La sentence est tombée contre Mohamed Bâ, le restaurateur qui avait poignardé son employeur Samir Khalil et l’épouse de celui-ci, Norma, propriétaires du Complexe hôtelier le «Croissant magique». Accusé de tentative d’assassinat contre ses employeurs requalifiée en coups et blessures, Mohamed Ba écope de 7 ans de travaux forcés et 15 millions de F Cfa d’amende. Il comparaissait, hier, devant la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance de Thiès.
Les faits remontent au vendredi 10 octobre 2014, lorsque le nommé Mohamed Bâ assène des coups de couteau à ses employeurs, Samir et son épouse Normand Khalil, propriétaires du complexe hôtelier «le Croissant magique». Revenant sur les faits, Samir Khalil déclare que ce jour, il venait de garer son véhicule à l’emplacement habituel. «Je suis resté à bord pour communiquer au téléphone, mais j’avais aperçu Mohamed m’attendant, comme s’il voulait me parler. C’est ainsi que je suis descendu et suis allé à sa rencontre, tout en lui demandant s’il allait mieux. Mais, pour toute réponse, il m’a signifié avoir quasiment perdu sa virilité depuis sa bagarre avec Oumarou, allant même jusqu’à refuser l’argent que je lui avais proposé pour ses soins, au motif que son Dieu est plus puissant». C’est à cet instant précis que l’employeur dit avoir vu son agent s’écarter, «en sortant de sa poche une bouteille de ‘’Bridel’’ dont il avait absorbé le contenu. Au même moment, mon épouse venait vers moi avec une visite et Mohamed m’a surpris en m’assénant un coup de couteau à hauteur du rein droit, avant de s’attaquer violemment à ma dame. C’est en me relevant pour porter secours à celle-ci, qui était déjà à terre, grièvement atteinte, que le mis en cause m’a donné un nouveau coup au niveau des côtes et à la paume gauche, avant d’être interpellé alors qu’il tentait de fuir».Pour sa part, Mohamed Ba, après avoir reconnu les faits, a présenté ses excuses à son ex employeur et à sa femme. Avant de soutenir qu’il n’était pas conscient de son acte au moment des faits et d’affirmer n’avoir aucun différend avec son employeur dans le cadre de son travail. Excepté, souligne-t-il, le fait que son employeur ait refusé de l’embaucher, sous prétexte qu’il n’était pas Sénégalais, après avoir recruté un autre agent de nationalité malienne, travaillant dans le même secteur que lui et avec qui il s’était battu. Mohamed Bâ de déclarer : «depuis ce jour, j’avais des céphalées et faisais des cauchemars toute la nuit». Ainsi, il avait une fois senti une femme lui toucher les parties intimes et depuis, remarque-t-il, «j’avais perdu mes sensations sexuelles». C’est ainsi que Mohamed Bâ avait décidé de rentrer en Guinée pour se soigner mystiquement. Mais c’était sans compter avec son employeur qui le lui déconseilla fermement. De ce fait, d’après sa déclaration, le jour des faits, il avait réitéré à son employeur sa «volonté de rentrer chez lui», mais ce dernier lui rétorque tout simplement qu’il s’en foutait, avant de se jeter sur lui. Mohamed Ba d’expliquer qu’il a riposté avec le couteau qu’il détenait par-devers lui. En ce qui concerne les violences commises sur la dame Norma Khalil, il soutient l’avoir touchée alors qu’il faisait un coup circulaire avec son arme pour échapper à Samir qu’il croyait également armée. Aussi, il a avoué avoir absorbé un insecticide mélangé avec du lait, mais n’avait nullement l’intention de tuer ses employeurs, encore moins de les blesser.
L’inculpé de tentative d’assassinat, qui dit n’être pas conscient des faits, soutient que son patron Samir voulait le transformer en homosexuel, «pour m’avoir fait consulter par un de ses cousins médecin qui m’avait fait une injection et prescrit des comprimés qui, depuis lors, semblaient amoindrir ma virilité», argue-t-il. Toujours dans ce sens, il déclare «avoir un jour refusé sa demande d’entretenir des relations sexuelles avec lui» .Or, il dit ne plus se souvenir des «circonstances» dans lesquelles il avait poignardé son patron et son épouse. La dame Norma Khalil, elle, soutient que l’agression était «si rapide et violente» qu’elle s’était évanouie et, «vu la gravité de mes blessures, j’ai subie trois interventions chirurgicales, une à la clinique Conception à Thiès, deux autres en France». Elle indique qu’elle été en «soins intensifs pendant quarante jours» et n’avait point de «doute quant à la volonté du mis en cause d’attenter à sa vie et à celle de son époux, Samir»
Pour la dame Norma Khalil, les documents médicaux font état d’une plaie thoracique avec effraction pulmonaire gauche ayant entrainé un hémo-pneumothorax de grande abondance, ainsi qu’une plaie superficielle du bras gauche. Pour son époux, Samir Khalil, d’une plaie basithoracique gauche non pénétrante de 2cm hémorragique, une plaie de la région lombaire d’environ 5cm sans lésion viscérale et une autre plaie superficielle de l’avant-bras droit. La dame s’en est sortie avec une incapacité totale de travail de 30 jours, son mari, avec 15 jours.
Apres le réquisitoire de l’Avocat général, Abdou Khadre Diop, qui a demandé la perpétuité, le président de la Chambre, Samba Ndiaye, a disqualifié la tentative d’assassinat, l’a condamné pour coups et blessures et prononcé la peine de 7 ans de travaux forcés et 15 millions de F Cfa d’amende contre Mohamed Bâ.
Sokhna Khady Sène