Alors que le Réseau gazier du Sénégal (Rgs) prépare le lancement des appels d’offres pour la construction du gazoduc Nord, l’entrepreneur sénégalais Pierre Karim Ly interpelle les parlementaires sur la nécessité d’assurer une implication significative des entreprises locales. Ce projet stratégique, destiné à acheminer le gaz de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) vers les régions de Saint-Louis et Louga, suscite des attentes énormes, mais aussi des interrogations sur le respect des principes de patriotisme économique et de transfert de technologie.
Le projet du gazoduc Nord, porté par le Réseau gazier du Sénégal (Rgs), suscite à la fois espoir et débats. L’initiative, visant à relier les champs gaziers de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) aux régions de Saint-Louis et Louga, promet d’être un tournant dans l’exploitation des ressources énergétiques sénégalaises. Cependant, les interrogations sur la place des entreprises locales dans ce chantier colossal ravivent le débat sur le patriotisme économique.
Le 7 janvier 2025, les équipes du Rgs, accompagnées des autorités administratives et des représentants du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines (Mepm), ont organisé une visite du tracé onshore du gazoduc. Long de 40 kilomètres, ce tronçon représente une étape clé dans le processus d’appel d’offres lancé pour sélectionner l’entreprise d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (EPC) qui réalisera les travaux.
Lors de cet événement, le Directeur général du Rgs, Pape Momar Lo, a souligné l’importance capitale de ce projet pour l’économie sénégalaise, notamment en matière de réduction des coûts de l’électricité et de transition énergétique. Il a insisté sur la nécessité d’une exécution rigoureuse, transparente et conforme aux normes environnementales et sociales.
Pierre Karim Ly appelle à protéger les entreprises locales
Malgré l’enthousiasme autour du projet, Karim Ly, entrepreneur sénégalais ayant travaillé dans le monde des finances, a interpellé les parlementaires sur la nécessité d’assurer une réelle implication des entreprises nationales. Dans une publication adressée notamment au député Amadou Ba, il a appelé à une mobilisation pour garantir que les acteurs locaux bénéficient des retombées économiques du gazoduc.
M. Ly, qui précise parler en tant que simple citoyen, a souligné que ce projet, l’un des plus ambitieux du quinquennat, doit inclure des clauses favorisant d’abord la participation des entreprises sénégalaises, ensuite le transfert de compétences et de technologies et enfin une transparence totale dans le processus de sélection des prestataires.
Selon lui, l’exclusion des entreprises nationales du projet serait une occasion manquée de développer l’expertise locale et de renforcer la souveraineté économique du Sénégal.
Cependant, dit-il, les entreprises sénégalaises qui souhaitent participer au projet doivent se déclarer dès maintenant afin de collaborer avec des groupes étrangers soumissionnaires au moment des appels d’offres. Selon lui, ce serait une injustice que le groupe ou le consortium qui remportera le marché soit obligé à ouvrir son capital à des entreprises sénégalaises au nom du patriotisme économique.
Un enjeu national : le patriotisme économique
Cette interpellation intervient dans un contexte où le Sénégal, comme d’autres pays africains, cherche à équilibrer l’implication d’acteurs étrangers dans ses grands projets avec la promotion des capacités locales. La loi sur le patriotisme économique, portée par l’Assemblée nationale, vise précisément à répondre à ces préoccupations.
Les parlementaires pourraient jouer un rôle crucial en exigeant des garanties de contenu local dans les contrats du gazoduc Nord. Cette démarche permettrait non seulement de maximiser les retombées économiques pour les entreprises sénégalaises, mais aussi d’ancrer ce projet dans une dynamique de développement durable et inclusif.
Un projet à suivre de près
Alors que les appels d’offres sont sur le point d’être lancés, la question du rôle des entreprises locales reste centrale. Entre espoirs de transformation énergétique et préoccupations sur l’équité des retombées économiques, le gazoduc Nord incarne les défis d’un Sénégal en pleine mutation.
Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette infrastructure sera un véritable levier de développement national ou un énième projet dominé par des acteurs étrangers. Les regards se tournent désormais vers les parlementaires et les autorités compétentes pour défendre une vision économique inclusive et patriotique.
Sidy Djimby NDAO