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DIAGNOSTIC DES 10 ANS D’APPLICATION DE LA PARITE AU SENEGAL: La non effectivité décriéepar tous, un bilan mitigédégagé



DIAGNOSTIC DES 10 ANS D’APPLICATION DE LA PARITE AU SENEGAL:  La non effectivité décriéepar tous, un bilan mitigédégagé
 
Votée en 2010 mais appliquée pour la première fois lors des législatives de 2012, la parité boucle cette année ses 10 ans d’application au Sénégal.Voilà donc 10 ans que la législation sénégalaise donne aux femmes le droit de siéger à parts égales dans les instances de décision tout autant que les hommes pour les postes électives.Même si tout le monde se félicite de cette avancée,beaucoup estiment que l’effectivité pose problème, mais encore, la parité est à parfaire et à sécuriser.
 
 Après plusieurs années d’âpres luttes, les femmes sénégalaises sont finalement parvenues à avoir gain de cause avec l’entrée en vigueur de la loi sur la parité qui a permis de corriger sensiblement le déséquilibre concernant la représentativité des femmes dans les instances décisionnelles.L’Assemblée nationale a ouvert le bal en 2012 avec 42% de femmes et depuis, beaucoup d’étapes ont été franchies.
 
Zeynab KaneAjs : «la parité a favorisé l’engouement des femmes en politique. Il y avait plus de 100 femmes aspirantes à des postes de maire lors de ces dernières locales»
 
Pour la secrétaire générale de l’Association des femmes juristes du Sénégal (Ajs), la loi sur la parité a eu plusieurs facteurs positifs, dont la reconfiguration du paysage politique.«Elle a favorisé l'engouement des femmes en politique. La preuve, lors de ces dernières locales, il ya eu beaucoup de candidatures à la candidature à la tête des municipalités. Il y avait plus de 100 femmes aspirantes à des postes de maire. Ce sont des retombées assez importantes de l'application de la loi», défend-elle.
Au cours de ces 10 ans d'application de la loi sur la parité, renseigne Zeynab Kane, les femmes ont acquisune certaine confiance, l'assurance d'être élue. Avant la loi, les femmes pouvaient battre campagne aux côtés des hommes sans avoir la chance d'être élues. «J'aime rappeler l'histoire de Soukeyna Konaré qui était une figure très connue du temps de Lamine Guèye avec qui elle a cheminé. S’il yavait la parité, on aurait pu la voir dans les instances de décision. La loi sur la parité a aussi permis d'avoir une représentativité assez importante et c'est un facteur sur lequel on note les États. En 2012 déjà, le Sénégal occupait la 6ème place mondiale du point de vue de la représentativité des femmes dans les instances de décision, dans le rapport de l'Union interparlementaire», fait-elle savoir.
Quant à la performance des femmes qui ont accédé aux instances de décision, Zeynab estime quec’est un aspect qu'il faudra interroger avec beaucoup d'intelligence.«Ce n'est pas parce que l'on amène les femmes à l'Assemblée nationale ou dans les conseils municipaux qu'elles devront être des intellectuelles parfaites.Elles y viennent avec leur statut de ménagères pour certaines, infirmières pour d'autres ou encore avocates.Nous avons besoin de tous ces statuts, de leurs compétencesdiverses», retient la secrétaire générale de l’Ajs, selon quiil ne faudrait pas que l'on soit dans les stéréotypes sexistes. «Onn’a jamais questionné la compétence des élus hommes. Il a fallu attendre l'arrivée des femmes pour se poser des questions relatives à la compétence. A l'Assemblée nationale, les femmes ont toujours été présentes à toutes les séances et cela démontre l'intérêt qu'elles portent à leur travail. Même si toutes les femmes ne participent pas, elles sont toujours en salle. Durant cette législature, elles ont toutes, d'une façon ou d'une autre apporté leur pierre à l'édifice. Nous pouvons en citer beaucoup qui ont tenu le flambeau», assure Zeynab Kane.
 
Toussaint Manga : «les femmes ont montré qu'elles sont à la hauteur»
 
En tant que parlementaire, il est à la première loge pour apprécier l’apport de la parité dans la sphère parlementaire. «Si je devais noter la performance des femmes au niveau des instances de décision, je me réfèrerais naturellement à l'hémicycle où je les côtoie depuis quelques années.Elles ont montré qu'elles sont à la hauteur», fait savoir Toussaint Manga.jÌPour lui, la parité est à parfaire pour son effectivité dans toutes les instances.«Il ya des avancées, beaucoup d'efforts ont été faits depuis son application. Et le plus important, c'est qu'on ne peut plus parler de problème de compétence avec les femmes. Avant, on pouvait brandir l'argument de la compétence, mais maintenant les femmes sont dans tous les domaines. Même les métiers qui étaient réservés aux hommes sont maintenant investis par des femmes. Il arrive très souvent que l'on dénombre plus de filles dans une école que de garçons», soutient le député qui souligne qu’à l'Assemblée,ils sont à moins de 50% à cause des nombres impairs de députés pour certaines localités.
 
Yaye Mané Albis : «si on ne veille pas sur cette parité, nous risquons d’être broyées par les hommes»
 
Après avoir rendu hommage mérité à Me Abdoulaye Wade, Yaye Mané Albis pense que l’applicabilité de la parité pose problème. Selon cette dernière, il est vrai que par rapport à d'autres pays on est en avance, mais à ce stade, la parité devait être effective. «Même si c'est appliqué, il y a l'effectivité qui pose problème. Qu'on le veuille ou pas, il ya des femmes qui sont à la hauteur, qui ont le background politique.Mais si on ne veille pas sur cette parité nous risquons d'être broyées par les hommes. Durant ces dernières locales, la parité a été piétinée impunément dans beaucoup de zones», fait-elle remarquer avant de saluer le courage de certaines femmes qui n'étaient pas investies par leur propre camp et qui ont décidé d'aller à l’aventure seules ou avec d'autres.
«Il ya certes de la capacité, de la détermination, de l'engagement pour beaucoup d'entre nous, mais ça coince toujours.Alors, nous femmes nous devons nous remettre en question. Nous devons voir comment atteindre ensemble les objectifs que nous nous sommes fixés, c'est-à-dire l'application effective de la parité. Nous devons comprendre qu'il n'y a que par la lutte que nous arriverons à obtenir ce qui nous revient de droit», déclare la parlementaire.
Qui pourquit : «Nous devons nous remettre en question pour mieux appréhender notre mission. Comment atteindre la parité effective que ça soit dans l'attelage gouvernemental, à l'Assemblée nationale, dans les lieux de travail ? Ce qui s’est passé lors de l’installation des bureaux municipaux est un facteur qui doit réunir toutes les femmes leaders autour d’un même objectif : la conservation de cet acquis.«Quand il s’agit de droit des femmes, ils se cherchent des subterfuges, mais c’est à nous d’y mettre un terme. La parité a été respectée durant la confection des listes électorales mais quand il s'est agi de mettre en place les bureaux municipaux, beaucoup d'entre eux l'ont vite foulée aux pieds. Un maire ne doit pas avoir comme premier adjoint un homme.Les femmes doivent aller en bloc. On doit mettre de côté les esprits partisans, s'allier pour que la parité soit respectée à tous les niveaux», affirme Yaye Mané Albis qui croit que nous devrions dépasser ce niveau d'application de la parité.
 
Gabrielle Kane :«aussi bien dans le gouvernement que les institutions, on a mis des femmes, mais des femmes qui sont d'une autre époque»
 
Très engagée dans la cause des femmes, Gabrielle Kane, elle, a une autre lecture des 10 ans d’application de la parité au Sénégal. A l’en croire, le Sénégal qui avait posé quelques jalons dans le respect des droits de la femme est en train de régresser. «On peut dire que durant ces 10 ans, il ya eu trois actes dans la législation pour favoriser les femmes : la parité, la transmission de la nationalité par les femmes sénégalaisesà leurs enfants et la criminalisation du viol. Mais, depuis 2021, question de parité et des droits des femmes, le Sénégal a bien reculé ces dernières années. Les dernières élections l'ont d'ailleurs bien démontré. Dans certaines localités, la règle de la parité a été violée sans qu'il n’y ait aucune conséquence», regrette-t-elle.
Si l'Assemblée nationale est l'un des exemples que l'on brandit tout le temps pour chanter les mérites de la parité, Gabrielle Kane estime que la représentativité de la gent féminine n'a pas été respectée à l'hémicycle : la majorité des femmes ont plus de 40 ans donc elles sont complètement dépassées par les questions qui préoccupent les jeunes femmes sénégalaises. «Aussi bien dans le gouvernement que les institutions, on a mis des femmes, mais des femmes qui sont d'une autre époque. Nous allons vers les législatives, alors il faudrait rectifier le tort subi durant ces locales en respectant la parité, mais aussi les droits des femmes. Il faut qu'on arrête de se terrer derrière la question de la compétence des femmes pour justifier tous les coups bas contre elles. Pourquoi la compétence serait une condition pour les femmes alors qu'aux hommes on ne demande rien ?», s’insurge-t-elle. «Si on veut exister dans ce monde des hommes, il faudra que l'on s'en donne les moyens», affirme la jeune féministe qui n'exclut pas de s'engager dans la politique.
 
Imam Amadou Makhtar Kanté : «la participation des femmes à l’hémicycle n’a pas été une valeur ajoutée, même si certaines sortent du lot»
 
Plaçant la parité dans le contexte islamique, Imam Amadou Makhtar Kanté soutient que bien qu’il soit un terme typiquement occidental, l’islam n’a rien contre les principes de justice et d’égalité de dignité entre l’homme et la femme qui fondent la parité.«Dans le Coran, Dieu parle de couple au lieu de parité qui est une notion issue de la modernité occidentale ;mais cela n'en fait pas une mauvaise chose.La présence de la femme et sa participation à l'espace public ne posent pas problème dans l'Islam, ni dans le Coran, ni dans les enseignements du Prophète (PSL)», affirme Imam Kanté. Néanmoins,précise-t-il, c’est le fait d’en faire une règle juridique obligatoire qui peut faire diverger les points de vue.C'est pourquoi, ce n'est pas évident d'appliquer la parité hommes/femmes absolue. Même dans les pays occidentaux où la femme a beaucoup plus de liberté,ils peinent à avoir une parité absolue. «Tout instrument qui promeut la justice et l'équité entre les hommes et les femmes dans une société, est islamique dans son objectif. L'Islam est favorable à l'égalité de la dignité entre les hommes et les femmes», renseigne Imam Kanté.
Au Sénégal, dit-il, les femmes s'intéressent de plus en plus à la chose politique et c'est à saluer, car elles doivent siéger autant que les hommes dans les instances où se contrôlent les politiques publiques. «Mais en termes de participation, je n'ai pas vu une touche féminine différente de ce à quoi nous ont habitué les hommes députés. La présence des femmes dans l'hémicycle n'a pas été à mon avis une valeur ajoutée. Lors de cette législature, par exemple, certaines d'entre elles se sont bien fait remarquer par leur insulte, hors sujet, lors des interventions. Mais il y a à côté d'autres qui sortent du lot, celles-là doivent être encouragées et portées en modèle»,explique-t-il.
 
Mamadou Ndiaye sociologue :«les limites relatives à cette loi sont liées au niveau de conscience et d’engagement des femmes et de leur poids dans leurs partis respectifs»
 
Selon le sociologue Mamadou Ndiaye, grâce à la parité, le Sénégal a vu la proportion des femmes élues doubler. Le 1er juillet 2012, 64 femmes ont été élues à l’Assemblée sur 150 députés, soit 42,7%, ce qui place le pays au sixième rang dans le monde, après le Rwanda (63,4%), Andorre (50%), Cuba (48,9%), la Suède (44,7%) et les Seychelles (43,8%). Ce tournant décisif dans l’histoire du Sénégal est, dit-il,le fruit de la lutte de plusieurs générations, arrivée à maturité.
Pour lui, les impacts de cette loi sont nombreux et variés et parmi eux, il y a l’égalité politique entre citoyens qui prohibe l’expulsion des femmes hors de la sphère publique et promeut la participation effective des femmes dans les instances de décision.L’autre impact, c’est la reconfiguration de l’organigramme interne des partis politiques et/ou instances politiques qui sont obligés d’appliquer le principe de justice et d’égalité entre les individus des deux sexes : c’est l’approche antidiscriminatoire.
Selon M. Ndiaye, l’évaluation de l’application de la loi sur la parité est plus ou moins positive. Elle a permis de prendre en compte des intérêts particuliers du groupe dominé (les femmes).«On constate que la présence accrue des femmes dans les lieux de pouvoir leur a permis de prendre en compte leurs intérêts spécifiques qui ne pouvaient être exprimés par des représentants du groupe monopolisant la représentation (à savoir les hommes) : c’est l’idée d’une meilleure représentation des intérêts des femmes par les femmes», explique-t-il.
Toutefois, l’extension du principe paritaire et les résistances dont elle fait l’objet mettent au jour la hiérarchie des positions dans le champ politique sénégalais. D’après le sociologue, si une parité stricte finit par s’imposer de façon contraignante aux élections, elle ne reste longtemps appliquée que sous forme partielle et demeure purement incitative pour le mandat de député. On constate l’effet d’entraînement aux mandats pour lesquels la loi ne s’applique pas est presque nul et on ne se situe encore résolument que dans la «contrainte paritaire», les logiques du recrutement politique ne se voyant définitivement bousculées que par la force de la loi, et aussi peu que possible.
D’autre part, la mise en œuvre de la parité reste tributaire des «registres de légitimation spécifiques» e l’inclusion des femmes en politique, qui s’appuient sur deux principes, dans la continuité de la revendication paritaire issue du débat public :d’abord, l’universalité de la différence des sexes, ensuite l’idée selon laquelle, face à la crise de la représentation politique, la féminisation des fonctions électives apparaît comme un remède.
Dès lors,poursuit-il, c’est un rôle spécifique qui est attribué à ces nouvelles entrantes en politique. C’est la figure de l’élue au féminin qui est inventée, et c’est avec elle que ces femmes vont devoir composer. La spécificité de ce rôle tient d’abord dans sa sexualisation, opérée par les hommes, et qui se manifeste dans certaines interactions quotidiennes, en public ou en coulisses, relevant parfois de l’injure ou du harcèlement. Mais ce sont également des mécanismes d’auto-exclusion propres aux femmes politiques qui sont pointés ici, notamment en situation de prise de parole en assemblée, et qui entretiennent une domination masculine résistant à la parité numérique.«D’abord, à travers la parité, le Sénégal s’est réveillé avec une nouvelle conscience. Et je pense que les limites relatives à cette loi sont liées au niveau de conscience et d’engagement des femmes et de leur poids dans leurs partis respectifs. Sans la parité, beaucoup de femmes ne seraient jamais élues députés. Et, entre la fidélité au combat des femmes de plusieurs générations et la loyauté à leur parti, elles ont choisi le parti», clarifie le sociologue.
Seulement, se désole-t-il,l’installation du premier bureau de l’Assemblée nationale a révélé les premières limites du mouvement. Les intérêts partisans ont pris le dessus sur celui de toutes les femmes, en tant que groupe social. Par moments, la parité a été capturée par des leaders de partis pour imposer leurs «marionnettes».Ceux et celles qui ont porté la lutte n’avaient pas perdu de vue cette possibilité, affirme M. Ndiaye. Il s’agissait d’installer des règles de jeu justes, pour inciter davantage de femmes à investir l’espace politique et à prendre leur place ; en espérant ainsi ouvrir des perspectives aux jeunes générations pour une plus grande implication en politique.
 
NdèyeKhadyDIOUF
 
 
 
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