La famille de Idrissa Goudiaby, qui s’attend surement que justice soit rendue à son enfant, peut d’ores et déjà déchanter. Car, l’orientation de l’enquête n’est pas pour chercher un coupable. En effet, selon nos informations, le procureurde la République près le tribunal de grande instance de Ziguinchora ouvert une information et a confié le dossier au juge d’instruction de Ziguinchor. Seulement, dans son réquisitoire introductif, le chef du Parquet n’a visé aucune disposition du code pénal. Aucune infraction n’est visée. Il a demandé au magistrat instructeur de chercher… les causes du décès du défunt taximan.
D’ordinaire, les parquets nous ont habitués, en faisant leur réquisitoire introductif, à viser des infractions pénales avant de requérir l’inculpation de telle ou telle personne ou de déterminer X. Mais, pour l’affaire Idrissa Goudiaby. Il n’y a rien de tout cela. C’est un réquisitoire tout à fait particulier qui a été transmis au juge d’instruction. En effet, l’on nous apprend que les enquêteurs ont fini leur travail et ont remis leur rapport au procureur de Ziguinchor qui se devait d’engager des poursuites. Et en lieu et place des poursuites, c’est un réquisitoire presque vide ou plutôt qui tombe de sens qui a été servi au magistrat instructeur. En ne visant aucune infraction pénale et en indexant personne, le chef du Parquet de Ziguinchor limite les investigations du juge d’instruction, mais épargne également les supposés responsables de la mort du défunt taximan, notamment les gendarmes qui ont été indexés par la partie civile et les témoins. Est-ce la volonté du procureur de protéger ses hommes ? Cela y ressemble fort. Car, il est de notoriété qu’un rapport d’autopsie a été remis au procureur, dans lequel les experts ont conclu clairement à une mort par balle. Pourquoi alors le juge d’instruction devrait-il encore rechercher des précisions sur les causes du décès, déjà connues ? Selon nos sources le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ziguinchorn’a visé que des dispositions du code pénal relatives à l’enquête préliminaire.
Aucun membre des forces de l’’ordre auditionné
Il y a pire, car, toujours dans cette procédure, l’enquête préliminaire n’a pas été exhaustive. Il nous revient que lors de l’enquête, les agents enquêteurs n’ont entendu que la partie civile, les témoins, les médecins, et c’est tout. Quid des gendarmes qui ont été sur le terrain et sur le théâtre du drame ? Ces derniers, nous souffle-t-on, n’ont pas été entendus. Du coup, aussi bien devant les enquêteurs que devant le procureur, ils ont été écartés de la procédure.
Pourtant, faut-il le souligner, lorsqu’Idrissa Goudiaby tombait sur le lieu des manifestations, il était à côté d’autres personnes qui ont déclaré avoir vu les gendarmes tirer. Une douille a été retrouvée près du corps et mieux l’autopsie a révélé que le taximan a été tué par balle. Autant d’éléments qui devraient permettre au Parquet de demander au juge d’instruction de chercher qui a tué Idrissa Goudiaby.
Alassane DRAME