Macky Sall n'a pas fait dans la dentelle, hier, face à France 24 et Rfi. Mis à part son refus de se prononcer sur le dossier Ousmane Sonko, le chef de l'Etat a abordé la question de la dissolution du Pastef, les liens entre les islamistes et son principal opposant, la candidature d’Amadou Ba, les remous dans Benno Bokk Yakaar...
En marge de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies qui se tient actuellement à New York, le président Macky Sall a accordé un entretien à Rfi et France 24. Alors qu'il n'avait pas du tout commenté la dissolution du Pastef, le chef de l'Etat a mis les points sur les i. Acculé par nos confrères sur les restrictions subies par Ousmane Sonko et son parti, Macky se veut clair. "Ce parti (Pastef) est dissous pour la bonne et simple raison que les partis ont des obligations. Un parti politique ne peut pas appeler à l’insurrection à longueur de journée, ne peut pas poser des actes qui sont répréhensibles et qui sont condamnés par les lois. Et la loi est très claire : quand un parti sort de son droit, il est dissous. Ce n’est pas la première fois qu’un parti est dissous au Sénégal", dit-il. Avant de rappeler aux journalistes que Pastef a usé des voies de recours. "Je pense qu’ils sont allés à la Cour suprême. C’est ça un Etat de droit. En France, aussi, on dissout des organisations. Comment voulez-vous qu’on accepte qu’un parti appelle tous les jours à la destruction de l’Etat et du pays ? On a fait qu'appliquer la loi, dans toute sa rigueur ".
Lien entre Ousmane Sonko et les "islamistes"
Suite à la question suivante : "dans votre entourage, on entend des accusations assez graves qui lient Ousmane Sonko à des associations islamistes, est-ce vrai ?", le président de la République de répondre : "ça ce n’est pas dans mon entourage. Ce sont des faits que tout le monde connait. En tant que journalistes, vous devrez même être informés de cela. Ce que je sais, c’est que le Sénégal a fait l’objet d’une agression par différentes forces obscures voulant mettre la main sur le pays. Et c’est une grosse illusion parce que le Sénégal est une démocratie solide et je veillerai personnellement (à ce qu’il le reste) jusqu’à ce que je rende le pouvoir. J’en ai fait le serment aux Sénégalais», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : "bien sûr, il y a des forces islamistes, politiques, y compris en France. Il y a un conglomérat d’intérêts qui pensaient mettre la main sur le Sénégal. C’est une illusion et ils ont échoué lamentablement ".
"Il y a encore deux ou trois qui pensent qu’ils doivent être candidats, mais c’est leur liberté, c’est leur droit"
Macky Sall a aussi abordé les déclarations de candidature au sein de Bby suite au choix du Premier ministre comme candidat de la majorité à la présidentielle de 2024. "Je ne peux pas fracturer la coalition que j’ai mise en place depuis 12 ans. Je reste le président de la coalition, je reste le président de mon parti jusqu’à nouvel ordre. Et c’est normal qu’il y ait des résistances. Au bout du compte, nous avons vu le processus d’alignement et finalement d’acceptation. Il y a encore deux ou trois qui pensent qu’ils doivent être candidats, mais c’est leur liberté, c’est leur droit. Il y aura avant le dépôt des candidatures les discussions qui permettront finalement d’arriver vers une convergence totale", a déclaré Macky Sall. Ce dernier reste convaincu qu’Amadou Ba peut compter sur beaucoup de soutiens. "Amadou Ba est le candidat d’une majorité. Certes, son poids personnel va jouer, mais il part avec l’atout que les autres candidats n’ont pas. C’est d’avoir une majorité qui le soutient. Il a le soutien du Président, qui est un acteur politique. Et donc tout cela mis sur la balance doit pouvoir l’aider à battre ses adversaires», dit-il.
Le chef de l’exécutif reste convaincu que son candidat, Amadou Bâ, a toutes les chances de gagner l’élection présidentielle de 2024 car, dit-il, "tous ces paramètres que je viens d’énumérer devraient l’aider à gagner ses adversaires. C’est ma conviction".
Le président de la République est revenu aussi sur sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. "Juridiquement j'avais le droit. Mais j'étais face à mes responsabilités. En effet, j’avais écrit un ouvrage dans lequel j’avais promis que si j’étais réélu, j’allais me limiter à ce second mandat. Alors, le code d’honneur m’imposait de respecter ce choix, surtout qu’il y a une fausse polémique qui a été entretenue. On m’a prêté de intentions et peint le Sénégal et sa démocratie en noir. Donc après avoir réfléchi à tout ça, j’ai estimé que je suis dans mes responsabilités et que la meilleure démarche était de ne pas faire ce second quinquennat qui est de droit, mais si cela risque de faire des dégâts en vie humaines ou gâcher cette légendaire démocratie du Sénégal…", a confié le chef de l’État. Et d'ajouter : "il n'y a pas eu de manifestations contre le troisième mandat. Il ne faut pas qu’on mélange les choses. Ces morts ont été la conséquence des appels à l’insurrection suite à des problèmes politico-judiciaires".
SG des Nations-Unies, pourquoi pas ?
Au lendemain de la passation de service en 2024, Macky Sall va se préparer à sa reconversion. "Beaucoup de personnes me parlent du poste de Secrétaire général des Nations-Unies. Peut-être, c’est leur volonté, ce qu’ils souhaitent me voir faire plus tard. D’abord, ce n’est pas simple pour être secrétaire général des Nations-Unies, avec la géopolitique, les rotations… Tout cela est très compliqué. Pour le moment, ma priorité n’est pas à ce niveau, mais demain, s’il y a une demande à ce niveau, pourquoi pas. Mais ce n’est pas ma vocation première», a déclaré Macky Sall.
Samba THIAM