Des pays africains dont le Sénégal sont plus que jamais exposés au péril djihadiste. C’est en tout cas ce qui ressort d’une réunion tenue avant-hier mercredi devant le Conseil de sécurité de l’organisation mondiale, lors de laquelle la sous-secrétaire générale pour l’Afrique, Bintou Keita, a souligné le risque d'effondrement de la digue sécuritaire en Afrique de l'Ouest et au Sahel. Une grave situation, au moment le Sénégal semble s’éloigner davantage de la force conjointe G5 Sahel.
Un des rares pays du continent à ne pas encore été visité par les terroristes, le Sénégal n’en est pas pour autant à l’abri d’une attaque. Mais si on savait que la menace était là et persistait, ce qu’on savait moins, c’est le degré d’avancement de celle-ci. Et il faut dire que le risque n’a jamais été aussi palpable qu’aujourd’hui. Les signaux envoyés depuis les pays de la région le démontrent à suffisance. Au Mali voisin, trente soldats maliens ont été tués lundi dans une attaque attribuée aux djihadistes dans l'Est du pays, à proximité de la frontière nigérienne, alors que les forces maliennes et nigériennes menaient une opération conjointe contre eux. Cette attaque constitue un coup dur de plus pour l'armée malienne, après la mort d'une centaine de soldats dans deux attaques djihadistes en un mois cet automne, dans les mêmes confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
La France classe le Burkina Faso en zone rouge et orange
Au Burkina Faso, deux attaques terroristes ont fait au moins 29 morts dans la province de Sanmantenga, dans le Nord du pays le mois dernier. Une énième attaque dans le pays où les violences attribuées aux groupes djihadistes ont fait près de 700 morts depuis début 2015 et environ 500.000 déplacés internes et réfugiés, selon l’Onu. Mercredi, le ministère français des Affaires étrangères a classé le Burkina Faso (tout le pays) en zone rouge et orange à la faveur de la dernière actualisation de sa carte de conseils aux voyageurs.
Dans cette sous-région en feu, puisque le Niger, le Bénin ainsi que la Côte d’Ivoire sont également concernés, le Sénégal fait office d’exception. Une exception désormais on ne peut plus fragile, après la récente alerte de l’Organisation des Nations-Unies sur le risque d'effondrement de la digue sécuritaire dans la sous-région ouest-africaine.
La violence des groupes terroristes s’étend désormais jusqu’aux pays de la côte ouest-africaine dont le Sénégal
En effet, devant le Conseil de sécurité réuni mercredi soir, pour examiner la situation au Sahel, la sous-secrétaire générale pour l’Afrique, Bintou Keita, a estimé que la violence des groupes terroristes s’étend désormais jusqu’aux pays de la côte ouest-africaine dont le Sénégal et le long de la bande saharo-sahélienne et dans le bassin du lac Tchad. Des faits, a-t-elle insisté, qui ont récemment été reconnus par les chefs d’État de la région, qui mettent en garde contre l’effondrement de la digue sécuritaire dans la région.
Aussi, la sous-secrétaire générale a expliqué qu’au cours des six derniers mois, la sécurité s’est considérablement détériorée dans la région du Sahel, du fait d’attaques attribuées à des groupes terroristes ou revendiquées par eux. Mme Keita a cité plusieurs de ces attaques meurtrières parmi les plus récentes : une quarantaine de civils et de soldats tués le 6 novembre à Boungou dans le nord du Burkina Faso; près d’une centaine d’éléments de force de sécurité du Burkina, du Niger et du Mali tués au cours des 10 derniers jours dans une série d’attaques visant le triangle du Liptako-Gourma; 24 soldats maliens tués le 18 novembre dernier près de Tabankort, au Nord à proximité de la frontière avec le Niger.
Mme Keita a rappelé, alors que le terrorisme est un combat mondial et qu’aucun pays ne peut le mener seul, que la plupart des États du Sahel consacrent déjà 20% de leur budget à la défense et à la sécurité. Selon elle, la communauté internationale doit donc contribuer à l’effort de lutte contre l’extrémisme au Sahel. Elle doit soutenir la Force conjointe G5 Sahel afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle et obtenir des résultats tangibles.
Pour ce qui le concerne, le Sénégal s’éloigne davantage de la force conjointe G5 Sahel. La sixième édition du Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique qui s’est déroulée du 17 au 19 novembre à Dakar a semblé acter cette distanciation entre Dakar et les pays membres de la force conjointe G5 Sahel. En effet, sur les cinq pays composant le G5 Sahel, seule la Mauritanie a répondu à l’invitation du Sénégal.
Sidy Djimby NDAO