Les neuf Thiantacounes qui avaient déposé une demande de liberté provisoire devront encore prendre leur mal en patience. En prison depuis le 22 avril 2013, ces neuf prévenus font partie des inculpés du double meurtre de Médinatoul Salam. Initialement au nombre de 14, les 5, dont le guide des Thiantacounes Cheikh Béthio Thioune, ont pu bénéficier d’une liberté provisoire.
Le procureur, dans son réquisitoire, a sollicité le rejet de la demande de mise en liberté provisoire. A l'entame de ses propos, le procureur Sarr s’est offusqué que la première affaire inscrite au rôle de la première session de la Chambre criminelle du tribunal de Grande instance de Mbour soit celle-là.
Grève de la faim des thiantacounes : le procureur parle de chantage
A propos de la grève de la faim entamée par les prévenus, sous la bannière du collectif des Thiantacounes détenus, dirigé par Cheikh Faye, le procureur considère que c'est une forme de chantage qui peut constituer un dangereux précédent, puisque d'autres détenus peuvent être tentés par le même procédé pour pouvoir être jugés. Cependant, il estime que la demande de liberté provisoire des prévenus est recevable, dans la mesure où, excepté Mouhamed Sène et Khadim Seck, tous les autres prévenus sont domiciliés dans la zone de juridiction. Et il signale que les motivations de la liberté provisoire du guide des Thiantacounes sont différentes de celles formulées par les neuf.
Le Procureur redoute des troubles à l'ordre public s’ils sont libérés
Selon le procureur, c'est grâce à un dossier médical solide que Cheikh Béthio Thioune a pu bénéficier de liberté provisoire. Avant d'estimer que la liberté provisoire des prévenus Thiantacounes peut causer des troubles à l'ordre public. Et que, par conséquent, il rejette la demande de liberté provisoire des Thiantacounes.
Dans leur plaidoirie, les avocats de la défense, Mes Alioune Sène et Faty, se sont offusqués de la présence de l'avocat de la partie civile. Pour Me Faty, l'avocat de la partie civile, même s'il est présent, n'avait pas à prendre la parole, parce que s'il est convoqué par le procureur, c'est juste par pure courtoisie professionnelle mais il n’avait pas à demander le rejet des observations de la défense. Dans le même sens, Me Sène déclare l'irrecevabilité de la demande du conseil de la partie civile qui, selon lui, est dépourvue de toute qualité. Me Clédor Ly, avocat de la défense, avait envoyé des notes de plaidoirie, avec comme conclusion une demande de liberté provisoire des accusés s'il ne sont détenus pour autre chose, car rien ne justifie l'irrespect des principes de l'article 9-3 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose que «...La détention des personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle, mais la mise en liberté peut être subordonnée à des garanties assurant la comparution de l'intéressé à l'audience, à tous les autres actes de la procédure et le cas échéant, pour l'exécution du jugement».
Le juge rejette pour risques de représailles des familles des victimes…
En fin de compte, la Chambre criminelle du tribunal de Grande instance de Mbour a rejeté les demandes de liberté provisoire et les considère comme mal fondées pour les motifs de risques de contact frauduleux avec les témoins, risques de représailles des familles des victimes ainsi que l'absence de garantie sérieuse devant la justice.
Sokhna Khady SENE