Depuis quelque temps, le poisson est devenu une denrée très prisée et rare sur les étals des marchés de Ziguinchor. Les prix varient entre cinq et six mille le kilogramme. Les mareyeurs et femmes commerçantes se renvoient la balle de l’augmentation du prix du kg.
L’écrasante majorité des familles ne mange certainement pas du bon poisson au déjeuner. Et les mets sont très pauvres en espèces nobles. La raison, ces espèces nobles sont devenues très chères et le prix du kilogramme n’est pas à la portée de n’importe quelle bourse.
Jadis connue pour les nombreuses variétés de poissons qui y sont débarquées et leur prix acceptable, Ziguinchor est devenue une ville très chère. Et ses populations ne mangent plus les gros poissons pêchés dans leur localité, faute d’argent. C’est la classe «nantie» qui profite de cette situation. Alors que populations, marchandes et mareyeurs se rejettent la balle.
Au marché Saint Maur, l’un des plus fréquentés, les femmes à bourse moyenne ont toujours du mal à faire leur choix. En cause, elles ne détiennent pas les moyens leur permettant de s’approvisionner en bonne qualité, à savoir le mérou et autres variétés. «Nous voulons acheter du bon poisson. Mais, malheureusement, ils sont très chers. Et on n’a pas beaucoup d’argent pour en acheter. Les commerçantes doivent revoir le prix des poissons. Tout est cher dans cette ville. Les gros poissons sont intouchables pour nous populations à faibles revenus», déplore Aminata Faye, femme au foyer, rencontrée au marché Saint Maur.
A côté d’un étal de poissons, Fatou Sonko, en plein marchandage, nous signale que les prix varient entre deux, trois mille jusqu’à cinq mille. «Ce qui coûtait deux mille se vend maintenant trois mille. Et les tas de trois se vendent à quatre voire cinq ou six mille francs Cfa», explique-t-elle. «Depuis quelque temps, nous avons remarqué à Ziguinchor que les espèces nobles ne sont pas à la portée de n’importe qui. C’est la classe nantie de Ziguinchor qui en profite. Mais, les familles démunies, malheureusement, n’ont pas accès à cette denrée. Elles ne se contentent que de menu fretin», déplore-t-elle.
Pour les femmes commerçantes, le problème se situe au niveau des mareyeurs, qui ont subitement augmenté le prix de la bassine de poisson. «On achète la bassine à soixante-dix mille, alors qu’avant, c’était cinquante ou soixante mille. Ce qui fait qu’à notre niveau, on a renchéri le prix pour s’en sortir», se justifie Mouskéba Mané, vendeuse de poissons au marché Nguélaw de Ziguinchor.
Balayant d’un revers de main ces explications des marchandes, les mareyeurs soutiennent que cette hausse du prix du poisson est due à la rareté des produits halieutiques. Aussi, à la cherté de la licence de pêche au niveau de la Guinée-Bissau. Pour Alioune Ndiaye, mareyeur au marché au poisson du port de Ziguinchor, l’Etat du Sénégal doit aider les acteurs de la pêche à trouver du matériel à bas prix. Et négocier avec la Guinée-Bissau pour réduire le coût de la licence de pêche. «Nous voulons que tout le monde mange du poisson de bonne qualité. Nous sommes là pour les populations. Elles ne doivent pas se plaindre pour la cherté des prix. Mais, il se trouve que les temps sont durs. Le poisson devient de plus en plus rare. Le matériel de pêche très cher, non sans compter la licence de pêche qui coûte cher», laisse entendre Alioune Ndiaye, mareyeur à Ziguinchor, justifiant la cherté du poisson dans la capitale du sud.
Ahmet COLY