Un traitement discriminatoire et en violation flagrante des droits de l’homme, c’est ce qu’est en train de subir l’imam Alioune Ndao et ses parents, si l’on en croit Me Moussa Sarr. L’avocat de l’imam Ndao fustige avec virulence l’attitude de l’Etat dans cette affaire dite des présumés djihadistes.
Scandalisé. C’est le sentiment qui anime Me Moussa Sarr. L’avocat de l’imam Alioune Ndao fustige avec la dernière énergie le comportement de l’Etat du Sénégal par rapport au dossier dit des présumés djihadistes. A l’en croire, les agents des forces de l’ordre, malgré le fait qu’ils ont érigé leur cordon au niveau du Tribunal, empêchent aux parents de l’imam Ndao et Cie qui viennent de Kaolack d’accéder au palais de justice avec leurs cars «ndiaga ndiaye», même à 500 mètres. En effet, ces derniers, composés pour la plupart de vieilles personnes, sont contraints de descendre du car à hauteur de la Rts et de faire le reste du trajet à pied. Le chauffeur du car «ndiaga Ndiaye», quant à lui, retourne stationner à la gare des baux maraîchers où sont obligés de le retrouver plus tard ses clients. «On permet aux parents des personnes accusées de crime ou de trafic de drogue dure, de viol etc. de venir jusqu’au Tribunal pour assister leurs proches, mais on ne le permet pas à Imam Ndao et les autres, au nom de quoi ? Je considère que ce comportement est attentatoire à la dignité humaine. Il s’agit de vieilles personnes et on les fait marcher de la Rts au Tribunal, c’est pénible ; c’est même une violation flagrante des droits de l’homme», peste Me Sarr.
Pourquoi on leur met des menottes ?
La robe noire, qui dirige le pool d’avocats constitués pour assurer la défense de l’imam kaolackois, fait appel aux associations des droits de l’homme pour dénoncer cet état de fait qu’il qualifie de «scandaleux». Outre ce traitement particulier infligé aux parents des présumés terroristes, Me Moussa Sarr dénonce le fait que ses clients soient mis sous menottes, même lorsqu’ils se présentent à la barre. Déjà, lors de la dernière audience, la robe noire l’avait souligné au président qui avait par la suite ordonné qu’on enlève les menottes. Revenant sur cette situation, la robe noire considère que c’est l’Etat, en réalité, qui est derrière tout cela. «L’Etat est en train de faire un traitement discriminatoire du dossier. Pourquoi on leur met des menottes ? Même en Chambre criminelle, on ne met pas de menottes aux accusés, alors pourquoi eux ? En fait, ce n’est rien d’autre qu’une façon de les humilier, parce que mettre les menottes à une personne devant ses enfants et devant ses talibés (disciples), c’est juste pour l’humilier», déplore l’avocat.
Le 9 avril prochain, l’imam Alioune Ndao et ses coaccusés seront jugés pour les divers crimes pour lesquels ils ont été renvoyés, notamment association de malfaiteurs dans le cadre d’activités terroristes, acte de terrorisme et apologie du terrorisme etc. L’affaire avait été renvoyée pour régularisation, car le juge d’instruction avait omis sur sa liste Mamadou Lamine Mballo et Alpha Diallo.
Alassane DRAME