Revoir les anciennes pratiques de manière à être plus humains et moins mécaniques dans la gestion des libertés. C’est l’appel lancé aux chefs de parquets par le bâtonnier de l’Ordre des avocats. Me Mbaye Guèye a aussi déploré les lenteurs dans la mise en œuvre et l’application de la mesure communautaire, relative à la présence de l’avocat dès les premières heures de la garde-à-vue.
Le bâtonnier de l’Ordre des avocats a pris part et la parole, en tant qu’invité, à la Conférence annuelle des chefs de parquets ouverte hier. Me Mbaye Guèye n’a pas caressé les procureurs dans le sens du poil. En effet, il les a appelés à «être plus humains et moins mécaniques dans la gestion de la liberté», et à «faire attention aux sentiments d’absence de liberté ou d’injustice». Pour Me Guèye, qui pense que les hommes de droit doivent être «plus regardants sur la liberté du citoyen», il est nécessaire aujourd’hui de se demander «si les pratiques anciennes doivent être maintenues lorsqu’on parle de liberté de la personne». Mais, quoi qu’il en soit, il est convaincu qu’il faut «rétablir l’équilibre dans la balance», car «le Sénégal, pays de droit, ne doit pas se faire rattraper, alors que les autres pays travaillent dans le sens d’améliorer les libertés». En cela, il a mis en garde les chefs de parquets : «Le peuple vous écoute, j’en suis persuadé».«On ne peut pas envoyer une personne en prison sans l’entendre ou entendre son avocat»
Sur la question de la présence de l’avocat dès le début de la garde-à-vue, consacrée par l’Uemoa, l’avocat en chef déplore le fait que le Sénégal soit resté en rade, avec une absence de législation nationale. «Il y a quelque temps, existait un projet de loi pour la présence de l’avocat à la garde-à-vue, mais le parquet a marqué une opposition véhémente que je n’ai pas comprise du tout», fustige l’avocat. Un refus si incompréhensible pour lui que «c’est un projet qui devait améliorer les conditions de garde-à-vue», selon Me Mbaye Guèye. Qui explique : «Une visite dans un poste de police, une brigade de gendarmerie ou une prison, permet de se rendre compte que cela n’est pas évident d’être dans une posture de détenu. On ne peut pas envoyer une personne en prison sans l’entendre ou entendre son avocat, c’est un minimum».
Mbaye THIANDOUM