“Je suis là parce que je suis inquiet quand je vois que l’on va vers une élection qui risque de ne pas être inclusive”, confie Tidjane Thiam, le président du parti ivoirien PDCI-RDA, sur le plateau de France 24. Candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam dit avoir décidé de “parler avec autorité, de devenir président d’un parti politique et d’être un acteur pour éviter que mon pays n’aille à une catastrophe”.
En 2010-2011, les affrontements qui ont opposé le camp de l’actuel président, Alassane Ouattara, à celui de l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo, ont fait plus de 3 000 morts.
Le 17 mars 2025, la Commission électorale indépendante a publié la liste électorale provisoire pour l’élection présidentielle, dans laquelle figure la candidature de Tidjane Thiam. Au titre des absents, l’on compte Laurent Gbagbo, son ancien ministre Charles Blé Goudé, ainsi que l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, en raison des condamnations dont ils font l’objet.
La candidature de Tidjane Thiam sera-t-elle retenue sur la liste définitive ?
“Une élection où des candidats qui représentent des millions d’Ivoiriens ne sont pas représentés, ce n’est pas nouveau”, estime celui-ci. “Mon inquiétude n’est pas par rapport à moi, elle est par rapport au pays”, assure aussi le candidat à la présidentielle.
“Ma nationalité, c’est une diversion”
Depuis plusieurs semaines, une controverse agite pourtant sa candidature. Elle porte notamment sur sa double nationalité : ivoirienne et française. Or, selon l’article 55 de la Constitution, un candidat à la fonction suprême doit détenir exclusivement la nationalité ivoirienne.“J’ai demandé à être libéré de mon allégeance à la France et le processus est en cours”, explique Tidjane Thiam, qui assure “ne pas avoir d’inquiétude de ce point de vue”.
“Ma nationalité, c’est une diversion”, estime le président du parti PDCI-RDA. “On essaie de faire de moi le sujet de cette campagne”, quand selon lui, “le sujet de cette campagne, c’est un bilan de quinze ans de gouvernement, quand on demande à en avoir cinq ans de plus”.
Menaces “quasi-quotidiennes”
Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) dirige le pays depuis 2011. Le parti considère le président Alassane Ouattara, 83 ans, comme son “candidat naturel”, bien que celui-ci n’ait pas officiellement confirmé sa candidature.“Ce qu’on voit, c’est que le RHDP souhaite rester au pouvoir”, commente Tidjane Thiam. Il affirme recevoir “des menaces quasi-quotidiennes” y compris sur sa “sécurité physique”. Interrogé si ces menaces de mort sont proférées par les cercles du pouvoir, il répond qu’elles sont le fait de “personnes autorisées”.
“Je m’en tiendrai là”, dit-il, avant de poursuivre : “On se bat pour que la Côte d’Ivoire soit libérée de la peur”.
France24