Depuis mai 2018 et le retrait des États-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien, la situation est tendue entre Téhéran et Washington. Pétroliers attaqués, drone abattu, sanctions à n’en plus finir, cyberattaques et désormais terrorisme… Depuis le début des incidents, le dialogue entre les deux pays est fait de menaces et de récriminations. Et alors qu’on croyait ne rien avoir dans cette guerre froide entre les deux ennemis de toujours, des documents publiés sur internet renseignent que l’Iran forme des centaines de terroristes aux portes du Sénégal : en Gambie. Cela devra, sans doute, changer notre positionnement dans les relations entre les deux pays qui se détestent le plus au monde.
L’Iran a accusé hier les États-Unis d’avoir coupé de façon «permanente» les rares canaux diplomatiques qui pouvaient encore subsister entre les deux pays, après l’annonce de nouvelles sanctions américaines visant cette fois-ci le Guide suprême iranien Ali Khamenei. En faisant cette déclaration, le président de la République Islamique d’Iran, Hassan Rohani, faisait allusion aux toutes dernières sanctions des États-Unis vis-à-vis de son régime. Washington a en effet annoncé lundi des sanctions «dures» contre Téhéran en représailles aux tirs qui ont abattu un drone américain le 20 juin. Donald Trump a assuré que les sanctions pourraient rester en place pendant «des années». Le décret signé par Trump cible plusieurs autorités du régime de Téhéran, notamment le ministre des Affaires étrangères, mais aussi et surtout l'ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique. «Les sanctions imposées par le décret (...) empêcheront le guide suprême, ses services et son entourage d'accéder à des ressources financières et à des soutiens essentiels», a assuré Donald Trump après la signature du décret.
Loin de cet axe long de plus de 10.000 kilomètres, le Sénégal et les autres pays d’Afrique de l’Ouest ont toujours suivi de loin ce qui s’y passait. Cette posture devra pourtant changer, au risque d’avoir des mauvaises surprises dans les jours à venir.
«300 militants recrutés par l’Iran pour attaquer les États-Unis et d’autres cibles occidentales»
Selon Le Daily Telegraph, «l’Iran a étendu ses activités terroristes à l’Afrique». En effet, selon le quotidien d'information britannique fondé en 1855, Téhérana recruté environ 300 militants pour attaquer les États-Unis et d’autres cibles occidentales, en représailles des sanctions américaines contre son régime. «L'Iran met en place une nouvelle infrastructure terroriste en Afrique dans le but d'attaquer des cibles occidentales», rapporte le journal qui cite une source de sécurité occidental de haut rang.
Déjà, des informations sur l'existence d'une cellule terroriste iranienne en Afrique auraient été révélées après une série d'arrestations au Tchad en avril. Les enquêteurs auraient appris que des membres iraniens recrutaient et formaient des hommes âgés de 25 à 35 ans pour commettre des attaques terroristes contre des cibles occidentales en Afrique. «L'Iran a déjà recruté environ 300 militants qui ont suivi un entraînement rigoureux dans des camps d'entraînement dirigés par l'Iran en Syrie et en Irak», a noté le Telegraph.
Des cellules iraniennes actives au Soudan, au Tchad, au Ghana, au Niger, en Gambie
Qui, citant des responsables de la sécurité occidentale, lundi, a rapporté que le nouveau réseau terroriste iranien en Afrique a été créé sur ordre de Qassem Suleimani, chef de la Force Qods, la section d'élite du corps de la garde républicaine iranienne, chargée des opérations à l'étranger. «L'objectif de la nouvelle cellule terroriste est de cibler les bases militaires américaines et occidentales du continent, ainsi que les ambassades et les responsables», lit-on sur la note, qui renseigne que les cellules iraniennes seraient actives dans un certain nombre de pays africains, notamment le Soudan, le Tchad, le Ghana, le Niger, la République Centrafricaine et surtout la Gambie. C’est-à-dire à l’intérieur du Sénégal.
Une situation bien grave en cela que tout ce qui se passe en Gambie intéresse et concerne forcément le Sénégal. D’ailleurs, les militaires sénégalais déployés dans le pays pour obliger l’ancien dictateur gambien Yahya Jammeh à quitter le pouvoir sont encore sur le sol gambien. Au-delà des militaires, la Gambie et le Sénégal ne forment qu’un seul peuple. Ainsi donc, l’État du Sénégal mais également les États cités dans les documents devraient redoubler de vigilance afin d’éviter le pire, dans une sous-région déjà minée par le péril djihadiste, notamment au nord.
Rappelons que sous le Président Trump, les États-Unis ont désigné le Corps des gardiens de la révolution islamique (Irgc) comme organisation terroriste étrangère. La Force Qods du major général iranien Suleimani est une composante du Irgc. Aussi, apprend-on que la très spécialisée «Unité 400» de la Force Qods était chargée d'étendre le réseau terroriste iranien à l'Afrique. C’est dire que l’heure, si elle ne l’est pas encore, doit être à la maximisation de la vigilance, notamment au niveau de nos frontières marquées par une porosité sans commune mesure.
Sidy Djimby NDAO