Cité dans une affaire de corruption portant sur 46 milliards dans l'enquête «Suisse Secrets», Moustapha Niasse n'a pas tardé à réagir. Dans un communiqué, l'ancien président de l'Assemblée nationale a brandi son «mouchoir blanc» pour que les choses soient claires dans cette affaire ou plusieurs dizaines de millions de francs suisses ont transité dans des comptes appartenant au groupe AOG, lié à une affaire de corruption au Nigeria, et à plusieurs personnalités politiques africaines.
«Mon nom ayant été associé abusivement à une affaire de corruption, j’ai l’obligation d’édifier l’opinion, pour qu’il soit clair que mon mouchoir blanc reste toujours immaculé, aujourd’hui et pour toujours, s’il plaît à Dieu», a d’emblée fait savoir Moustapha Niasse dans un communiqué. Relatant les faits, il explique avoir reçu et répondu aux six questions de nos confrères de OCCRP Africa Editor. «Je suis effectivement membre fondateur de la Société Addax – Oryx, créée en 1987 par des actionnaires de plusieurs nationalités. J’ai fait partie de ces actionnaires jusqu’en 2006, année où cette Société a été admise en Bourse à Toronto, au Canada. J’ai quitté volontairement la Société, dans des conditions légales, parce que j’avais estimé qu’il n’était plus nécessaire de rester actionnaire», dit-il. D'ailleurs, il souligne avoir toujours informé qui de droit, à savoir la Suisse et le Sénégal, sur tous ces actes posés. "Pendant près de vingt années, j’avais été informé de certaines décisions, comme celles portant création d’Addax – Petroleum, mais, une fois cette Société créée, je n’ai pris part à aucune réunion de son Conseil d’administration ou de son staff de Direction. J’ai fait confiance aux Administrateurs et à la Direction d’Addax Petroleum», confie ainsi l'ancien président de l'Assemblée nationale.
«La loi me donnait la possibilité de rester actionnaire d’une Société privée...»
Tout de même, il fait savoir qu'en 1994, alors qu'il venait d'être ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, la loi lui donnait la possibilité de rester actionnaire d’une Société privée, ce qui, en droit, est un élément de patrimoine non impacté par une charge publique, lorsque l’existence de cet élément de patrimoine est antérieure à la nomination à une fonction d’Etat. Ce que la loi ne permet pas, dans une telle situation, c’est d’occuper des fonctions d’Administrateur et de Directeur. «Naturellement, j’ai conservé, comme la Loi me le permet, mes actions dans ces Sociétés,».
Cela dit, poursuit-il, «je tiens à préciser, de la manière la plus claire, que je n’ai jamais décidé, ni accepté d’avoir un compte personnel ou un compte commun dans une banque suisse». Il déclare aussi que jusqu’au mercredi 27 juillet 2022, date à laquelle il a reçu le questionnaire de OCCRP Africa Editor, il ignorait l’existence de comptes communs qu'il aurait partagés avec des personnes, dans une banque suisse. «Je n’ai jamais signé aucun document pour l’ouverture de ces comptes et je ne connais même pas le nom des banques et des pays où ces comptes auraient été ouverts, encore moins à quelles fins ils auraient été ouverts et pour quelles transactions», dit-il.Si son nom figure dans ces transactions, Niasse renseigne : «c'est qu'une «telle décision aurait été prise de manière totalement frauduleuse et à mon insu».
Et de conclure : «j’ai toujours eu le souci, en tant que citoyen sénégalais et opérateur privé, d’être transparent dans les activités que j’ai menées, comme Consultant dans divers domaines et comme actionnaire privé de Sociétés légalement constituées, régulièrement inscrites au Registre du Commerce de mon pays. Chaque fois que j’ai occupé des fonctions d’Etat, j’ai quitté, en y mettant les formes légales, tous les postes que j’occupais dans le secteur privé, comme Président et comme Administrateur de Sociétés».
Samba THIAM