Les propos tenus à son encontre par Moussa Sy lors de son passage mercredi soir sur Tfm sont restés en travers de la gorge de Thierno Bocoum. Et le leader d’Agir n’a pas tardé à réagir. Entre menteur, traitre, transhumant, les qualificatifs n’ont pas manqué au Conseiller municipal des Parcelles assainies pour porter la réplique à son maire.
Thierno Bocoum a vu rouge, après que le maire des Parcelles Assainies a parlé de lui lors de son passage à l’émission de la Tfm. Le leader d’Agir n’a pas du tout aimé ce que Moussa Sy a dit à son propos et le lui a bien fait comprendre. «Monsieur le maire Moussa Sy, vous mentez !», balance-t-il d’emblée. Poursuivant, il assène : «j’ai décidé de répondre à quelqu’un qui s’est empressé de me citer dès l’entame de l’émission pour un faux prétexte (…). Le maire des Parcelles Assainies me cite en déclarant que je fais partie de ceux qui disaient qu’il n’allait pas avoir de quorum après son départ vers le Macky. C’est évidemment faux». Pour preuve, Thierno Bocoum souligne qu’il a aussitôt pris ses distances avec la mairie et le Conseil municipal des Parcelles après le ralliement du maire à la mouvance présidentielle. «J’ai arrêté de me rendre à la mairie des Parcelles Assainies dès la trahison du maire», dit-il. Non sans donner les raisons. «Je ne suis ni pour une complicité passive ni pour un bras de fer inutile. Le cas du maire de Ville de Thiès (Talla Sylla qui a quitté son allié Idy qui l’avait porté à la tête de la mairie) est un cas d’école pour ne pas perdre son temps. Quoiqu’on ait pu faire, il est protégé par la loi. Celui qui décide de s’abstenir de se souiller ne peut s’occuper d’un problème de quorum», explique-t-il.
«Il a tenté de m’enlever de la troisième place. Cela n’a pas abouti»
Ne décolérant pas contre Moussa Sy, Thierno Bocoum soutient que le fait qu’il déclare l’avoir appelé, reçu et donné cinq conseillers, puis l’a mis en troisième position pour qu’il siège à la Ville de Dakar est «également faux», car il n’a «jamais été en contact direct» avec le maire dans la mise en place des listes. «En ma qualité de responsable de Rewmi aux Parcelles Assainies, j’avais ma partition à jouer dans cette commune. Compte tenu de ma proximité avec Idrissa Seck, je lui faisais directement les comptes rendus et il s’en ouvrait à Khalifa Sall, en cas de besoin. (…) C’est lui-même (Moussa Sy) qui s’est rapproché de moi à travers un conseiller municipal, à savoir El Hadji Malick Badji, proche allié d’Idrissa Seck. Et me parlait par son entremise. Je n’ai été à son bureau et à sa rencontre qu’après la mise en place de la liste. Nous étions alliés avec lui à ce moment précis», précise-t-il. Il est d’autant plus ulcéré que, pour lui, Moussa Sy a dit tout le contraire de ce qu’il a réellement fait. «A la place de dire ce qu’il n’a pas fait, il aurait pu dire ce qu’il a fait et qui révélait l’esprit d’un homme politique qui se gargarise d’avoir fait 34 ans sur l’échiquier : d’abord, il a tenté de m’enlever de la troisième place. Cela n’a pas abouti. El Hadji Malick Badji pourra en témoigner. Il est donc prétentieux de la part de Moussa Sy de dire qu’il m’a attribué une position de troisième place pour me permettre d’aller en Ville», révèle Bocoum.
«Il est devenu un transhumant sous une forme plus honteuse car on peut transhumer sans trahir»
Après avoir démonté les propos de Moussa Sy à son encontre, le leader d’Agir ne s’est pas fait prier pour le qualifier de traitre, et lui rappeler ses déclarations et prises de positions antérieures. «Il nous disait (à propos des gens du régime) : ‘’ils veulent te recevoir au palais, faire de toi un ministre, un directeur ou un Pca. Ils n’ont qu’à aller voir ailleurs. Quelles que soient les souffrances auxquelles nous ferons face, nous ne transhumerons jamais. Nous sommes des hommes dignes’’», raconte Bocoum. Qui, ne gobant pas la justification du départ de Moussa Sy qui parle de frustrations au sein de Taxawu Dakar, en remet une couche : «pourtant il nous avait promis que ‘’lumu tarr-tarr, lumu metti-metti…’’, il ne sera jamais un transhumant. Il l’est sur la base d’une simple frustration. Il n’a été ni assoiffé ni affamé ni appauvri. Il est devenu un transhumant sous une forme plus honteuse car on peut transhumer sans trahir».
Et Thierno Bocoum qui ne veut pas perdre son temps avec «ceux qui se justifient, après avoir poignardé, dans le dos, leurs mandants», de marteler en conclusion que le maire des Parcelles Assainies a bien trahi ceux qui l’avaient élu sur la base d’une coalition et d’un discours différent de celui du régime qu’il a rejoint. «Avoir un discours d’attaque contre un régime, être élu sur la base de ce discours et revenir soutenir les cibles de ces attaques, c’est de la trahison. Trahir une population est pire que trahir une personne. Cela ne peut être justifié par l’aval d’une délégation de quelques personnalités des Parcelles qui n’ont jamais eu le mandat des électeurs qui ont élu le maire», lâche-t-il.
Mbaye THIANDOUM