Le conseil municipal de la ville de Dakar a évalué hier les orientations budgétaires de l’année 2022 en faisant d’abord le point sur le compte administratif de l’année passée. Selon l’inter-commission finances, affaires économiques,ledit compte est excédentaire de plus de 4 milliards. Et pour Soham Wardini, la mairie de Dakar a une situation financière saine et elle bénéficie d’une confiance renouvelée des bailleurs. Grosse ombre au tableau : seule une trentaine de conseillers sur la centaine ont pris part à la rencontre et quatre d’entre eux seulement ont pris la parole.
Malgré la situation difficile avec la pandémie qui dicte sa loi depuis mars 2020, la ville de Dakar s’est permis de faire un excédent, si l’on en croit au compte administratif pour l’année 2020 présenté hier lorsdu débat sur les orientations budgétaires de l’année 2022. Pour un total des recettes de 40.389.774.143 FCfa, l’équipe municipale a dépensé 35.668.427.273 FCfa, ce qui lui fait un excédent de 4.721.346.870 FCfa.Selon la direction administrative et financière, les recettes de fonctionnement de la ville, d'un montant de29.542.982.015 FCfa, proviennent essentiellement du résultat defonctionnement reporté, des impôts locaux, et des produits.
Baisse du recouvrement des impôts locaux de plus de 15 milliards F Cfa
Les transferts de l'Etat, d'un montant de 165 millions de francs Cfa, destinés à la prise en charge descompétences transférées, n'ont pas été versés en 2020. Et avec un niveau de recouvrement de 18.481.856.455 FCfa, lesrecettestotalesimpôts locaux représentent 62,56% des charges defonctionnement. Ce recouvrement des impôts locaux a baissé de15.315.945.560 FCfa par rapport à l'exercice budgétaire 2019.
Par rapport aux dépenses de fonctionnement, elles sont composées de 19,84% des recettes réelles de fonctionnement, 23,55% pour les salaires et lesparticipations.Soham Wardini a tenu à préciser que l'endettement de la ville est maitrisé et cadreparfaitement avec sa capacité de remboursement. Et que les dépenses d'investissement ont été affectées pour l'essentiel à lavoirie au sens large et au remboursement de la dette.Et concernant la baisse des recettes de2.320.779.303 FCfa par rapport à l'exercice budgétaire 2019, la Daf renseigne qu’elle est due essentiellement à laparution tardive des rôles d'impôts et le ralentissement de lacroissance économique du fait de la pandémie de Covid-19.
3 centres commerciaux prêts depuis 5-6 ans, mais toujours inexploités à cause des problèmes avec le recasement des ambulants
Compte tenu de cette performance, la mairesse de Dakar estime que la gestion de l’année 2022s’annonce sous de bonsauspiceset devrait permettre à la ville de poursuivre ses grandes réalisations. «Pour le patrimoine privé, nous avons trois centres commerciaux qui sont prêts à être utilisés depuis bientôt 5 à 6 ans,mais qui sont toujours inexploités à cause des problèmes que nous avons eus avec le recasement des ambulants», fait savoir Soham Wardini,selon qui une nouvelle grille tarifaire va être appliquée pour permettre aux ambulants de louer ces centres commerciaux. Cela leur permettra notamment de paver tous ces espaces qui sont actuellement occupés par ces derniers.
Dans le domaine de la santé, renseigne cette dernière, la ville a réalisé d’importants projets, notamment à Abass Ndao. Et Pour l’année 2022, la priorité va porter sur la correction des insuffisances qui ont été mises en exergue par l’apparition du Covid-19. Il s’agira de compléter l’installation des centrales d’oxygène et de renforcer le dispositif des salles de réanimation.
NdèyeKhady DIOUF
Soham Wardini «réactive» la caisse d’avance pour acheter du… riz distribué lors de la Covid-19
Lors de cette séance, quatre conseillers ont pris la parole pour interpeller madame le maire sur les questions relatives à l’action sociale de la mairie, les canaux à ciel ouvert mais aussi la rubrique des dépenses diverses.
Mbacké Seck : «Le nombre des sans-abris dans les rues de Dakar montre qu’il y a une frange de la population laissée en rade par notre gestion»
C’est MbackéSeck qui a ouvert le bal pour inviter l’équipe municipale à accorder plus d’attention au volet social. «Le nombre des sans-abris dans les rues de Dakar montre clairement qu’il y a une frange de la population laissée en rade par notre gestion et pourtant,nous avons les capacités et les moyens financiers de prendre en charge ces individus. C’est des citoyens de cette ville»,dit-il avant de passer aux canaux à ciel ouvert. Selon le responsable rewmiste, c’est une honte pour le Sénégal d’avoir ces plaies au cœur de la ville. Sur un autre registre, Mbacké Seck a aussi plaidé pour l’augmentation de la superficie des 10 hectares réservés à la forêt urbaine dans les 850 hectares de l’ancien aéroport.
Cheikh Guèye : «La ville de Dakar a raison de se focaliser sur la santé.Il incombe à l’État de prendre en charge le volet social»
Après ces interpellations, le maire de Dieuppeul, Cheikh Guèye a pris la parole non pour poser des questions, mais plutôt éclaircir certains points. «Je suis d’avis comme Mbacké l’a souligné que le social est très important,mais ne perdons pas de vue une chose essentielle : sans la santé, rien n’est envisageable. La ville de Dakar a raison de se focaliser sur la santé et d’ailleurs, il incombe à l’État de prendreen charge le volet social»,indique le maire de Dieuppeul pour déconstruire les thèses avancées par Mbacké Seck.Sur la question des canaux à ciel ouvert, Cheikh Guèye soutient qu’ils étaient destinés à capter les eaux de pluie. «même si les canaux sont devenus des dépotoirs d’ordures, les fermer serait une catastrophe écologique. Il faut investir dans la conscientisation des populations», dit-il.
Aminatou Fall étonnée que la Caisse d’avance, qui a coûté à Khalifa Sall sa liberté, ait été ramenée
Prenant la parole, Aminatou Fall a interpellé directement Soham Wardini sur les 4 milliards qu’elle juge exorbitants pour le terrain de l’usine de pavage. Sa deuxième question était liée à la rubrique «dépenses diverses», c’est-à-dire la caisse d’avance. La deuxième adjointe au maire de Ouakam et secrétaire élue à la Ville de Dakar voulait savoir pourquoi cette rubrique qui a coûté à Khalifa Sall sa liberté a été ramenée.
En réponse, la mairesse de Dakar a précisé que les 4 milliards n’étaient pas destinés uniquement à l’achat du terrain de l’usine, mais plutôt tout le matériel qui va avec. «Il est vrai que le terrain se trouve en centre-ville, mais les 4 milliards prendronten charge les camions, les 4x4 et le bâtiment», clarifie-t-elle.
Soham Wardini : «quand j’ai demandé au président de nous permettre d’utiliser les dépenses diverses, il a répondu non. Mais…»
Et pour les dépenses diverses, la remplaçante de Khalifa Sall assure que la rubrique n’a jamais été enlevée. Cela a été voté chaque année,même si elle n’a jamais été utilisée. «Cette année, nous l’avons utiliséedans la gestion du Covid-19 parce que nous n’avions pas de quoi acheter ce riz qu’on a distribué aux 19 communes. Nous l’avons toujours votée, mais jamais utilisée parce que quand j’ai demandé au président de la République de nous la donner, il a répondu non. Nous y avons touché parce que simplement il y avait cas de force majeure. Avec la Covid, nous avons acheté du riz avec une partie de l’argent pour aider les populations», précise-t-elle. Et pourtant, Khalifa Sall disait aussi qu’il achetait du riz et du mil avec cet argent…
«Je ne cache pas ma collaboration avec l’État. Je n’ai aucun complexe»
Toujours dans la même foulée, Soham Wardini aassumé devant toute l’assistance qu’elle travaille avec l’Étatparce qu’elle est dans l’État. «Je ne cache pas ma collaboration avec l’État. Je n’ai aucun complexe, quand j’ai une audience, tout le monde le sait. Et tant que je serai le maire de Dakar, je travaillerai avec l’Etat».
NdèyeKhady DIOUF