Après avoir passé 4 ans en détention préventive, le ferrailleur Alassane Ndiaye risque de prolonger son séjour carcéral pour 15 années encore. Le Procureur a requis, hier, 20 ans de travaux forcés à son encontre. Alassane Ndiaye comparaissait devant la Chambre criminelle pour association de malfaiteurs, trafic international de drogue et blanchiment de capitaux. Le représentant du ministère public l’accuse d’être le propriétaire des 800 kilogrammes de chanvre indien de type «Brown» trouvés dans une maison qu’il avait louée à la Zac Mbao. Il sera édifié sur son sort le 4 septembre prochain.
20 ans de travaux forcés, c’est la peine requise hier par le procureur de la Chambre criminelle de Dakar, Saliou Ngom, à l’encontre d’Alassane Ndiaye. Ce dernier est accusé d’association de malfaiteurs, de trafic international de drogue et de blanchiment de capitaux. Selon l’accusation, 800 kg de chanvre indien de type «Brown», d’une valeur de 40 millions francs, ont été retrouvés par les éléments de la brigade de Keur Massar, le 14 mai 2014, dans une maison en construction sise à Zac Mbao, que le sieur Alassane Ndiaye avait prise en location. Alpagué par les éléments enquêteurs, il avait nié les faits, soutenant que le chanvre indien appartenait à un Malien du nom d'Ibrahima Coulibaly. Il dit avoir loué la maison pour le compte du Malien qui lui payait mensuellement 250.000 F pour assurer la garde de la drogue. D’ailleurs, expliquait-il devant les enquêteurs, les véhicules de marques Renault et Peugeot 405 saisis proviennent de cela.
Saliou Ngom enfoncé par sa seconde femme
Mais Saliou Ngom n’a pas trouvé le soutien nécessaire auprès de sa seconde épouse Fatou Sarr. Interrogée, cette dernière a révélé que son époux a eu à décharger à deux reprises 1 tonne de chanvre indien dans leur domicile conjugal. C’est par la suite qu’il a loué une maison à Zac Mbao pour stocker le produit prohibé. La dame avait même menacé de divorcer. Selon toujours la dame, son époux n’a pas voulu l’écouter et a continué ses activités illicites.
Cependant, face au juge de la Chambre criminelle, hier, l’accusé a fait un revirement à 180 degrés. «Je ne suis pas un trafiquant de drogue. C'est dans le cadre de mon métier de courtage que j'ai connu Ibrahima Coulibaly. Il m’a demandé de lui trouver une maison en location et c’est ce que j’ai fait. Je lui ai trouvé cette villa à Zac Mbao à 270.000 francs par mois. J’ai eu une commission de 90.000 francs. Mais j'ignorais qu'il était un trafiquant», a-t-il martelé pour se défendre. «Les maçons qui se sont rendus dans le domicile pour terminer les travaux ont découvert la drogue avant d'informer les enquêteurs. C'est ensuite que le propriétaire de l'agence, Amadou Sy, m'a informé par téléphone. Une fois à la gendarmerie, j'ai remis le numéro du Malien aux agents. Lorsque ces derniers l'ont appelé, il avait déjà éteint son téléphone. Quant à mes deux véhicules, je les ai achetés grâce à mon métier de ferrailleur», poursuit encore l’accusé.
Le procureur demande une amende de 120 millions
Seulement, pour le procureur, Alassane Ndiaye est mouillé jusqu’au cou. Son rôle consistait, selon lui, à réceptionner et à stocker la drogue pour le compte de ce Malien. Au regard de ces observations, le représentant du ministère public a requis 20 ans de travaux forcés à son encontre. Le parquetier a aussi sollicité qu’il soit condamné à payer une amende égale au triple de la valeur de la drogue saisie et qui équivaut à 120 millions francs.
Me Aboubacry Barro : «on sait tous que les femmes abandonnent leur mari le plus souvent en période de vaches maigres»
Pour sa part, la défense a plaidé l’acquittement au bénéfice du doute, principalement et à titre subsidiaire, une application bienveillante de la loi pénale. Selon Me Abdourahmane Diallo, il y a beaucoup de zones d'ombre dans le dossier. A l’en croire, le contrat de location était au nom du Malien. A son tour, Me Aboubacry Barro a déversé sa bile sur le parquetier Saliou Ngom qui, selon lui, doit arrêter de se substituer à l'administration douanière avec ses amendes. S’agissant de la déclaration de l’épouse, il a souhaité que la chambre n’en tienne pas compte. «Les déclarations de l'une de ses épouses ne peuvent pas être prises pour argent comptant. Parce qu'on sait tous que les femmes abandonnent leur mari le plus souvent en période de vaches maigres. Et c'est le cas avec cette dame», s’est indigné la robe noire. Le juge tranchera cette affaire le 4 septembre 2018.
Fatou D. DIONE