Ils comptent parmi les grands bailleurs de fonds pour les projets énergétiques en Afrique : la BAD et la BEI ont chacune à leur manière annoncé qu'elles ne financeraient plus de programmes ayant recours à des sources d'énergies fossiles ou au charbon.
Les perspectives sont en train de changer pour le financement des projets polluants. La Banque africaine de développement (BAD) et la Banque européenne d’investissement (BEI), deux institutions incontournables pour le financement d’infrastructures sur le continent, ont fait savoir qu’elles envisagent de ne plus financer de centrales à charbon pour la première, et de projet liés aux énergies fossiles, pour la seconde.
Le projet de centrale à charbon de Lamu au Kenya semble être le marqueur de cette évolution pour la BAD. L’infrastructure, censée fournir 1 095 mégawatts dans l’est du pays, devait être l’une des plus importante d’Afrique de l’Est. Elle était porté par des investisseurs kényans et chinois, mais alors que sa construction devait à l’origine démarrer en 2015, moult oppositions ont aboutie à ce qu’un tribunal environnemental suspende le projet en juin dernier. Et le haut commandement de la BAD vient de lui emboîter le pas.
2022, date butoir pour la BEI
Une position renforcée par son président, Akinewumi Adesina, qui selon la même source affirme que la banque, soucieuse des questions environnementales, se concentre sur les sources renouvelables d’énergie, les projets charbonnés risquant de devenir « des actifs échoués » pour la banque.Concernant la BEI, celle-ci a annoncé qu’elle cesserait de financer de nouveaux projets liés aux énergies fossiles, y compris le gaz, à partir de 2022. Basée à Luxembourg, cette banque de l’Union européenne dont le conseil d’administration est composé de représentants des États membres et de la Commission européenne, a voté jeudi 14 novembre pour sa nouvelle politique d’investissement.
« Nous allons lancer la plus ambitieuse stratégie d’investissement pour le climat de toutes les institutions financières publiques dans le monde », a annoncé son président Werner Hoyer dans un communiqué. Ainsi, jusqu’à 1 000 milliards d’euros d’investissements dans l’action pour le climat et le développement durable pourraient être « débloqués » au cours de la prochaine décennie.
Un virage vers le renouvelable déjà engagé en Afrique pour la BEI
Avec un volume total de 55,63 milliards d’euros de prêts en 2018, l’institution consacrait à l’Afrique un tiers de son activité hors Union européenne, affirmait à Jeune Afrique Ambroise Fayolle, son vice-président chargé de l’Afrique de l’Ouest et du Pacifique, en 2018. Sur le continent, la BEI, qui finance principalement le secteur privé et les grandes infrastructures, s’est engagée à hauteur de 2,64 milliards d’euros en 2017, 3,3 milliards en 2018 et prévoyait de poursuivre dans cette dynamique croissante en 2019.Son choix de ne plus financer de projets utilisant des ressources fossiles ne devrait a priori pas avoir un impact important sur le continent, car parmi les 40 projets africains qui lui ont été soumis en 2019 pour obtenir des financements, aucun n’est lié aux énergies fossiles.