L’assassinat de Fallou Sène a créé une chaîne de solidarité estudiantine. A Dakar, une voiture de police complètement calcinée ; à Bambey et Ziguinchor, les étudiants sont sortis en masse pour compatir à la perte douloureuse de Mouhamadou Fallou Sène. Le président de la République a activé le procureur pour une enquête. Malick Gakou et Cheikh Bamba Dièye, noirs de colère.
Les événements survenus à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, avec la mort du jeune Mouhamadou Fallou Sène, ne risquent pas de s’en arrêter là. Preuve que l’on est parti pour parler de cette affaire encore longtemps, le président de la République, après avoir présenté pour la circonstance «ses condoléances les plus émues à la famille du défunt et souhaiter un prompt rétablissement aux blessés», dans un communiqué, a «déjà instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités».
Le procureur de la République a même, d’après le communiqué du gouvernement, «déjà diligenté l'ouverture d'une information judiciaire à cette fin et une autopsie est actuellement en cours».
Les organisations de défense des droits humains exigent…
Les organisations de défense des droits humains du Sénégal, qui se sont invitées dans le débat, dans un communiqué, ont fortement condamné cet acte et réclament l'ouverture d'une enquête. «Nos organisations exigent l'ouverture immédiate d'une enquête indépendante pour identifier l'auteur du meurtre de Mouhamadou Fallou Sène et de le traduire en justice», écrivent la Lsdh, la Raddho et Amnesty Sénégal, qui déplorent les retards récurrents dans le paiement des bourses des étudiants, principale cause de la violence dans les universités sénégalaises, appellent l'État à prendre des mesures pour mettre fin à cette situation.
Pour Malick Gackou et Cie, le non-paiement de la bourse des étudiants est la marque la plus vivante de l’incurie du gouvernement face aux inquiétudes avérées de nos étudiants. La mort de l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène, selon eux, est une mort de trop. «Elle traduit à suffisance l’incompétence du gouvernement face à la problématique du devenir de la jeunesse de notre pays». D’où leur appel «à la responsabilité du gouvernement à clarifier les conditions de la disparition de l’étudiant El Hadji Fallou Sène, mais aussi à prendre toutes les dispositions utiles afin que de pareils événements ne puissent plus jamais gangréner la vie de nos universités».
Pour sa part, Cheikh Bamba Dièye rappelle que le 04 avril passé, le gouvernement du Sénégal a fait l'étalage, en grande pompe, d'un arsenal impressionnant de moyens de répression. Aussi, demande-t-il : «Etait-ce une menace voilée contre la volonté constitutionnelle du citoyen de manifester ou pour être convenant des moyens disponibles pour veiller sur notre sécurité ?». pour le leader du Fsd/Bj, tous ces hommes et matériels coûteux, supportés par le contribuable devraient, au moins, nous épargner de l'usage d'armes léthales dans la répression de manifestants. «La mort de l'étudiant Mouhamadou Fallou Sène est inexcusable. Elle est la preuve de plus de l'usage disproportionné de la force partout où il y a besoin de canaliser les mouvements de foule». Avant d’en appeler à la retenue de part et d'autre afin que la lumière soit faite, les responsabilités situées et les auteurs sanctionnés.
Fallou, le quatrième de la longue liste d’étudiants tombés sous les balles
Fallou Sène, tué hier, est le quatrième de la longue liste des étudiants tombés sous les balles des forces de l’ordre dans un campus universitaire. Avant lui, il y a eu Balla Gaye (tué le 31 janvier 2001 à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar), Mamadou Diop (31 janvier 2011 toujours à l’Ucad), Bassirou Faye (4 août 2014). Mouhamadou Fallou Sène, 4 ans après, à l’université Gaston Berger.
Madou MBODJ