L’ex président en exil en Côte d’Ivoire connait désormais son sort dans l’affaire de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara lors du coup d’Etat orchestré en 1987. Blaise Compaoré, accusé par le tribunal militaire de Ouagadougou d’«attentat à la sureté de l’Etat, complicité d’assassinat, assassinat et recel de cadavres», est condamné à trente ans de prison ferme. Selon le juge militaire, l’ancien président du Burkina Faso est accusé d’être le principal commanditaire de ce coup d’Etat qui a causé la mort de Sankara et douze de ses compagnons.
La sentence est tombée ce mardi alors que le procès prend fin sans que ni Blaise Compaoré encore moins les autres accusés se soient présentés au tribunal. Ils sont tous absents du procès. Ainsi, ils sont jugés par contumace. Alors que Blaise, même absent, a toujours nié toute implication dans les évènements du 15 octobre 1987. Le tribunal a aussi condamné à la même peine Hyacinthe Kafondo en fuite depuis 2016. L’ancien commandant de la garde de Compaoré est soupçonné d’avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara et ses collaborateurs. Le parquet a réclamé sa condamnation pour «attentat à la sûreté de l’État» et «assassinat».
Cependant, il y avait d’autres accusés qui se sont présentés au tribunal. Ils étaient au nombre de douze lors de ce procès qui a débuté en octobre. Malgré les graves accusations, l’écrasante majorité avait plaidé non coupable. Toutefois, dans les peines, il faut signaler que vingt ans de prison ont été requis contre le général Gilbert Diendéré, l'un des chefs de l'armée lors du putsch de 1987. De trois à vingt ans d’emprisonnement ferme ont également été demandés pour cinq accusés, en plus d’une peine de onze ans avec sursis. Enfin, le parquet a requis l’acquittement de trois accusés «pour faits non constitués» et des deux derniers pour «prescription».
En outre, les inculpés n’ont pas voulu avouer. Le parquet militaire a retracé la chronologie des évènements du 15 octobre 1987. Selon lui, alors que le chef de l’État burkinabè se rendait au Conseil de l’entente, le siège du Conseil national de la révolution où s’est produite la tuerie, vers 16h20, «ses bourreaux étaient déjà sur place». Lorsque Thomas Sankara est entré dans la salle de réunion, «le commando, scindé en deux groupes, a investi les lieux en abattant les gardes du chef de l’État. Le commando a ensuite ordonné au Président Sankara et à ses collaborateurs de sortir de la salle. Ils seront tour à tour abattus», a poursuivi l’accusation.
Le parquet militaire a également requis l’acquittement pour les accusés Alidou Diébré, Hamado Kafando, Tibo Ouédraogo, Albert Pascal Belemlilga et Diakalia Démé pour des faits non constitués. Selon l’agence d’information du Burkina Faso, «les enfants des victimes doivent savoir que leurs parents font partie de la ‘’race’’ que la nation n’oubliera jamais. D’après lui, la vérité sera dite sur l’affaire Thomas Sankara et ses douze compagnons froidement abattus le 15 octobre 1987 au Conseil de l’Entente. A cet effet, la veuve Mariam Sankara a déploré les 11 ans avec sursis du prévenu Jean Pierre Palm, au regard de son implication dans l’assassinat du père de la Révolution burkinabè. Elle pense que le tribunal militaire pourra peut-être corriger cette insuffisance car, selon elle, beaucoup d’éléments ont attesté sa culpabilité dans l’affaire Sankara et de ses compagnons d’infortune. L’avocat de la famille Sankara, Me Justin Lallogo, a noté que la partie civile est satisfaite de la réquisition du parquet militaire concernant les accusés Blaise Compaoré, Gilbert Diendéré et Mori Jean Pierre Palm», note l’agence de presse.
Baye Modou SARR