Les étudiants de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz) ne démordent toujours pas après la mort de leur camarade Fallou Sène, pensionnaire de l’Ugb à Saint-Louis. Après avoir manifesté leur colère, mardi, ils sont redescendus dans les artères de la ville, hier. En conséquence, des grenades lacrymogènes ont été jetées dans l’hôpital de la paix et une trentaine parmi les étudiants ont été arrêtés.
Certaines artères de la ville de Ziguinchor étaient infréquentables et invivables hier. Pour cause, les étudiants manifestaient leur courroux après la mort de leur camarade Fallou Sène, étudiant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. En solidarité avec leurs camarades de Saint-Louis, les étudiants de Ziguinchor ont mis la ville sens dessus-dessous, perturbant pendant plus de quatre tours d’horloge la circulation. Cette manifestation d’une rare violence a fait des dégâts collatéraux. Plusieurs commerces ont baissé rideau avant l’heure. De même, les banques, qui avaient été prises d’assaut, ont été contraintes d’arrêter leurs activités au grand dam des sociétaires. «Nous sommes obligés d’arrêter nos activités, car les étudiants et les policiers pénètrent jusque dans les marchés. Et c’est dangereux pour nous commerçants. C’est pourquoi on a fermé en attendant l’apaisement de la situation», déclare Malang Diatta, commerçant au marché Saint Maur de Boucotte. Non loin de là, son collègue d’emboucher la même trompette et de déplorer la violence dont il a été témoin. «C’était une véritable course-poursuite entre les étudiants et policiers. Les étudiants ont brûlé partout des pneus et la fumée a empêché les commerçants du marché de travailler. Ce qui explique que beaucoup d’entre nous ont préféré fermer leurs cantines», narre Moussa Diop, commerçant.
Pour sa part, Lamine Fall, taximan, de raconter le calvaire qu’il a vécu dans la matinée d’hier. «La circulation était perturbée dans plusieurs rues de la ville. Les étudiants et les policiers se faisaient face. Et les étudiants jetaient partout des pierres et des projectiles. Par conséquent, beaucoup de chauffeurs de taxis ont observé un répit le temps que les choses reviennent à la normale», raconte-t-il.
L’institution bancaire qui se trouve au niveau du point Belle Aly n’a pas fonctionné pendant plus de deux heures. Certains sociétaires venus pour effectuer des transactions ont été obligés de rebrousser chemin. Et d’autres ont attendu la fin des hostilités pour passer au guichet de caisse ou accéder au guichet automatique.
Les malades en font les frais
La journée d’hier était très mouvementée dans la ville de Ziguinchor. Même les malades n’ont pas été épargnés. L’hôpital de la paix a reçu des grenades lacrymogènes, qui ont jeté la panique parmi les patients et le personnel sanitaire. «Nous déplorons avec la dernière énergie cette situation. Parmi nos malades, il y a certains qui souffrent d’asthme et d’autres maladies respiratoires. Et voilà que les policiers, qui étaient à la poursuite des étudiants, nous ont largué des lacrymogènes rendant à la limite invivable l’atmosphère dans l’hôpital. C’est regrettable», déplore une blouse blanche. Son collègue pédiatre de corroborer son propos. «Il y a des nouveau-nés dans la crèche et des femmes en travail qui étaient assises dans le hall. Elles ont toutes respiré la fumée des lacrymogènes. C’est une situation que nous déplorons. Nous demandons aux forces de l’ordre et de sécurité d’éviter cette attitude dans le futur. Car, elle pourrait engendrer des conséquences regrettables au niveau des patients qui fréquentent cet hôpital», laisse entendre le pédiatre, après le passage des policiers.
Ahmet COLY
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