Selon le rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du Sénégal, notre taux de croissance 2022 est ressorti à 4,8% et devrait atteindre, avec la production d’hydrocarbures, 9,2% sur la période 2023-2024. De même le déficit budgétaire estimé à 6,2% du Pib devrait se réduire progressivement à 3% d’ici 2025. Cependant, la dette s'est accrue et passe de 73,2% du Pib en 2021 à 75.1% du Pib en 2022.
A cause du Covid, l’incidence de la pauvreté est estimée à 34% en 2020-2021
La Banque mondiale a publié hier son nouveau rapport sur la situation économique du Sénégal. Un rapport qui révèle que la croissance du Pib a significativement accéléré en 2021. Elle est estimée à 6,1% (3,3% pour le Pib par habitant), tirée par la reprise de la consommation privée et de l’investissement. En conséquence de la hausse de la demande, l’inflation a atteint 2,2% en 2021, alors que les prix moyens de la composante alimentaire ont légèrement reculé. Cette baisse s’explique par la bonne production agricole 2020-2021 qui a permis d’alimenter les marchés locaux et de limiter la hausse des prix au premier semestre de 2021. Toutefois, à partir de juillet 2021, les pressions inflationnistes se sont intensifiées, notamment dans le domaine des produits alimentaires et de l’énergie. À la suite du choc du Covid-19 sur la croissance, on estime l’incidence de la pauvreté à 34% en 2020-2021 réduisant les progrès réalisés depuis 2011, notamment dans les zones urbaines, où se concentrent les activités de services. Cependant, l’écart de pauvreté s’est davantage détérioré dans les zones rurales, ce qui suggère que parmi les personnes touchées, ce sont les pauvres des zones rurales qui ont le plus souffert.
La dette s’élève à 73,2% du Pib en 2021
Les plans de réponse à la crise du Covid-19 ont aussi aggravé les déséquilibres budgétaires préexistants. Après un déficit à 6,4% du Pib pendant la première année de l’épidémie, il est resté quasiment inchangé en 2021, à 6,3% du Pib. L’effet de répercussion de la hausse des prix internationaux du pétrole sur les tarifs énergétiques nationaux au cours de la période 2020-2021 a également entraîné d’importantes subventions budgétaires, mettant en exergue l’importance de la gestion des risques budgétaires et des évaluations annuelles dans le cadre du processus budgétaire. Ces dépenses combinées aux plans de riposte dans un contexte de faible pression fiscale ont pesé sur la dette, qui s’élève à 73,2% du Pib en 2021, augmentant de près de 10 points de pourcentage du Pib depuis 2019. En 2021, le déficit du compte courant s’est creusé passant à 13,3% du Pib contre 10,9% du Pib en 2020. Cette détérioration s’explique par une hausse du déficit commercial. Malgré une augmentation des exportations soutenue par l’or, l’acide phosphorique et les activités de réexportations, notamment de produits pétroliers, les importations ont augmenté plus rapidement. Ces dernières ont notamment été tirées par une hausse de la facture des importations de pétrole et l’augmentation des importations de biens intermédiaires dans un contexte de reprise économiques. Le déficit de la balance commerciale a été principalement financé par de forts investissements directs étrangers (Ide) liés aux hydrocarbures et par l’émission d’Eurobonds au mois de juin 2021.
Le taux de croissance en 2022 estimé à 4,8% et devrait atteindre 9,2% sur la période 2023-2024
Le taux de croissance est estimé à 4,8% en 2022. Côté offre, la croissance sera tirée par les performances du secteur agricole et minier, et dans une moindre mesure par la poursuite du rebond dans le secteur des services. Du côté de la demande, la consommation privée devrait moins contribuer que prévu, suite aux conséquences de l’inflation, mais les investissements privés, notamment dans le secteur minier contribueront à soutenir la croissance. À cause des tensions géopolitiques mondiales, les pressions inflationnistes devraient s’accentuer significativement en 2022 atteignant 8,7%. Les prix de l’énergie et des denrées agricoles, qui connaissaient une augmentation préalable au conflit, ont connu une forte accélération au cours de la première moitié de l’année. À moyen terme, la croissance devrait être fortement stimulée par le début de la production d’hydrocarbures pour atteindre, en moyenne, 9,2% sur la période 2023-2024. Le déficit de la balance courante (dons compris) devrait légèrement se détériorer et s’établir à 13,6% du Pib en 2022. Les causes principales sont la hausse significative du prix des importations des produits pétroliers et la poursuite des investissements dans le secteur en construction des hydrocarbures. Les revenus additionnels issus de l’exploitation des mines d’or permettront de compenser partiellement cette tendance. En effet, à moyen terme, dès lors que la production d’hydrocarbures sera mise en service, la pression sur la balance courante s’atténuera sensiblement grâce aux surplus d’exportation. Le déficit de la balance courante devrait diminuer de deux tiers par rapport aux années précédentes pour atteindre 4,8% du Pib en 2024.
Le stock de dette publique devrait atteindre 75.1% du Pib en 2022
Les pressions budgétaires continueront à être élevées en 2022 avec un déficit estimé à 6,2% du Pib. Dans un contexte inflationniste exacerbé par le conflit en Ukraine, la politique budgétaire devrait permettre de soutenir les ménages face à l’augmentation des prix générant un déficit très proche du niveau de 2021 (6,3% du Pib). Les recettes fiscales qui étaient en deçà de leur niveau de 2019 ces deux dernières années devraient retrouver leur tendance à la hausse à partir de 2022. Le stock de dette publique devrait atteindre 75.1% du Pib en 2022 avant de diminuer progressivement. L’analyse de viabilité de la dette conjointe de la Banque mondiale et du Fmi publiée en janvier 2022 a conclu que le risque de surendettement reste modéré au Sénégal, avec une capacité limitée à faire face à un choc sur le court terme.
Hausse des recettes à 18% du Pib dès 2022
Les recettes fiscales, qui n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant-crise, à 16,9% du Pib en 2021 (versus 17,6% en 2019), devraient toutefois progresser dès 2022 à 18% du Pib, tiré par les revenus des taxes sur les biens et les services. Cette hausse sera toutefois contrebalancée par la suspension des droits de douanes sur l’huile, le riz et le sucre pour limiter la hausse des prix de ces denrées alimentaires. Le coût estimé de cette mesure est d’environ 0,4% du Pib. Les dons devraient soutenir le revenu de l’État en passant de 0,9% du Pib en 2021 à 1,6% du Pib en 2022 avant de se stabiliser autour de 1,5% du Pib à partir de 2023. À moyen terme, la stratégie de mobilisation des recettes structure les évolutions à venir. Elle prévoit notamment l’élargissement de l’assiette, la lutte contre l’évasion fiscale, la réduction des dépenses fiscales par un ciblage plus équitable, et l’optimisation du fonctionnement des régies. L’ensemble de ces mesures visent à atteindre l’objectif de convergence de 20% du Pib fixé dans le cadre de la zone monétaire Uemoa.
Le déficit budgétaire se réduira à 3% du Pib d’ici 2025
Sur le moyen terme, alors que l’espace budgétaire devrait se reconstruire grâce à une meilleure mobilisation des ressources intérieures et grâce aux taxes liées à la production d’hydrocarbures, le déficit budgétaire se réduira progressivement à 3% du Pib d’ici 2025. Les dépenses en investissement reprendront progressivement leur tendance initiale, représentant environ 10% du Pib sur la période 2023-2024. Elles se concentreront sur la transformation structurelle de l’économie, le développement du capital humain et le renforcement des institutions.
L’inflation devrait atteindre cette année 8,7% et 6,1% en 2023
Les pressions inflationnistes devraient rester élevées à moyen terme, suite aux conséquences du conflit russo-ukrainien et des tensions géopolitiques mondiales. Les prix de l’énergie et des denrées agricoles, qui connaissaient une augmentation préalable au conflit, devraient connaître une nouvelle augmentation. L’inflation devrait par conséquent atteindre 8,7% en 2022 avant de diminuer progressivement tout en restant élevée, à 6,1% en 2023.
M. CISS