Le Quotidien «Le Soleil» a donné en exclusivité l’information dans son édition d’hier. Mais le sujet est tellement important que «Les Echos» a creusé pour en savoir davantage. LeSénégal est-il passé à côté du pire le 17 juin dernier ? La question mérite d’être posée alors que des informations qui nous sont parvenues font état de personnes qui planifiaient des actes en vue de compromettre la sécurité publique et occasionner des troubles politiques graves dans le cadre de la manifestation projetée par la coalition Yewwi Askan Wi. En effet, des investigations qui ont été effectuées ont conduit à plusieurs arrestations et à la découverte d’un arsenal comme des cocktails Molotov, des fusées fumigènes, des masques à gaz, des lunettes de protection oculaire, des armes blanches, un révolver factice ou encore des herses destinées à crever les roues des véhicules des forces de défense et de sécurité. Les renseignements ont également permis d’arrêter des personnes qui faisaient partie des organisateurs «des émeutes du mois de mars 2021» et montrent que des personnes établies en Europe répondant au nom de Akhenaton et de Max Kilumati ont envoyé de l’argent à des personnes arrêtées pour financer ces activités. Parmi les cibles de ces personnes dont certains appartiennent à un groupe appelé «Force spéciale» : la centrale électrique du Cap des biches, les intérêts français et des domiciles de certaines autorités de l’Etat.
Les forces de l’ordre et de sécurité ont évité au pays une catastrophe certaine. En effet, un travail de renseignement qui a été fait en profondeur a permis l’arrestation de personnes qui planifiaient des actes en vue de compromettre la sécurité et à la découverte d’un arsenal digne de celui d’une guérilla urbaine. Des arrestations et découvertes qui font froid dans le dos.
En effet, le 16 juin 2022, le nommé B. Ba soudeur, domicilié à Grand-Yoff, a été interpellé à son atelier sis au parking du stade Léopold Sédar Senghor. Il a été trouvé sur les lieux des centaines de herses qu’il avait déjà confectionnées. Interrogé, il a déclaré qu’il a été recruté par le nommé P. O. Seck qui lui a demandé de confectionner ses outils. Cette même nuit, aux environs de 21h, à la suite d’une réunion qu’il avait tenue à Grand Médine avec O. Seck pour les besoins de la préparation de la manifestation, le nommé P. M. Seck (38 ans), domicilié à la cité Aliou Sow, a été interpellé.
F. Mancabou devait développer des stratégies d’attaque contre les forces de sécurité
Le lendemain, 17 juin 2022, à 07h, les policiers ont procédé à l’interpellation du nommé F. Mancabou, alias Vieux gradé, agent de sécurité, domicilié à Ouest Foire. Interpellé à son domicile, il a été trouvé par-devers lui une arme à feu de type Walther, calibre 22 LR avec des munitions. Son rôle consistait à développer des stratégies d’attaque contre les forcesde sécurité.
Des cocktails Molotov, masques à gaz, lunettes de protection oculaire… découverts à Rufisque
Le même jour, il a aussi été procédé à l’interpellation à Rufisque de trois personnes à bord d’un véhicule de type Peugeot 307. Il s’agit de M. Guèye, agent de sécurité, B. Ndao éleveur et A. Ndiaye. La fouille du véhicule a permis la découverte d’un arsenal composé de 27 cocktails Molotov, 20 bouteilles contenant des produits chimiques nocifs, 59 bouteilles pour la fabrication de cocktail Molotov, 9 fusées fumigènes, 6 masques à gaz, 5 lunettes de protection oculaire, de masques de protection, d’armes blanches, d’un révolver factice, de herses destinées à crever les roues des véhicules et de sacs contenant des morceaux de tissus destinés à la fabrication des cocktails Molotov.
Et ce n’est pas tout puisque le 18 juin 2022, à 21h, il a été procédé à Almadies 2, dans le département de Rufisque, à l’interpellation du nommé A. Drame, d’A. Kader et de S. Ndao. Ces personnes faisaient partie des personnes qui confectionnaient les cocktails Molotov à Rufisque.
La centrale électrique du Cap des biches, les intérêts français et les domiciles de certaines autorités de l’Etat ciblés
Le 19 juin, à 20h, O. Seck et A. A. Niang ont été interpellés à la plage de la Bceao. Selon les renseignements, ils faisaient partie des organisateurs des émeutes du mois de mars 2021. Ils financent aussi les activités après avoir reçu des fonds provenant de Akhenaton et de Max Kilumati, établis en Europe.
Interrogé, M. Guèye soutient qu’il fait partie du groupe «Force spéciale» dirigé par un nommé Boubacar sans autre précision. C’est lui qui a confectionné ces produits explosifs composés d’essence, d’acide et d’eau de javel mélangée avec de la moutarde pour créer un effet explosif. L’exploitation de son téléphone portable a permis de savoir qu’ils prévoyaient de s’attaquer à la centrale électrique du Cap des biches, aux intérêts français et aux domiciles de certaines autorités de l’Etat. Selon toujours les enquêteurs, ils avaient déjà planifié des actes de destruction de biens publics bien avant même la manifestation non interdite du 8 juin 2022.
Des herses destinées à bloquer les véhicules des forces de l’ordre
M. Guèye a aussi renseigné que c’est O. Seck qui lui a remis des herses qui étaient destinées à bloquer les véhicules des forces de l’ordre pour empêcher leur progression. Sur ces indications, il a été procédé à l’interpellation du nommé I. Diedhiou, de A. Badara et de S. Coly aux Hlm Rufisque. Le susnommé avait participé à la confection des substances explosives au domicile de O. Diouf à Rufisque.
Ils sont gardés à la Sureté urbaine pour des faits de complot contre l’autorité de l’Etat, acte de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs en vue d’organiser des bandes en leur fournissant des armes, munitions dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique, détention illégale d’arme à feu.
Sidy Djimby NDAO