C’est dans un livre qui vient de paraitre intitulé «Thiès et les Sérères : Retour à la source» que l’auteur, Jacques Pouye, traditionnaliste, autodidacte, a retracé l’histoire brillante de ses ancêtres Sérères-Noon, de l’émigration à leur implantation. Face à la presse, il est revenu sur, entre autres, l’implantation des Sérères-Noon, l’origine du terme «Noon», mais aussi de «Thiès».
A la suite de la publication de son ouvrage «Thiès et les Sérères : retour à la source», édité par harmattan-Sénégal, Jacques Pouye a fait face à la presse, hier, pour présenter son travail de recherches de 294 pages qui darde ses projecteurs sur les origines du Noon, la migration, l’historique des implantations et cohabitations avec les autres peuples, les luttes d’auto-détermination, entre autres thèmes développés. Ainsi, l’auteur a retracé l’histoire de l’émigration des Noon-Saafi jusqu’à leur arrivée au site stationnaire dit «Filéen», actuel village de Keur Mor Ndiaye. Filéen qui fera naitre plus tard le grand village de Ndiess situé à l’emplacement actuel du marché central de Thiès. En effet, la région de Thiès, dit-il, tire son nom de ce village Ndiess. Après des décennies d’installation, le patriarche Gane Sène, a pris la décision, déclare l’auteur, d’éclater le village du Cangin-Noon pour plus de rayonnement dans la zone et d’avoir beaucoup de terres à exploiter. Ce qui a été à l’origine des villages de Ngoumsane, Peyckouck Sérère, Silmang, Dioung, Wango, Petit-Thialy, Thionakh Sérère, Nguinth sérère, Thiès-Noon, Sapko etc.
Le village de Ndiess devenu Thiès
Poursuivant, l’auteur est revenu sur les péripéties qui ont donné naissance à l’appellation Thiès. «Le chef du Cangin – qui habitait le village de Nguinth – faisait souvent la navette à Rufisque pour se ravitailler en poudre de fusil, alcool, etc. Il s’était, au fil du temps, familiarisé avec les militaires français au point de les inviter dans son terroir. Suite à ces entrefaites, les militaires ont répondu à l’invitation. Une fois dans le Cangin-Noon, en compagnie de Wolofs du Diander qui servaient d’interprètes, puisque les Noon ne parlaient ni le français, ni le wolof, ils ont trouvé le vieux patriarche sous un arbre appelé Ndiess (boscia angustifolia). Lorsque, sur demande des visiteurs, le patriarche Noon a donné le nom Ndiess, ces derniers, ne pouvant transcrire, explique M. Pouye, ont écrit Thiès. Ce qui allait porter le nom de cette vaste région à 70 km de Dakar. Cependant, le déplacement des militaires français dans le territoire Cangin-Noon n’était pas sans conséquences, puisque le patriarche, relève l’auteur, a été taxé de traitre, durant cette période où les colons avaient tout tenté pour venir à bout des Noon. Sans succès !
Le Noon, un ennemi ?
L’auteur du livre «Thiès et les Sérères : Retour à la source» est également revenu sur l’appellation du terme Noon collé aux sérères de Thiès. A l’en croire, le Noon à l’origine serait un Saafi. Ils ont été qualifiés de Noon par les Wolofs au moment où les colons cherchaient à dominer les populations de Thiès se battant contre eux. Les colons étaient toujours vaincus par les Sérères et Faidherbe donna l’ordre de tirer sur les Sérères de Thiès et du Diobass qui résistaient toujours face aux colonisateurs. Suite à ces revers, narre l’auteur, Faidherbe, gouverneur de l’Aof, voulant annexer le Cangin-Noon, demanda de l’aide auprès du Damel Birima Fall du Cayor, à qui il fournit des soldats. En dépit de cet assaut pénible, le roi du Cayor a aussi courbé l’échine face aux vaillants Sérères. C’est ainsi que le Damel Birima écrivit une lettre de protectorat à Faidherbe pour céder l’indépendance aux populations de Thiès. Une lettre qui fut signée par le gouverneur le 17 mai 1858, d’où le qualificatif du terme «Noon» qui veut dire «ennemi des blancs», «ennemi des Wolofs». Auparavant, l’auteur explique que les missionnaires également avaient taxé les Sérères de Thiès de «barbares», de «brigands», entre autres qualificatifs.
Le Noon défendait son terroir contre l’envahisseur
Contrairement à ces qualificatifs teintés de subjectivisme, l’auteur est d’avis que le comportement du Noon était héroïque, dans la mesure où cette communauté défendait son terroir contre l’envahisseur. Ce qui a été à l’origine des combats ayant opposé les Sérères-Noon aux voyageurs, aux commerçants, aux courriers militaires des colons, etc.
M. CISS