La question de la structuration de l’Apr ne devrait même pas se poser, pour Abdoulaye Diouf Sarr, vu les succès engrangés en termes d’élection et de gestions du pays. Regrettant les querelles entre responsables apéristes, il ne veut pas qu’on associe ses comportements au parti, car les concernés se cognent pour des choses qui n’ont rien à voir avec l’Apr et leur militantisme. Pour le dialogue national, il pense que les libéraux devaient y être pour «participer à la construction de l’histoire avec ceux qui aiment le Sénégal». Candidat à la mairie de Yoff tant que les populations lui feront confiance, Diouf Sarr ne pourra se prononcer sur ses ambitions pour Dakar que quand le moment sera venu et au sein de son parti et de sa coalition, où il dit être en bons termes avec tous les responsables, même si...
Les Echos : monsieur le ministre, il est beaucoup question de la structuration de l’Apr, quelle est votre position en tant que patron des cadres du parti ?
Abdoulaye Diouf Sarr : Un parti qui gagne toutes les élections ; un parti qui gouverne le pays dans le cadre d’une coalition qui est la plus robuste jusque-là dans l’histoire du Sénégal et peut-être même du monde ; un parti qui fait des résultats en soutenant un Président qui est en train de faire de bons résultats à la tête du pays ; si on dit que ce parti n’est pas efficace dans son fonctionnement, je me pose des questions sur ce que l’on entend par efficacité. L’efficacité se mesure par rapport aux résultats. Nous qui sommes dans le parti, nous savons que nous avons un grand parti. C’est le plus grand parti de ce pays, qui a son organisation et qui atteint toujours ses objectifs avec cette organisation. Pour le reste, l’avenir nous édifiera.
Moustapha Diakhaté a déclaré que les statuts et règlements de l’Apr ne sont pas respectés, donnant l’exemple du mandat du chef du parti, qui a expiré depuis 6 ans…
C’est le point de vue de Moustapha Diakhaté, qui peut donner son avis, mais que je ne partage pas du tout. Nous sommes dans une organisation politique qui a ses règles de fonctionnement, qui a son dispositif de fonctionnement, qui a surtout ses cadres de concertation, qui fonctionnent et qui font des résultats. Je respecte les avis des uns et des autres, mais je reste convaincu que l’Apr est un grand parti, avec des camarades autour du chef de l’Etat pour l’aider à réussir sa gouvernance et positionner le Sénégal sur la rampe de l’émergence.
Ces derniers temps, on a assisté à des querelles entre leaders de l’Apr. Quel commentaire faites-vous sur cette situation ?
Sur cette question qui revient tout le temps, j’aimerais qu’on fasse la part des choses. Il y a un débat qui concerne les personnes, sur la base de considérations qui n’ont absolument rien à voir avec quelque chose de partisan ou politique. Ce débat-là ne doit pas être convoqué dans les affaires de l’Apr, même s’il est porté par des camarades, car il n’a aucune influence dans le jeu interne de notre parti et dans son équilibre. Mais il y a lieu de regretter ce genre de débat, car ça peut malgré tout créer la confusion dans la perception des Sénégalais. Ce sont des situations que nous pouvons regretter, mais qui ne nous empêchent pas d’avoir notre objectif qui est tout à fait clair et qui ne peut pas être occulté par ce genre de débats.
On s’achemine vers des élections locales. Vous serez encore candidat pour la mairie de Yoff ?
Tant que les populations de Yoff me feront confiance, tant que les populations de Dakar me feront confiance, je serai toujours prêt pour être leur serviteur.
La mairie de Dakar, ça vous intéresse ?
Pour cette question, je vous demande de respecter ma philosophie militante, qui est de régler les questions au moment et au lieu opportuns. Dans les frontières de notre parti, de notre coalition, le moment venu, cette question-là sera discutée et une réponse sera apportée.
Les relations entre responsables sont souvent difficiles. Quelles sont vos rapports avec vos camarades de Dakar ?
J’ai de bons rapports avec tout le monde. Je considère que le jeu politique est un jeu de position, un jeu d’engagement et d’opinion, mais ce jeu ne doit pas donner place à de l’animosité. Mais avoir de bons rapports avec tout le monde ne m’empêche pas, à chaque fois, de donner ma position, quelle que soit la situation, mais sans que cela ne m’autorise à avoir des relations d’animosité avec quelqu’un.
Votre régime est aujourd’hui décrié sur la question des libertés et de la démocratie, avec les arrestations de manifestants et les interdictions de marches…Que pensez-vous de ces critiques ?
Ça se comprend ! La critique est inhérente à la démocratie. Mais derrière la critique, il faut avoir le recul intelligent pour analyser les choses, afin que ça ne soit pas une critique facile. La frontière est très mince entre l’expression tous azimuts des libertés et l’exigence de garantir la sécurité des citoyens sénégalais. Autrement dit, nous ne pouvons pas permettre à l’expression des libertés, qui ressemble à de l’anarchie, de prendre le dessus sur l’impératif de garantir la sécurité publique et l’équilibre social du pays. La responsabilité de l’Etat est de garantir la paix et la sécurité dans le pays et c’est à la lumière de l’ensemble de ces considérations que les autorités chargées de ces questions-là prennent les décisions. Un pays de droit, c’est permettre l’expression des libertés, mais des libertés encadrées par la loi et les règlements.
Le Pds refuse d’aller au dialogue national, malgré les retrouvailles entre Macky Sall et Me Wade. Comment comprenez-vous cette position ?
Je n’essaie pas outre mesure de creuser. Je respecte la décision de ce parti. C’est la position de leur parti, sur la base d’éléments qu’ils ont peut-être appréciés. Mais c’est une position que je regrette. Je le regrette parce que le pays est en train de se retrouver autour de l’essentiel, pour une perspective concertée. Je pense que le Pds gagnerait à être autour de la table du dialogue, pour participer à la construction de l’histoire avec ceux qui aiment le Sénégal.
On assiste à des hausses de prix dont celle récente de l’électricité. Et pour vos détracteurs, cela est la conséquence de problèmes financiers et de l’ajustement imposé par la Banque mondiale et le Fmi. N’ont-ils pas raison ?
Vous avez bien fait de dire certains détracteurs du régime ; des gens qui affirment gratuitement des choses. Moi, en tant que financier, je n’ai jamais vu un pays sous ajustement dans les conditions économiques actuelles du Sénégal. Depuis sept ans, le Sénégal a réussi à augmenter sa croissance de manière permanente. De 2% en 2012, on a eu une croissance soutenue jusqu’à arriver à 7%. On ne peut pas dans ces conditions dire que notre pays est sous ajustement. Un pays sous ajustement ne peut pas être attrayant. Or, aujourd’hui, le Sénégal n’a aucun problème, ni sur les marchés internationaux, ni sur la dette bilatérale ou multilatérale. Sa signature est bonne. Notre budget a considérablement augmenté depuis 2012 : jusqu’à plus de 4000 milliards. Cela veut dire que l’économie génère de la ressource interne qui nous permet de financer le budget, avec un déficit maitrisé, aux alentours de 3%. L’ensemble de ces indicateurs économiques ne riment pas avec un ajustement structurel. Ces détracteurs du régime doivent savoir que les Sénégalais sont intelligents et savent faire la part des choses. L’augmentation du prix de l’électricité n’a été qu’un prétexte pour eux de s’en prendre au régime. Et sur cette question de l’énergie, ils doivent avoir l’honnêteté de reconnaitre que le Sénégal a fait plus que tous les pays de la sous-région. Le Sénégal a fait des prouesses du point de vue de la politique énergétique. Si l’on se réfère à la situation en 2012, on voit qu’on a fait des progrès énormes en termes de production.
Entretien réalisé par Mbaye THIANDOUM