Devant le juge de la barre des flagrants délits de Dakar où il a été traîné, hier, par son neveu, Amadou Sène, El Hadj Sène risque 1 an de prison ferme en plus de la somme de 470 millions de dommages et intérêts qu'il doit payer à ses victimes. Poursuivi pour abus de biens sociaux et escroquerie, l'oncle avait détourné 369 millions au préjudice de la société «Sène Bezzera» de ses collaborateurs, le technicien Marcello Bezzera et son neveu Amadou Sène. Il sera édifié sur son sort le 3 avril prochain.
Pour une affaire de business, El Hadji Sène a été traîné, hier, devant les tribunaux par son neveu Amadou Sène. Sur l'origine de leur différend, ces deux antagonistes possédaient respectivement des terrains d’une superficie de 3, 5 et 4 hectares, dans le village de Tawa Fall, dans la commune de Fandène (région de Thiès). Pour les besoins de l'exploitation de son lopin de terre qui abritait un forage, El Hadj Sène a sollicité le technicien agricole Marcelino Bezerra, pour un apport d'expertise. Selon l’accord scellé entre eux, El Hadji Sène devait fournir les moyens nécessaires y compris la réalisation d’un second forage et pour sa part, Marcelino devait gérer le volet technique pour qu’à la fin des récoltes, les bénéfices soient partagés à parts égales. Malheureusement, la plantation de papayes qui a été faite sur le terrain n'a pas généré les fruits escomptés, du fait du manque d'eau. Après cette première expérience malheureuse, Marcelino a requis l’aide de son ami Ahmad Reza Hosseini, qui lui a prêté 100 millions. Ainsi, après avoir expliqué à El Hadj Sène sa nouvelle acquisition, ce dernier a mis à disposition son périmètre ainsi que ses deux forages. Ensemble, ils ont décidé d’élargir leur surface en faisant appel au neveu Amadou Sène qui détenait une superficie de 4 hectares contiguë, en vue d’une association pour mieux produire.
Cependant, avec la construction de l’autoroute Ila Touba, le verger a été impacté par les travaux de l’Ageroute. Et pour avoir une indemnité globale assez consistante pour pouvoir rembourser à Hosseini son financement et acquérir d’autres surfaces pour continuer leur projet agricole, Marcelino est les deux Sène ont décidé de créer une société agricole dénommée «Sène Bezerra» dont le capital est réparti comme suit : El Hadj Sène détenait 48%, Amadou Sène 21% et Marcelino 31%. Les deux premiers nommés ont perçu respectivement les montants de 196.609.000 F et de 14.222.500 F, au titre du paiement des impenses agricoles. C'est ainsi que Amadou Sène a pris 16 millions et Marcelino 9 millions pour régler leurs difficultés financières. Hélas, El Hadj Sène, qui soulignait n'avoir point besoin de fric a, à l'insu de ses associés, retiré 131 millions. Et en ce qui concerne le paiement des impenses immobilières qui s’élèvent à plus de 175 millions, Amadou Sène et Marcelino qui sont majoritaires à hauteur de 52% des actions, ont, avec l'accord d’El Hadj Sène, mandaté un avocat pour que l’Ageroute procède au paiement des sommes directement et exclusivement entre les mains de ce dernier, afin d’empêcher El Hadj d’entrer en contact direct avec les fonds.
Le prévenu El Hadji Sène nie
Nonobstant cette disposition, El Hadji Sène a convaincu ses associés à changer le statut de la société afin qu'il puisse devenir le nouveau gérant statuaire pour une durée illimitée. Ce n'était que de la poudre aux yeux, parce qu'il en a profité pour les berner. Ainsi, il a ouvert un nouveau compte bancaire à la Bicis au nom de la société «Sène Bezzera» avant de détourner l'argent restant en le virant dans le compte de ladite société logé à la Sgbs. Pis, sur le dos de ses associés, il a signé un protocole d’accord avec l’Ageroute consistant à réduire le montant du paiement des impenses immobilières à 100 millions de F, sans leur en dire mot. Malheureusement pour El Hadji Sène, son deal a été découvert. Conséquence, ses collaborateurs ont enclenché des poursuites à son encontre.
Alpagué et inculpé pour escroquerie et abus de biens sociaux, il a nié les accusations qui lui sont faites. Devant la barre des flagrants délits de Dakar où il a comparu, hier, il a servi les mêmes contestations qu’à l'enquête de police. Il a expliqué que les terres impactées lui appartiennent. Il ajoute que Marcelino Bezzera ne lui a pas remis 100 millions pour cette société dont il est l’actionnaire majoritaire. Sur les sommes qu’il a déposées sur son compte Bicis, il déclare qu'elles appartiennent à sa société Cnsa.
Amadou Lamine Sène enfonce son oncle
Partie civile dans cette affaire, Amadou Lamine Sène a indiqué que son oncle et lui ont eu l'idée de créer une société pour qu’ils soient indemnisés. «On a créé l'entreprise "Sène Bezzera" qu'on a déposée à l'Ageroute. On savait qu’il a reçu 196 millions. Il a acheté le forage et quant à moi, j’y ai mis un puits pour nos récoltes. La société ne lui appartient pas tout seul. Et il n'a jamais été question de partager les biens, mais d'investir pour fructifier notre argent dans l’agriculture», souligne-t-il. C'est la même trompette qu'a embouchée son collaborateur, Marcelle Bezzera. Ce dernier a confirmé que sur le compte de la Sgbs, El Hadj Sène a retiré 130 millions sans les consulter. «J’avais emprunté 100 millions à notre bailleur qui me poursuit en justice», révèle-t-il.
La partie civile réclame 419 millions
L'avocat de la société «Sène Bezzera» Me Mamadou Seck, a réclamé 369 millions au prévenu et pour la réparation du préjudice, le montant de 50 millions. Le parquet convaincu de la culpabilité de El Hadji Sène, a conclu que ce dernier est de mauvaise foi. Aussi, il a requis 1 an de prison ferme à son encontre. Délibéré le 3 avril prochain 2019.
Fatou D. DIONE
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