Ibrahima Diagne, électromécanicien de profession, a été condamné hier devant le tribunal des flagrants délits de Dakar à 3 mois de prison assortis du sursis pour entrave à un culte. À la barre, le père de famille a soutenu avoir allumé sa machine aux heures de prières pour répliquer à la mosquée qui utilisait une radio puissante dont le son faisait peur à ses enfants.
Le comportement de Ibrahima Diagne est un peu étrange. Pour quelqu'un qui se dit fidèle croyant et pratiquant, à chaque fois que les gens de son quartier de Ouakam font leur culte, il perturbait celui-ci. Comment cet électromécanicien s'y prenait-il ? C'est avec une machine industrielle qu'il utilisait dans le cadre de ses activités. Ainsi, chaque fois que l'appel du muezzin résonnait, Ibrahima Diagne allumait cet engin qui provoquait un énorme bruit. Ce qui empêchait les fidèles de pratiquer normalement leur culte dans cette mosquée qui est à côté de sa maison. Fatigué des agissements du père de famille, les gens de son quartier l'avaient une première fois fait convoquer par les enquêteurs devant qui il avait promis d'arrêter. Mais, Ibrahima Diagne n'a pas tenu sa promesse, car il a récidivé. Ce qui a poussé le voisinage à se mobiliser en collectif pour porter l'affaire en justice.
Arrêté puis inculpé pour des faits d'entrave à un culte, il a été jugé hier, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar où il a contesté les faits. À l'en croire, le son de la radio de la mosquée provoque un bruit qui faisait peur à ses enfants. Mais, il a été rappelé à l'ordre par le juge qui n'a pas cru un mot de ce qu'il disait. "Tu ne peux pas augmenter le volume de ta machine industrielle sous prétexte que la mosquée augmente le son de sa radio. Ce n'est pas responsable. Tu as augmenté le volume jusqu'à ce qu'ils fassent un collectif. Il y a un problème", a dit le magistrat à l'endroit de Ibrahima Diagne.
En l'absence des membres du collectif qui l'ont attrait à la barre, le procureur a requis l'application de la loi pénale contre lui. L'avocat du prévenu a révélé que son client n'a jamais empêché les gens de faire la prière. "Il vous a dit avoir porté plainte du fait que l'appel à la prière du muezzin faisait peur à ses enfants. Le seul moyen qui s'offrait à lui, c'est cela. Il a jugé nécessaire de riposter de cette manière. Il a essayé d'agir avec le cœur", a plaidé la robe noire qui a demandé une application bienveillante de la loi pénale contre lui. Au terme des débats, Ibrahima Diagne a été reconnu coupable et condamné à 3 mois de prison assortis du sursis.
Fatou D. DIONE