Déthié Fall est et reste ancré dans l’opposition. Il a lancé hier son propre parti politique, le Parti républicain pour le progrès (Prp/ Diisso ak Askan Wi). En marge d’une déclaration de presse en présence de tout ce que le landernau sénégalais compte d’opposants au régime de Macky Sall, l’ancien numéro deux du parti Rewmi a définitivement pris ses distances avec Idrissa Seck. Le député en a profité pour critiquer la politique de Macky Sall et faire des révélations inédites.
Alea jacta est ! C’est désormais fini et définitivement fini entre Déthié Fall et Idrissa Seck. L’ancien numéro deux de Rewmi met fin à 16 ans de compagnonnage avec le leader de ce parti qui semble de plus en plus esseulé depuis qu’il a décidé de rejoindre la majorité présidentielle. Le divorce est en effet consommé entre les deux hommes et a été matérialisé hier par le lancement du Parti républicain pour le progrès (Prp/Diisso Ak Askan Wi) par l’honorable député Déthié Fall.
À l’origine de cette rupture, la volonté de Déthié Fall de «choisir» le peuple au détriment d’un parti. «Vous avez tous suivi les conséquences qui ont découlé de mon intervention du 27 novembre à l'Assemblée nationale», rappelle-t-il d’emblée aux Sénégalais, faisant allusion à sa destitution «offensante et injustifiée» de sa fonction de vice-président de Rewmi. Mais s’il indique que cette décision ne l’a pas du tout affecté et qu’il a accueilli «avec une totale indifférence, mais avec le sentiment du devoir accompli cette décision», il ne cache pas pour autant que c’était la déception de trop. Mais s’il en est ainsi, c’est parce que, dira-t-il, «[…] cette sanction venait d’un camarade avec qui je venais de faire 16 ans dans l’opposition sénégalaise», a-t-il indiqué, gardant de citer ne serait-ce qu’une fois le nom de son ancien leader.
Déthié descend Idrissa Seck
Une situation d’autant plus injuste que, dira-t-il à propos d’Idrissa Seck et sans le citer, «durant ce compagnonnage de 16 ans, il nous a inlassablement été appris de condamner le blâmable et d’approuver le convenable, de respecter la parole donnée, de défendre les populations quoi que ça puisse nous en coûter, des enseignements conformes à ce que j’ai reçu dans mon éducation et que je pratique sans relâche dans mon quotidien depuis longtemps». «Pour moi, la dignité n’a pas de prix, et aussi nous devons toujours en faire preuve, nous oublier devant les privilèges et faire don de nous à cette patrie qui nous a tant donné et qui souffre énormément», lance-t-il comme un conseil à la classe politique sénégalaise.
«L'intégralité de mon salaire a toujours été reversé aux populations, je n’ai jamais profité d’un seul litre de la carte carburant»
Avant de faire des révélations sur comment il a utilisé ses privilèges de député du peuple. « […] Depuis que je suis élu député, l'intégralité de mon salaire a toujours été reversé aux populations, je n’ai jamais profité d’un seul litre de la carte carburant dont je ne dispose même pas. L’intégralité de cette dotation est allouée aux populations», révèle le député qui enchaine que, de même, il n’a pas pris les terrains de 250 m2 de Déni Birame Ndao distribués aux députés. «Je ne reste à l’Assemblée que pour vous chers compatriotes», note-t-il stoïque.
Ceci dit, Déthié Fall qui assure de la perpétuité du sens de son engagement explique que c’est par là que passera la lutte contre la pauvreté. «Par un système de gouvernance peu vertueux, le Sénégal est devenu le pays de toutes les inégalités et de toutes les frustrations. Le pessimisme est ambiant et la confiance rompue entre l'élite étatique et le peuple désabusé», assure-t-il. Et d’ajouter que du fait d'un désespoir profond, la colère a gagné toutes les couches de la population et plus particulièrement les jeunes et la surdité forcée ne saurait être une réponse à cela, et dernièrement le régime actuel l'a appris à ses dépens.
«Il urge plus que jamais de libérer l'ascenseur social injustement bloqué par des gouvernants désormais peu soucieux du devenir de leurs concitoyens et plus que préoccupés par l'amoncellement de privilèges indus», dit-il encore, prévenant du pire. «Si on n'y prend garde avec les ressources naturelles découvertes dans le pays et qui devraient profiter aux populations, on risque de voir le Sénégal rejoindre le cercle des pays africains riches au sous-sol mais pauvre et très endetté au sol».
Assurant à ses «chers compatriotes» que le changement est possible, il invite à œuvrer pour un reprofilage de notre système économique qui fera que notre terre soit notre première source de nourriture et non les terres des autres pays. «Ensemble, travaillons pour la création d'emplois massifs surtout des jeunes et des femmes par une modernisation de l'agriculture, la création de champions d’industrie sénégalaise dans l’agroalimentaire, dans les Tic, dans l’hôtellerie, dans le BTP, dans la pêche…et bref, une sénégalisation d'abord de l’économie», théorise l’ingénieur de formation.
Sidy Djimby NDAO