatel est amère et elle a tenu à le faire savoir. A l’origine de son mécontentement, la dernière décision de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) lui reprochant «des manquements dans la qualité de service» conformément aux obligations contenues dans les cahiers des charges.
Pour rappel, l’Artp a sanctionné les opérateurs de téléphonie que sont Orange, Tigo et Expresso en prélevant une amende équivalent à 3% de leur chiffre d’affaires suite à une campagne nationale de mesures de la couverture et de la qualité de service des réseaux mobiles. Ils devront payer une somme supérieure à 20 milliards de francs Cfa. Orange à lui seul doit payer 16.727.712.422 F.
En réponse, la Sonatel relève que «les résultats des mesures de l’Artp ne reflètent pas le niveau de couverture réel de ses réseaux». «Par exemple, le rapport indique un taux de couverture intérieure 4G de 8% à Dakar, 1% à Fatick, 3% à Saint-Louis, cela signifierait que 9 maisons sur 10 à Dakar n’ont pas de réseau de 4G, 99 maisons sur 100 à Fatick, etc. Au-delà de nos obligations réglementaires, Sonatel a couvert avec une technologie 4G+ l’ensemble des capitales régionales du Sénégal», précise la Sonatel dans un communiqué.
La Sonatel dénonce par ailleurs la décision de l’Artp N°2021-002 du 11 janvier 2021 fixant les conditions et modalités de suivi et de contrôle de la couverture et de la qualité de service, qui vient introduire de nouveaux objectifs de couverture du territoire plutôt que de la population. «Elle rajoute aussi des objectifs de couverture sur la 3G, alors que les obligations de Sonatel dans son cahier de charges portent sur la couverture 4G qui offre largement plus de débit et de confort aux clients, renseigne l’opérateur. Cette nouvelle décision nécessite des investissements additionnels énormes notamment sur les anciennes technologies 2G et 3G, alors que les investissements devraient être orientés sur les technologies du futur, la 4G et la 5G qui sont les véritables solutions pour développer le haut débit et le numérique au Sénégal».
L’opérateur téléphonique estime que «cette nouvelle décision, si elle est maintenue, va engendrer un déficit structurel dans ses comptes et surtout une problématique évidente de rentabilité de ces investissements massifs».
Pour finir, la Sonatel déplore la méthodologie de l’Artp durant tout le processus menant à ces sanctions : «l’autorité de régulation a en effet fait montre d’un certain empressement à franchir les différentes étapes du processus de sanctions sans fournir à Sonatel l’ensemble des faits et constats, sans lui laisser le temps d’analyser en profondeur les éléments reçus et surtout sans prendre en considération les observations formulées par Sonatel. La sanction prononcée dans ces conditions entache toute l’image de l’entreprise et le fait à tort».
Sidy Djimby NDAO