Après le séisme dévastateur survenu en Haïti, en 2010, l’Ong «Oxfam» a dû intervenir pour apporter son soutien aux populations. Seulement, certains membres de cette mission sont rattrapés par des accusations d’actes blâmables avec des prostituées mineures. L’annonce a été faite par le journal britannique «The Times» la semaine dernière. Ainsi dans son article, «The Times» a révélé que sept membres d'Oxfam ont été accusés de conduite répréhensible : ils auraient fait appel à des prostituées mineures. Oxfam a tenté de régler l’affaire à l’interne. Selon toujours le quotidien «The Times», Oxfam n’a pas voulu ébruiter l’affaire parce qu’il se trouve que des faits similaires se seraient déroulés en 2006 au Tchad. L’instruction d’une enquête interne a abouti au licenciement de quatre personnes et trois autres ont été autorisées à démissionner. Les autorités de l’Ong ont pensé avoir fini avec cette histoire, mais le scandale a refait surface ce 13 février, avec de nouvelles accusations d’une ancienne cadre britannique d’Oxfam faisant état de viols, et tentatives de viols au Soudan du Sud, ainsi que des tentatives d’agressions sexuelles sur des mineures isolées en Grande-Bretagne.
La Commission européenne menace Oxfam de cesser ses financements
Dès qu’elle a pris connaissance du dossier, la Commission européenne a fait une sortie pour demander aux dirigeants d’Oxfam de faire la lumière sur cette affaire, sans quoi elle mettra fin à leur collaboration. «Nous sommes prêts à cesser les financements aux organisations qui ne respectent pas les règles d’éthique», a annoncé un porte-parole de l’exécutif européen, qui est en charge des importants financements accordés par l’Union européenne au titre de l’aide humanitaire. Suite à la menace de la Commission européenne, la Directrice générale adjointe de l'Ong a annoncé sa démission. Dans un communiqué, Penny Lawrence explique : «en tant que directrice du programme à l'époque, j'ai honte de ce qui s'est déroulé sous ma direction et j'en prends l'entière responsabilité».
Ambassadeur international de Oxfam, Baba Maal démissionne
Baba Maal n’a pas aussi tardé à se dissocier d’Oxfam. «Ce qui est arrivé est dégoûtant et déchirant. C'est très triste. Les personnes vulnérables, en particulier les enfants, devraient toujours être protégées. En tant que tel, je me dissocie immédiatement d'Oxfam», a fait savoir le chanteur sénégalais au média anglais BBC.
C’est en mai 2012 qu’Oxfam a décidé de faire de Baba Maal son ambassadeur international. Le chanteur avait, juste après sa désignation, appelé le monde à agir en faveur de l’Afrique de l’Ouest. En octobre 2013, Baba Maal et un collectif de musiciens de plusieurs pays d'Afrique ont appelé les chefs d'Etat africains à tenir leurs promesses faites 10 ans plus tôt à Maputo. En février 2012, Baba Maal s’est rendu avec Oxfam dans la région de Gorgol en Mauritanie où il a découvert la dure réalité à laquelle étaient confrontées les communautés alors frappées de plein fouet par la crise alimentaire au Sahel. Baba Maal partage ce poste d’ambassadeur de l’Ong international avec d’autres célébrités à l’image d’Angélique Kidjo, d’Annie Lennox, de Bill Nighy ou encore de Desmond Tutu.
Oxfam reconnaît les faits et précise
A travers un communiqué publié le 10 février 2018, Oxfam affirme prendre particulièrement au sérieux toute suspicion d’écarts aux valeurs de l’organisation. «Dès qu’on a été informé d'une série d'allégations, y compris des comportements sexuels inappropriés en Haïti en 2011, Oxfam a lancé une enquête interne. Cette enquête, qui a confirmé certaines allégations, a été rendue publique dans des communiqués de presse les 5 août 2011 et 5 septembre 2011», ont précisé les dirigeants de l’Ong qui précisent par ailleurs que parmi les employés concernés, quatre ont été licenciés tandis que trois autres, dont le directeur d’Oxfam en Haïti, ont quitté l’organisation avant que les conclusions de l'enquête ne soient publiées. Selon le communiqué, la priorité d’Oxfam est de soutenir pleinement les victimes et les témoins d’actes répréhensibles et de s’assurer que de tels comportements soient bannis de l’organisation. «Nous condamnons fermement toute forme d’exploitation et d’abus en particulier à l’encontre des femmes et des jeunes filles. Le fait que les événements rapportés aient eu lieu il y a sept ans et n’implique qu’un nombre limité de membres du personnel, n’atténue en aucun cas notre attention. Nous devons au contraire redoubler de vigilance», ont-ils fait savoir avant d’assurer leur engagements à poursuivre leur de travail dédié à la prévention des cas de harcèlement, d’exploitation et d’abus sexuels.
Ndèye Khady D. FALL