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Macky SALL: Fin de cavale d’un arnaqueur

Servitudes, grandeur et déchéance d’une vie. Sur un toboggan endiablé. Qui se termine par le dilemme d’un audacieux parieur soudain surpris sur le dos d’un…tigre.



Macky SALL: Fin de cavale d’un arnaqueur
Au commencement, ce n’était que l’histoire d’une vie banale, plus pépère que palpitante. D’un quotidien sans aspérités. La vie d’un pauvre, déluré, anxieux. Comme celle d’un chien errant. On le percevait plus souvent aux abords des dépotoirs, déchets à ciel ouvert, où il tentait d’améliorer son ordinaire.
Rien ne semblait être facile pour lui. Enfance misérable auprès de ses parents traités en moins que riens par un patron politicien d’un grand bourg presqu’endormi. Fatick n’avait même pas alors une seule rue goudronnée.
Singleton
Seule la joie de vivre, l’insouciance, de certains de ses enfants égayaient l’ambiance.
Mais, Mbarou, l’une des jeunes filles locales, se souvient, elle, davantage de ce singleton, toujours assis sur une pierre, au coin de la rue. Comme ruminant une colère rentrée. De temps à autre, dans ce quartier, Peulgah, il relevait la tête pour voir passer devant ses yeux une noria de voitures officielles sans lui prêter la moindre attention.
Sa marche, en cotonnade simple, guettait, non loin de là, lequel des visiteurs endimanchés daignerait se retourner pour lui prendre quelques uns des mini-sachets d’arachide qu’elle proposait à la vente dans un effort désespéré pour relever le menu familial. Le père s’agitait au klaxon des voitures pour ouvrir le portail du domicile de son boss auquel d’ailleurs il avait même donné le nom de cet enfant bougon, éternellement fâché et qui semblait continûment en vouloir à la terre entière.
Il avait grandi avec cette culture d’une haine intérieure qui ne l’avait pas quittée même quand il dut quitter la terre de son enfance pour monter vers Kaolack, alors dynamique capitale arachidière du Senegal pour y poursuivre ses études secondaires. Ce ne fut pas non plus le Pérou. Cahin-caha, il parvint cependant à décrocher miraculeusement un BAC D avec mention passable au terme d’un poussif parcours secondaire.
L’université de Dakar, la seule du pays, lui ouvre ses portes et lui fit bénéficier d’une méritocratie qui n’était alors pas vaine dans le Sénégal des trente premières années d’indépendance où, fils de villageois ou de fonctionnaire, étaient équitablement départagés par leurs prestations scolaires.
Macky SALL, puisqu’il s’agit de lui, ne laissera toutefois pas un souvenir indélébile de son passage à l’université sur le front des exploits en classe. Ses études à l’institut des sciences de la terre lui vaudront certes un accès dans l’univers de l’ingénierie petrigaziere. Ses contemporains gardent néanmoins plus de lui le souvenir d’un timide amoureux de…Sandrine à qui il n’osa pas déclarer sa flamme.
Ils se souviennent surtout d’un révisionniste qui commence à se bâtir une légende, faite de mensonges, sur son militantisme de gauche au sein du parti alors en vogue auprès de la jeunesse estudiantine: And Jef, mouvement dont on découvrira plus tard combien la réthorique de ses dirigeants en faveur d’une révolution démocratique, nationale et populaire n’était que du vent.
A-t-il terminé son cycle d’ingénieur? A-t-il fait un cursus additionnel complet à l’institut français du pétrole à Paris? Rien n’est moins sûr. Révisionniste, il se fabrique une vie embellie et adaptable aux circonstances surtout de ses débuts qu’il passe difficilement dans la société nationale de pétrole (Petrosen) où il se fait passer pour un militant du parti de…droite, le PDS, figure de proue de l’opposition à un régime socialiste qui commence à s’essouffler consécutivement à des années de mauvaises récoltes et de chocs exogènes, pétroliers, qui le contraignent à réduire la voilure de l’état, augmenter le chômage des nouveaux diplômes et créer une insupportable atmosphère d’ajustement structurel.
Principale rampe
Entre-temps, Macky s’est marié avec Marieme. Ils ont choisi comme nid un modeste appartement de deux pièces dans le quartier de Derkle. Ils ont toutes les peines du monde pour joindre les deux bouts. Même pour payer le loyer de moins de 100000 francs cfa.
Les voisins, partageux, se souviennent d’un couple qui n’est pas loin de tendre la main à tout bout de champ pour se faire aider. Et qui sollicite des mains physiques pour l’aider fréquemment à faire démarrer la brinquebalante voiture qu’il avait acquise.
Puis, soudain, ce fut le clin d’œil divin par une admission au loto de l’immigration en Amérique décrochée par cette épouse qui était devenue sa principale rampe.
La vie des émigrés aux USA fut tout sauf une partie de plaisir. Madame se divisa entre petit commerce et tresses pendant que le futur Président se résolut à faire du Xosslou, vendre des cartes et des appels téléphoniques souvent frauduleux et à jouer au chat et à la souris avec la police américaine dont il était devenu l’une des silhouettes les plus connus dans sa traque des resquilleurs.
Nous sommes vers le milieu des années 1990. Le destin aurait pu le maintenir dans ce statut peu enviable. Et qui sait? À force de violer la loi, son sort pouvait basculer même dans les centres de punitions, dans l’univers carcéral d’un pays qui ne transige pas avec le respect de l’ordre et de la loi.
Loin du Sénégal, le couple parti tenter sa chance chez l’oncle Sam ne réalisa pas qu’un tournant vital était en passe de s’y produire qui allait bousculer ses propres plans.
Nez creux
Arrive en effet l’année 2000 et une alternance politique longtemps inespérée intervient qui porte au pouvoir ce Pds d’Abdoulaye Wade que Macky avait eu le réflexe de rejoindre avant de quitter pour le grand large.
Le nez creux, opportuniste, SALL rapplique dare dare au pays et se contente de tournoyer autour des nouveaux dirigeants. Il est snobé au premier chef. Aucun poste ne lui est proposé. Teigneux, il n’en démord pas moins jusqu’à se faire nommer conseiller technique sur les questions d’hydrocarbures.
C’est à ce moment que je fais sa connaissance. L’homme est un roucouleur, qui ne recule devant rien pour se faire admettre. C’est dans ce contexte que je lui ouvre, pour le compte du Sénégal, les portes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et du Nigeria.
Avant qu’il ne dissipe, à son habitude que je découvrirai, les barils de pétrole obtenus grâce à mon intercession. C’est l’époque où je le vois aussi se coller en ne le lâchant pas d’une semelle à Karim, le fils du président Wade. Futé, il a compris que le cœur du nouveau pouvoir sénégalais se trouvait entre les mains de ce garçon longiligne auquel son père ne refuse rien.
Cette conjonction de stratégies est celle qui le fait entrer au gouvernement et faire la carrière que l’on sait. Jusqu’à surprendre, pour l’abattre, ce mentor présidentiel qui ne pouvait se douter des grandes ambitions qui ravageaient le si dévoué collaborateur qu’il donnait l’impression d’être.
C’est en mars 2012 qu’il gagne par les urnes son titre de président du Sénégal.
Quel chemin! Parti de rien, au milieu de la pauvreté et de la marginalisation dans une ville dormante, le voici a présent au pinacle du pouvoir, baignant sous les lambris de la République.
Il y a certes du du mérite et de l’endurance, de la résilience, pour parvenir à surmonter tous les obstacles qui se dressaient sur sa route.
On peut être tenté de lui pardonner même les nombreux crimes qu’il a commis chemin faisant: détournements de deniers publics, champion des purges contre les sénégalais non affiliés au Pds, activisme débordant en soutien à tous les actes democraticides posés par le pouvoir de Wade et même volonté de s’y accrocher malgré son rejet orchestré par les caciques de cette formation sans oublier ses larmes pour ne pas aller en prison puisque se sachant coupable de fautes en séries.
Dans un pays qui sait passer l’éponge, les sénégalais s’attendaient à ce qu’il mette en œuvre l’engagement pour lequel ils l’avaient élu: la mise en œuvre d’une stratégie orientée vers la gouvernance sobre et vertueuse. Tel était le rêve des sénégalais qui en avaient eu assez des tendances monarchiques et de la gestion brouillonne de Wade. Ils ne s’imaginaient pas que le nouveau président les mettrait sur la voie de la croissance, son autre promesse électorale, mais semblaient prêts à se contenter d’une gestion apaisée et équitable du pays.
C’est là où Macky SALL à prêté ke flanc. Depuis son arrivée au pouvoir, se trompant de pays, il a cru qu’il pouvait imposé une dictature et la terreur a un peuple habitué d’abord à sa libérée de ton et de mouvement; il s’est ensuite jeté dans les bras des pires transhumants et affairistes dans le seul but de piller les finances, le foncier et les valeurs éthiques du pays; et il a privilégié le capital international français pour penser s’assurer d’avoir le parapluie de paris non seulement pour rester au pouvoir à vie mais continuer ses frasques dans tous les domaines. Jusqu’à voler le résultat de l’élection présidentiel d’il y a un an et se livrer à des magouilles et dérives maçonniques, sexuelles, politiciennes, le tout sous le regard goguenard de son entourage dont un certain Moustapha Cissé Lo.
Le fait est que le parieur Macky SALL a trop joué. Il n’a jamais compris que gérer un pays impose de dépasser des intérêts personnels. Tout dans son actin a consisté à s’enrichir, à contourner le juste chemin, et à promouvoir les pires pratiques et individus dans notre société.
Jusqu’à exposer son épouse, aujourd’hui honnie, à de telles forces toxiques.
Le pays, bien évidemment, ne s’en est pas bien sorti.
Il est plongé dans une crise profonde. La pandémie de la Covid19, mal gérée, est venue l’achever. Ses perspectives sont bouchées.
Il ne restait que la gouaille colorée d’un CISSE Lo et son dispatching par l’ethniciste Farba Ngom qui tente de réduire le poids de Marieme afin de mettre en scelle quelque solution poulare, pour que la république, déjà transie, explose.
Un dragon sorti d’une détention carcérale injustifiée, illégale, était aux aguets. Il a apporté essence, allumette et bombe.
Le feu est parti. Aux abris. À force de ruser avec ce que doit, Macky SALL n’est plus qu’un joueur ayant perdu. Dieu, il est vrai, sait rendre fou celui qu’il veut perdre.
La roche tarpeienne n’est guère lointaine du capitole et après ses grandeurs, c’est le temps des vicissitudes. Plus rien ne reste du pain blanc, bénit, qu’il semblait avoir en pagaille. Le joueur est défait, ses oreilles éclatées par la guérilla déclenchée autour de lui par ses proches alors qu’un profond sentiment de lassitude et de déception hypnotise la nation, désespérée de lui.
En quarantaine, sans qu’on sache s’il est atteint ou non du coronavirus, une certitude s’impose le concernant: le pouvoir l’a rendu fou et profondément assoupi. Dépassé !
Adama Gaye Le Caire 6 juillet 2020


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