Il est toujours bon d’être du côté du pouvoir et les opposants, comme Malick Gakou, l’ont appris, hier, à leurs dépens. En effet, les candidats ont dû batailler ferme pour être parmi les premiers à déposer leurs fiches de parrainage au Conseil constitutionnel. Arrivés vers 23 heures, Aminata Touré et Cie ont tout chamboulé, provoquant une grande bousculade.
Un véritable coup de force, voilà ce à quoi les opposants ont assisté, hier, au Conseil constitutionnel. Alors que l’heure du dépôt était fixée à 00 heures, certains candidats de l’opposition étaient sur place depuis 16 heures, à l’image de Malick Gakou. Le leader du Grand Parti, visiblement décidé, à être le premier à déposer, n’a pas bougé d’un iota. Comme un soldat, ce dernier était suivi du représentant de Ousmane Sonko, celui de Aïssata Tall Sall, avant que le représentant de Pape Diop ne ferme la petite queue. Ainsi, ces derniers étaient entourés de gros bras prêts à bander les muscles au moindre dérapage. Pendant ce temps, la gendarmerie, qui a positionné deux fourgonnettes, surveillait la foule comme du lait sur le feu. Vers les coups de 23 heures, quatre fourgonnettes remplies de gendarmes viennent renforcer la sécurité. Coïncidence ou pur hasard ? En tout cas, c’est le moment choisi par Aminata Touré et sa forte délégation pour faire leur apparition sur les lieux. Presque toute la «république» de l’Apr était sur place : Oumar Youm, Serigne Mbaye Thiam, Aminata Mbengue Ndiaye, Abdou Mbow, Benoit Sambou, Gaston Mbengue, Souleymane Ndéné, Diagne Fada … comme s’ils se sont passé le mot. Ayant attendu tranquillement dans sa voiture que l’horloge sonne minuit, Aminata Touré a décidé de sortir et s’est dirigée vers la porte. L’ambiance devient indescriptible, car Aminata Touré, en compagnie de sa délégation et de quelques gorilles, tente de forcer le passage. Ce que les premiers venus ont refusé, mais c’était sans compter avec la «complicité» de la gendarmerie. On ne sait pour quelle raison, le commandant, s’adressant à Malick Gakou, lui intime l’ordre de descendre une barrière. «Nous sommes tous des Sénégalais, j’ai été le premier sur les lieux et je ne compte pas bouger d’ici…», dit-il, mais, avant qu’il ne termine sa phrase, l’un des gendarmes le bouscule violemment, Gakou perd l’équilibre et s’affale, mais il se relève de suite avec l’aide du représentant de Sonko, qui lui murmure à l’oreille de ne pas lâcher prise. «Toute la presse est là, donc ne baissons pas les bras», soutient l’élément de Sonko à Gakou. Contre toute attente le commandant revient à de meilleurs sentiments et demande aux opposants de se calmer. Sur ce, les gendarmes demandent aux militants de se mettre de côté pour permettre aux mandataires de déposer en toute quiétude.
Toujours « au garde à vous» Malick Gakou et le représentant de Sonko sont encore une fois malmenés par les gendarmes, mais ces derniers n’abdiquent pas. Alors que Aminata Touré attendait tranquillement que les gendarmes lui frayent un chemin, un de ces derniers s’approche du ministre Mor Ngom pour lui chuchoter à l’oreille : «Ne vous en faites pas, vous allez entrer».
Pendant ce temps, Zahra Iyane Thiam tente aussi de forcer le passage, mais les gendarmes la soulèvent, la malmènent avant de la «déposer» du côté des militants. La dame, méconnaissable, sa coiffure mise sens dessus dessous, cherche même ses chaussures et décide de se mettre complètement à l’écart. Vers 00 heures 25, les gendarmes sortent des chaises et font le forcing pour écarter Malick Gakou. Finalement, Aminata Touré sera installée à la première place, suivie du leader du Grand Parti, de Pastef… les élections s’annoncent mouvementées…
Samba THIAM