Devant le juge correctionnel de Dakar où il a été renvoyé, hier, pour accès frauduleux dans un système informatique et collecte illicite de données à caractère personnel, l’autodidacte en informatique de 21 ans, Souleymane Fall, risque une peine de 2 ans de prison dont 6 mois ferme. Ce natif de Guinaw-rail, pour tester ses connaissances, s’était introduit dans le système de la police lors d’une journée portes ouvertes au King Fahd Palace. Le juge ayant ordonné sa mise en liberté provisoire, il sera édifié sur son sort le 12 février prochain.
Souleymane Fall, 21 ans, est un véritable génie en informatique. Mais il risque gros. En compagnie de ses camarades de classe, il était parti à la journée portes ouvertes (Security Day)qui se déroulait à l’hôtel King Fahd Palace de Dakar. C’était une occasion pour ces jeunes de tester leurs expériences dans leur domaine de prédilection qui est la technologie. Après avoir fait son exposé, ce programmeur en informatique procédait à une visite des stands qui étaient érigés sur les lieux. Et lorsqu’il est entré dans le stand de la police, il a voulu tester les connaissances qu’il avait acquises. Ainsi, voyant un téléviseur qui était exposé dans ledit endroit, il a déclaré à l’un des agents que leur système n’était pas fiable. Sur ce, l’homme en tenue lui demande comment il avait fait pour savoir cela. Pour lui en apporter la preuve, il demande à l’agent la permission d’y accéder, avant de révéler la faille. C’est dans ces circonstances qu’il a été interpellé et déféré au parquet pour accès frauduleux dans un système informatique, collecte illicite de données à caractère personnel.
L’enquête a permis d’entendre plusieurs parties civiles, à savoir le nommé Pape Mar Diagne de la société bancaire Microcred de Grand-Yoff, qui accuse le jeune d’avoir piraté son système. Et lors d’une perquisition effectuée chez le jeune de 21 ans, il a été saisi un ordinateur de marque Mac Book Pro contenant des données personnelles.
Souleymane Fall a comparu, hier, devant le juge Amath Sy du tribunal correctionnel de Dakar, où il a contesté les faits avant de les expliquer. «J'ai dit aux policiers que leur téléviseur n'était pas sécurisé, vu qu’il y avait une faille. Là, il m'a demandé la manière dont j'ai procédé pour le savoir. Après lui avoir demandé son autorisation, j’ai créé à partir de mon téléphone Galaxie S 6 une application mobile. Ce, avant d’y accéder et d’éteindre le téléviseur qui était allumé avec mon portable. C’est par la suite qu’ils m’ont arrêté. Mais je n'ai pas accédé aux données de la police. D’ailleurs, il n'y avait pas de données confidentielles. Il s’agissait juste d’un téléviseur normal comme celui que vous avez chez vous. De plus, j’ai juste effectué un test», narre le jeune, natif de Guinaw-rail. Et à propos de sa machine saisie, il a assené : «cet ordinateur Mac Book Pro m'a été offert par le colonel Issa Diack avec qui je collabore. J’avoue que les données retrouvées dedans, dont le permis de conduire canadien scanné, les dossiers sur Microcred et la Sonatel s’y trouvaient depuis 2013. Et ce n’est pas moi qui les ai mis dedans».
Le procureur, pas du tout convaincu par les arguments du prévenu, a sollicité 2 ans de prison dont 6 mois ferme. Selon le ministère public, il est un «génie» en informatique parce qu'il était maître de ce système où il s'est immiscé. Avocat de la défense, Me Ousmane Thiam a indiqué que son client devait plutôt être félicité. Me Aboubacry Barro d’ajouter : «la police a peur du progrès, parce qu'il a pu prouver là où le commissaire n'a pas prouvé. Il a eu peur et il l’a envoyé en prison. Il devait le récupérer et le mettre à ses côtés pour traquer les criminels de l'informatique. Il devait en être remercié. C'est dommage qu'il ait passé 8 mois en détention, à côté des caïds. On a étouffé 8 mois de créativité», se désole-t-il. Me Youssoupha Camara a martelé : «ce procès n'est dû qu'à la peur de l'inconnu. Parce que nous, Africains, on pense qu'on n'est pas capable de faire des progrès; surtout qu’il s'agissait d'un enfant». Avant de préciser qu’il fallait entendre le colonel Issa Diack lors de l'instruction pour savoir si oui ou non il lui a offert cet ordinateur. Après la prise de parole de Me Ismaila Diagne, le juge a ordonné la mise en liberté provisoire de Souleymane Fall, suite à la demande qui a été introduite par la défense, avant qu’il ne fixe le délibéré au 12 février prochain.
Fatou D. DIONE
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