La police de Gouye Mouride de Rufisque a interpellé puis déféré au parquet de la ville un maître coranique nommé D. S. Celui-ci est accusé d’avoir battu et torturé un de ses talibés répondant au nom de C. N, âgé de 6 ans.
Encore de graves sévices corporels présumés contre des enfants talibés dans les daaras de la banlieue dakaroise. C. N, âgé de 6 ans, a été confié par ses parents au maître coranique nommé D. S, qui gère un daara traditionnel, situé au quartier Darou Rahmane de la ville de Rufisque.
Après deux ans d’apprentissage du Coran, les choses se gâtent entre le garçon et son Oustaz, qui reproche à son jeune écolier de fuguer. Ainsi, il le bastonne et lui fait parfois subir des atrocités. Un jour, l’enfant trompe la vigilance du maître coranique, quitte en douce le daara et fugue à nouveau. Des recherches sont vite engagées dans les coins et recoins des quartiers environnants. Après avoir retrouvé le marmot, le maître coranique entre dans une colère noire et décide de le punir sévèrement. Il l’entraîne alors dans une chambre, le violente encore et le séquestre durant cinq jours. Il ne le relâche que le samedi. Et le somme d’aller mendier dans la rue.
Le maître coranique bat l’enfant qui traîne de graves blessures et fugue à nouveau
Très mal en point, le gamin se retrouve dans un piteux état de santé et traîne de graves plaies corporelles, qui finissent par s’infecter. Il bout de rage et refuse de faire le manche, en signe de désobéissance à son maître coranique. Il erre alors dans la rue jusqu’à la tombée de la nuit et se réfugie dans un endroit discret. De peur d’être puni encore, il fugue à nouveau le même samedi et passe la nuit dans la rue. Au lendemain, il sort du bois et peine à se déplacer à cause de ses plaies infectées.
Il charge son Oustaz à la police et invoque ses difficultés à mémoriser le Coran
Un passant tombe sur le talibé et l’interpelle. Celui-ci éclate en sanglots et lui rapporte sa mésaventure. Il accuse son maître coranique et le charge. Le quidam éprouve de la pitié pour lui et le conduit au commissariat d’arrondissement de la police de Gouye Mouride de la ville de Rufisque. Alerté, le chef de service par intérim du commissariat ouvre une enquête préliminaire et ordonne les auditions sur procès-verbal de l’enfant et de son Serigne daara nommé D. S. Le gamin réaffirme ses accusations contre celui-ci qui, selon lui, le fait subir des atrocités simplement pare qu’il peine à mémoriser le Coran. «Il (maître coranique) m’avait sauvagement battu puis séquestré dans une chambre de mardi à samedi, avant de me libérer et me demandait d’aller mendier. Il m’a occasionné toutes ces blessures», déclare l’enfant talibé.
Oustaz dément la thèse de mémorisation du Coran et se justifie par les fugues répétées de son écolier
De son côté, le maître coranique botte en touche les accusations de son écolier et le qualifie de fugueur. «C’est la 4ème fois qu’il (C. N) fugue. Pour le punir, je le battais avec un bâton. Mais, cela n’a rien à voir avec le fait que l’enfant peinait à mémoriser le Coran», indique le Serigne daara D. S. Malgré ses dénégations et justifications, il a été présenté le 22 septembre dernier devant le procureur du Tribunal de grande instance de Rufisque pour violences volontaires commises sur un enfant de 6 ans ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (Itt) de 16 jours.
Le talibé suivi dans un centre, des Oustaz tentent de tirer d’affaire leur collègue
Le gamin est sorti de l’hôpital puis mis à la disposition d’un centre pour un suivi. Tandis que des maîtres coraniques se liguent et se saignent aux quatre veines pour extirper leur collègue des griffes de la justice.
Vieux Père NDIAYE