
Intervenant sur le thème « Finance verte : comment réussir sa stratégie Esg » à l’occasion de la célébration de l’an 1 du magazine « Le Marché », l'ingénieur énergétique Mbaye Hadj estime que le Sénégal ne devrait pas s’enfermer dans le tout vert et doit profiter de ses ressources naturelles. Une position qui prend le contre-pied des bailleurs de fonds, qui lient les financements aux États à la réduction de Co2. « On connaît les émetteurs, ce n’est pas l’Afrique encore moins le Sénégal », dit-il.
La finance verte, une réponse innovante aux besoins de financement des Etats et des entreprises ? C’est autour de ce thème principal décliné en deux sous-thèmes que l’an 1 du magazine économique et financier « Le Marché » a été célébré, ce week-end, en présence d’experts du domaine. « Intégrer la stratégie Esg (environnement, social et gouvernance) dans une organisation revient pour le top management d’avoir une stratégie qui consiste à s’engager dans une démarche de durabilité. Elle commence par la mise en place d’une politique environnementale, sociale et de gouvernance. Ensuite, sur le point de vue opérationnel, gérer les différents types de risques », a d’emblée indiqué Christophe Thiao, économiste environnementaliste. « La stratégie Esg intéresse tout type d’entreprise. Même les Tpe peuvent avoir une stratégie Esg. Réduire le gaspillage en termes de réduction de la facture d’électricité, de papier ; sur le plan social, comment gérer le personnel, les contrats de travail ; et sur la gouvernance, comment traiter les fournisseurs ; mais aussi mettre en place un comité ou les décisions sont prises de manière collégiale », a ajouté Marième Fall Mané, expert-comptable et Pdg du cabinet G&G. L’enjeu recherché derrière cette stratégie, poursuit-elle, c’est la performance. « Comment renforcer sa performance financière, sociale et son impact dans la communauté. Au niveau des entreprises, on doit avoir la cartographie des risques. On parle souvent de risque business, mais ce risque peut être engendré par les risques environnementaux, climatiques qu’on n’a pas anticipés », explique Mme Mané. Dans la même dynamique, Christophe Thiao de révéler que les banques font des pertes énormes dues aux aspects environnementaux et sociaux.
Réduction de Co2 : on veut nous détourner de l’essentiel
Cependant, il fait remarquer que des efforts sont en train d’être consentis avec le processus d’accréditation de toutes les institutions financières. Seulement, il n’a pas manqué de déplorer la démarche sectaire des acteurs qui, dit-il, doivent se regrouper. « Sous peu, il y a une législation qui sera mise en place et qui va contraindre certaines entreprises d’une certaine taille à passer par des audits énergétiques ou à avoir une certification. Quand ça va arriver, tout le monde va s’aligner sous peine de pénalités », annonce Mbaye Hadj, ingénieur en génie électrique et Dg du cabinet Emc Africa, qui ajoute que la réduction de l’énergie est un aspect important pour lutter contre la réduction de Co2, en plus de permettre aux entreprises de gagner du profit. Revenant sur la réduction de Co2, l’ingénieur en génie électrique se désole de constater que les bailleurs de fonds aient lié nos financements à ces pratiques d'émission de Co2. « Lier la finance de nos pays à la réduction de Co2 pose un gros problème. Quand on parle de Co2, on connaît les émetteurs, ce n’est pas l’Afrique, encore moins le Sénégal. En termes de statistiques, si on devait sortir la part de responsabilité du Sénégal, on mettrait d’abord 0,000 avant de mettre un chiffre. C’est pour dire que notre niveau de responsabilité est très bas. L’Afrique subsaharienne ne pèse pas 1% de la pollution mondiale », rapporte Mbaye Hadj, qui n’a pas manqué d’attirer l’attention des Etats africains sur le fait que les bailleurs ne gèrent que leurs intérêts. En effet, « à l’heure où on parle de JET-P (Just Energy Transition Partnership), le Sénégal ne doit pas s’enfermer dans le tout vert. Les énergies vertes seules ne vont pas développer notre pays. Ce n’est pas possible. Aucun pays ne l’a réussi jusqu’ici », rapporte le Dg de Emc Africa, non sans commenter l’exportation de nos hydrocarbures. « Nos hydrocarbures de Sangomar et de GTA sont en partance pour l’Europe dans des cargaisons et nous sommes là en train de parler de Esg, en particulier de réduction de Co2. Ça pose un problème ! J’ai l’impression qu’on veuille nous détourner de l’essentiel », martèle l’ingénieur énergétique. « Nous ne sommes pas des pollueurs, mais nous subissons les impacts du changement climatique, les inondations et les érosions côtières. L’économie souffre de ces changements climatiques », ajoute Christophe Thiao.
Des innovations avec des hors-séries attendues
« En douze mois, ‘’Le Marché’’ a su s’imposer comme un acteur crédible, respecté et suivi dans le paysage médiatique sénégalais et africain […] ‘’Le Marché’’ a consacré douze numéros à l’analyse approfondie des enjeux économiques et financiers majeurs de notre époque. Avec rigueur et exigence, notre magazine a mobilisé les expertises les plus pointues en économie et en finance afin d’offrir un éclairage pertinent sur les dynamiques qui façonnent nos sociétés », a indiqué le promoteur du magazine, Abdou Diaw. En effet, il est d’avis que le rôle d’un média économique n’est pas seulement d’observer le monde, mais aussi, dit-il, de contribuer à le transformer, en posant les bonnes questions, en réunissant les bons acteurs, en ouvrant des perspectives nouvelles. Cependant, il est persuadé que le chemin à parcourir reste long. « Le monde de l’économie et de la finance évolue, les incertitudes s’accumulent, les marchés financiers internationaux secoués et plus que jamais, le besoin d’une information fiable et indépendante se fait sentir », fait remarquer le journaliste qui annonce des innovations, notamment des hors-séries, des publications, selon maints domaines de l’économie et de la finance.
M. CISS