Des peines allant de 5 à 10 ans de réclusion criminelle, c'est ce que risquent 7 agents du Port autonome de Dakar. Ces derniers ont comparu hier lundi devant la chambre criminelle de Dakar pour homicide volontaire et non-assistance à personne en danger. Ils seront fixés sur leur sort le 8 novembre prochain.
Pour les crimes d’homicide volontaire et de non-assistance à personne en danger, Abdou Lahat Guèye, Samsidine Sané, Ababacar Ndoye, Malamine Tamba, Mamadou Coly, Ismaël Diouf et Alexis François Seck comparaissaient hier devant la chambre criminelle de Dakar. Ces faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent au 19 avril 2017. Durant cette journée, deux cadavres ont été retrouvés au Port autonome de Dakar, au môle 3. Après identification, l'enquête a révélé qu'il s'agissait des nommés Alassane Touré et Issa Cissé. Selon les investigations, ces victimes sont décédés suite au chavirement de leur pirogue dénommée «Sadikh Ngom». Cependant, un rescapé parmi l'équipage de la pirogue a révélé aux agents enquêteurs que ce drame qui a coûté la vie à ses collègues est survenu dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, vers les coups de 4h du matin. Cet individu persistait en soutenant que leur pirogue qui avait à son bord 32 personnes se trouvait dans une zone interdite au sein du port de Dakar. C'est ainsi que, selon lui, elle a été heurtée par la remorque en acier des maîtres du port, avant de se fracasser. C'est là que toute l'équipage est tombée à l'eau. Le rescapé soutenait que lorsqu'ils essayaient de nager pour sortir de l'eau, les maîtres du port les insultaient au lieu de les aider. C'est suite à ces confidences que les enquêteurs ont pu interpeller Abdou Lahat Guèye, Samsidine Sané, Ababacar Ndoye, Malamine Tamba, Mamadou Coly, Ismaël Diouf et Alexis François Seck, qui étaient à bord de la remorque.
Ces derniers ont déclaré que la pirogue a heurté leur remorque à cause d'une erreur de manœuvre. Étant celui qui dirigeait l'embarcation, Abdou Lahat Guèye a indiqué qu'ils ont constaté la présence clandestine de la pirogue «Sadikh Ngom». Selon lui, ils ont demandé à ces pêcheurs de déguerpir à deux reprises, mais ils sont revenus. C’est pour cela que l'équipage de la pirogue leur jetait des pierres et que c'est ainsi que leur pirogue a heurté leur remorque. Toutefois, il a affirmé que le chef de l’opération n'était autre que Samsidine Sané. Hier, face au juge de la chambre criminelle, ces accusés qui sont tous sous contrôle judiciaire ont nié les faits. «Dans la nuit des faits, on était parti à une mission de sécurisation. Cette nuit-là, au lieu de la sensibilisation, on a décidé de saisir les matériaux des récalcitrants. On a chassé les piroguiers à deux reprises. C’est à la troisième que leur pirogue a chaviré. Les pêcheurs nous jetaient des pierres. C'est ainsi que leur pirogue a heurté notre remorque», a livré Abdou Lahat Guèye qui dit avoir été aux commandes de la remorque. À son tour, chef de l’opération, Samsidine Sané a informé à la barre que c'était son devoir de dégager les pirogues qui se trouvaient clandestinement dans les eaux du port car un navire devait accoster. Ce, avant que leurs acolytes, Ababacar Ndoye, Malamine Tamba, Mamadou Coly, Ismaël Diouf et Alexis François Seck ne contestent aussi en déclarant qu'ils étaient dans l'impossibilité d’apporter une aide à ces victimes puisqu'ils n'avaient pas de gilets de sauvetage. Hélas, ces contestations n'ont pas convaincu la représentante du parquet qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre Abdou Lahat Guèye et Samsidine Sané. Et pour le reste de la bande, elle a sollicité 5 ans. Ce qui a poussé les avocats de la défense a plaider leur acquittement pur et simple. Délibéré le 8 novembre prochain.
Fatou D. DIONE