Lors de leur conférence de presse d’hier, les députés de l’opposition sont aussi revenus sur les motivations qui les ont poussés à engager une requête contre la proposition de loi de Amadou Ba devant le Conseil constitutionnel. Très confiants par rapport à la réponse du juge constitutionnel, ces derniers assurent avoir pris toutes les dispositions pour procéder à ce recours dans les conditions fixées par la loi.
Le groupe parlementaire de la majorité aura maintenant affaire à un bloc soudé du groupe Takku-Wallu et de députés non-inscrits. Après s’être entendus sur le dépôt d’un recours signé par les deux groupes, ils ont fait face hier aux journalistes pour expliquer leurs motivations.
Ainsi, revenant sur le recours déposé devant le Conseil constitutionnel, Mbaye Dione affirme qu’il y avait 23 signataires mais actuellement ils ne sont pas loin de la trentaine. Ce dernier soutient qu’ils ont déposé le mardi 8 avril, au greffe du Conseil constitutionnel, une requête visant à déclarer inconstitutionnelle la loi portant interprétation de l’amnistie de 2024. Il s’agit d’une initiative parlementaire signée par 23 députés de l’opposition dont 13 de la coalition Takku-Wallu et 10 non-inscrits, alors qu’il fallait un minimum de 17 signataires.
Le député assure qu’avec l’aide de leurs conseils, ils ont pris toutes les précautions d'usage pour procéder à ce recours dans les conditions fixées par la loi à cet effet. «Il appartient désormais au Conseil constitutionnel, seul à même, de dire le droit, de fixer le peuple sénégalais au nom duquel cette loi dangereuse a été adoptée par la majorité mécanique de la représentation nationale. Nous faisons confiance au juge constitutionnel quant à l'impératif attaché à sa vocation de dire le droit, surtout en ces moments lourds de dangers, où la vendetta subjuguée par une clameur populiste tend véritablement à se substituer à la justice. En tant que citoyens, nous faisons confiance à la justice sans estimer que cela nous donne le droit de mettre la pression aux magistrats», déclare Mbaye Dione.
«L’interprétation de Pastef instaure une justice à deux vitesses»
En effet, dit-il, «nous considérons cette loi nulle et non avenue, dans la mesure où elle obéit à une logique visant à consacrer une justice non seulement sélective, mais entièrement instrumentalisée contre des coupables triés sur le volet d'une clameur. L’interprétation de Pastef constitue sans doute une rupture d’égalité et instaure en même temps une justice à deux vitesses».
Ainsi, elle établit, si l’on en croit M. Dione, «une hiérarchie au sein des justiciables qui place au sommet de la pyramide de l'impunité les militants d'un projet dont les premières senteurs portent les effluves d'un dessein funeste de destruction de notre commun vouloir vivre-ensemble».
Pire, poursuit-il, «cette loi, telle une chape de plomb, suspend au-dessus de nos forces de défense et de sécurité, orfèvres inlassables et vaillants garants de notre paix sociale, une présomption de culpabilité, selon que le narratif des clameurs populistes les charge et/ou les décharge des crimes, délits et infractions retenus contre eux, par les fédayins du projet».
«La saisine du Conseil constitutionnel n'est que le début d’un long combat contre cette loi scélérate»
D’après le député, par cette démarche républicaine de saisine du Conseil constitutionnel, ils estiment aussi que cette loi interpelle la conscience historique et collective de tous et, donc, dépasse les parlementaires et représentants du peuple qu’ils sont. «il revient à tout citoyen sénégalais d'interroger sa conscience historique, si tant est que nous soyons soucieux des valeurs cardinales de droiture et de justice dont nous avons hérité de nos aînés et se demander s'il accepte que cette scélératesse soit adoptée en son nom», estime Mbaye Dione avant d’ajouter : «alors seulement, nous conviendrons tous, en tout cas pour ceux qui estimeront que cette hérésie ne devrait jamais figurer dans le corpus juridique de notre dispositif législatif et réglementaire, que la saisine du Conseil constitutionnel n'est que le début d’un long combat contre cette loi scélérate et non pas une fin».
Nd.Kh.D.F