La population de Diboli, bourg frontalier du Mali qui fait face à Kidira, a vandalisé sur son passage tous les camions immatriculés au Sénégal pour répondre aux attaques perpétrées sur les camions maliens, suite à l’accident qui a causé quatre morts à Kaolack. Ainsi, les chauffeurs et apprentis sénégalais, plus d’une cinquantaine, pris de panique, ont abandonné leurs véhicules pour une procession vers la frontière sénégalaise.
Le violent accident causé hier par un chauffeur malien à Kaolack, aux environs de 14 heures et qui a fait quatre morts et un blessé, est en passe d’être à l’origine d’un incident diplomatique entre le Sénégal et le Mali. En effet, suite à cet accident d’une rare violence, le chauffard malien n’a dû son salut qu’à l’intervention de la gendarmerie, échappant ainsi à un lynchage certain. Cependant, la foule en colère a déversé sa bile sur les camions et autres bus en provenance du Mali, qu’ils ont saccagés. Dans ce monde connecté où les nouvelles vont vite, la riposte n’a pas tardé du côté du Mali. Et, ce sont les chauffeurs et camions sénégalais qui étaient indésirables dans ce pays voisin. Au niveau de la frontière à Kidira, précisément au Poste de Douane de Diboli, la population est sortie pour saccager et vandaliser les camions sénégalais.
Baye Thiaw, camionneur sénégalais : «ils ont vandalisé une trentaine de camions, mais ils ne nous rien fait»
Des représailles confirmées par un chauffeur sénégalais, en l’occurrence Baye Thiaw, témoin et victime de cette riposte musclée. C’est vers 18 heures, dit-il, que la population est sortie pour vandaliser tout camion immatriculé au Sénégal. «Aucun camion n’a été épargné, les assaillants ont suivi le fil des véhicules pour vandaliser tout sur leur passage. C’est près d’une trentaine de camions qui ont été vandalisés», se désole de constater le chauffeur sénégalais. Cependant, il précise que dans cet excès de colère des Maliens, leur intégrité physique a été préservée. Poursuivant, il n’a pas manqué de déplorer l’absence de secours des autorités maliennes. Devant cette cohorte, chauffeurs et apprentis ont abandonné les camions sur place pour rejoindre, à la marche, la frontière sénégalaise ; alors qu’il était déjà 21 heures. «Nous sommes plus d’une cinquantaine de personnes en route vers la frontière sénégalaise», lance-t-il, au bout du fil, avant que l’absence de réseau dans ce pays frontalier ne mette fin à la communication.
Un incident qui pouvait dégénérer si les chauffeurs sénégalais avaient tenté de riposter à ces attaques. Toujours est-il que c’est un précédent dangereux entre les deux pays qui, si l’on n’y prend garde, risque d’être à l’origine d’une escalade de la violence entre les deux pays. Les souvenirs de 1988 entre le Sénégal et la Mauritanie sont encore vivaces dans les mémoires.
M. CISS