L’appel de Serigne Mbaye Thiam pour une reconstruction du Parti socialiste est en train de semer la zizanie dans les rangs du parti fondé par Léopold Sédar Senghor. Si certains responsables lui prêtent main forte pour déboulonner la vieille garde au profit des jeunes, d’autres sentent une mascarade qu’il leur est difficile de tolérer. Mais ces coups de gueule ne découragent pas du tout l’ancien ministre de l’Education. Serigne Mbaye Thiam a convoqué ses camarades à une réunion pour «parler des perspectives».
Les différentes plateformes et groupes WhatsApp des socialistes sont bien animés ces dernières semaines. L’appel lancé par Serigne Mbaye Thiam continue de susciter beaucoup de réactions. S’il est vrai que tous les socialistes sont d’accord sur la léthargie qui règne dans le parti de Senghor, tout le monde ne l’analyse pas de la même manière. Certains responsables ne passent pas par quatre chemins pour remettre Serigne Mbaye Thiam à sa place. C’est le cas de Stanislas Ndiaye, responsable socialiste à Rufisque.
Stanislas Ndiaye : «le Ps n’a réellement pas le temps des faux appels et des appels manqués»
Ce dernier invite le chargé des élections du Ps et tous ceux qui le soutiennent à poser la balle à terre: «osons nous soustraire à l’euphorie distractive, car il n’est porté aucun débat ou appel qui n’ait été porté ou émis précédemment, solitairement et/ou solidairement» ; seulement, poursuit-il, «il est venu leur temps à eux, l’heure des aphones et silencieux d’hier que les écrits et cris à tue-tête veulent, aujourd’hui, faire porter au pinacle (…)».
Selon ce dernier, il faut juste leur dire avec «l’élégance et la courtoisie des cadets, que reconstruire la Maison du Parti Travail-Organisation-Méthode ne peut aller avec l’expression d’egos assourdissants».
Stanislas Ndiaye voudrait que ceux qui militent pour cet appel à la reconstruction «osent leur dire ce qui les fait réellement courir et les agitent à pareille heure et qui ne les fit bouger et parler plusieurs années en arrière». A en croire M. Ndiaye, «le Ps ne se laissera plus à cette oligarchie générationnelle qui dénie à la jeunesse, à ses femmes et à ses cadres, fils et filles, de vivre pleinement leur dynamisme militant. De tous temps, de tous les combats, la jeunesse, les femmes et les militants de cœur, restent le bataillon rempart, en corps solidaire, contre les jeunes Vieux qui vieillissent la jeunesse. Dites-leur que le Sénégal est jeune».
Stanislas Ndiaye poursuit : «je refuse librement et avec lucidité de ne pas servir de caisse de résonance à un appel orchestré et qui, hélas, nous rappelle notre torpeur somnolente». Pour lui, «le Ps n’a réellement pas le temps des faux appels et des appels manqués car, depuis 2014, depuis 11 longues années, le parti qui a vu naître toutes les autres formations politiques de notre pays, le parti de Senghor, n’a plus tenu de Congrès de renouvellement de ses instances, structures et organes».
Ousseynou Keita : «il faut dépasser les stigmatisations grossières l’autoflagellation destructrice…»
Au même moment, Ousseynou Keita, secrétaire général Uc Thiès, tempère et invite ses camarades à réfléchir à des solutions de sortie de crise, au lieu de se crêper le chignon et de s’accuser mutuellement. Pour ce dernier, «l’usure du temps, la corrosion du pouvoir et les contorsions normales d’une fin de cycle parviennent toujours et de manière implacable et imprévisible à bout de toute association privée. Et le Ps en est une au regard de la loi, précisément du code des obligations civiles et commerciales». Selon Ousseynou Keita, l’intelligence humaine et l’expertise des hommes n’y peuvent rien. C’est pourquoi, dit-il, «Il faut dépasser les accusations tendancieuses, les stigmatisations grossières l’autoflagellation destructrice et surtout éviter de faire porter de manière loufoque le chapeau à d’autres ou de vouer aux gémonies des cibles vulnérables. Personne n’est responsable de la situation que nous vivons en même temps que nous le sommes tous, paradoxalement». Poursuivant, ce dernier assure que la situation actuelle du Ps «découle en partie des conséquences de leurs choix parfois égarés et de leurs orientations quelquefois discutables, depuis l’avènement de la première alternance et notre arrimage à Bby».
Ndèye Khady D. FALL