La cacophonie autour de la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko continue de plus belle. La dernière en date est la démission de Moustapha Guirassy et Cheikh Bamba Dièye de la commission chargée d’auditionner Ousmane Sonko. Ces députés de l’opposition qui disent refuser d’être des artisans de la mise à mort de leur collègue, ont simplement claqué la porte de la commission ad hoc à la veille de la première audition d’Ousmane Sonko.
C’est par une lettre cosignée et adressée au président de la commission ad hoc que Cheikh Bamba Dièye et Moustapha Guirassy ont officialisé leur démission de la structure chargée de statuer sur la levée de l’immunité parlementaire du leader de Pastef. «Lors des travaux, nous avons remarqué des options qui, à coup sûr, vont remettre en cause un des piliers fondamentaux de l’Etat de droit : la séparation de pouvoirs et l’indépendance de l’Assemblée nationale», écrivent-ils au président de la commission ad hoc. Cheikh Bamba Dièye et Guirassy estiment que «le fonctionnement de la commission montre à suffisance que l’Assemblée nationale est en train de renforcer et de consacrer son inféodation au pouvoir exécutif par le biais du parquet qui lui dicte la conduite à tenir», déclarent-ils, regrettant que l’on refuse à la commission de jouer son rôle de «juge d’instruction du Parlement pour mieux l’éclairer dans la grave décision qu’elle est amenée à prendre».
«Nous ne pouvons accepter d’être complices d’une mise à mort d’un député légalement et légitimement élu»
À Pape Birahim Touré, président de la commission ad hoc, Cheikh Bamba Dièye et Moustapha Guirassy rappellent que la décision de levée de l’immunité parlementaire n’est pas banale. Et c’est pour cette raison que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale a donné des pouvoirs importants à la commission ad hoc pour mettre à sa disposition toutes les informations nécessaires pour lui permettre de prendre sa décision avec sérénité et en toute connaissance de cause. «Monsieur le Président, l’immunité parlementaire est le verrou ultime dont dispose le député pour se protéger contre les complots, les procès d’intention et la calomnie. Il est devenu évident que la démarche unilatérale et la précipitation avec laquelle la Commission ad hoc veut statuer ne sont porteuses d’aucune garantie de respect de la présomption d’innocence et du droit de tout citoyen à être jugé dans le respect des droits de la défense», font-ils noter. Pour eux, l’instruction doit se faire à charge et à décharge et l’Assemblée nationale doit être informée de la réalité des faits. «Ousmane Sonko est un élu du peuple et un représentant de la nation ; et nous ne pouvons accepter d’être complices d’une mise à mort d’un député légalement et légitimement élu ; laquelle mise à mort ne reposant sur aucun élément probant», dénoncent MM. Dièye et Guirassy. Qui poursuivent: «nous vous permettons ainsi d’être seuls à prendre l’entière responsabilité de la forfaiture que vous vous préparez à perpétrer. Au nom de l’Etat de droit et de l’éthique, nous ne pouvons y participer», déclarent-ils dans leur lettre adressée à Pape Birahim Touré.
Ndèye Khady DIOUF