Saliou Mbaye, policier à la retraite, et Adama Diop, ancien gendarme, ont été renvoyés, hier jeudi, devant le tribunal correctionnel de Dakar pour association de malfaiteurs, vol de deniers publics, faux et usage de faux dans un document administratif. Alors qu'il est à la retraite depuis 2012 du commissariat de police de Rebeuss où il servait, Saliou Mbaye confectionnait des faux en apposant dessus le cachet du commissaire de cet établissement. Parmi ces faux, l'un d'entre eux a transité entre les mains du gendarmeAdama Diop.
A la retraite des services de police depuis 8 ans, le secrétaire du commissaire de la police de Rebeuss d'alors, Saliou Mbaye, est tombé de la plus vilaine des manières.. Ce père de famille marié à deux épouses, qui officiait comme secrétaire au commissariat de Rebeuss, avait pris sa retraite en 2012. Mais, lorsqu'il quittait les rangs de la police, il avait emporté avec lui le cachet du commissaire. Ce faisant, ce septuagénaire avait en 2020 établi un acte afférant à une moto et dans lequel il avait apposé le cachet incriminé et qui était destiné à un certain Lamine Sarr. Lorsque celui-ci l'a brandi devant les enquêteurs du commissariat central pour les besoins de la légalisation, il s'est avéré qu'il est truffé de faux. Interrogé sur sa provenance, Lamine a balancé le nom du policier à la retraite comme étant l'auteur de ce faux.
Des cachets de la section administrative de la Sûreté urbaine, du commandant du corps urbain, du commissariat de Rebeuss et du commissariat central trouvés
Pour le ferrer, les éléments du commissariat de Rebeuss lui ont demandé de leur en confectionner. Et, malheureusement, Saliou Mbaye est tombé dans le piège en établissant un autre acte tout en estampillant celui-ci avec le sceau du commissaire qu'il détenait. Il sera cueilli. Cependant, il ne sera pas la seule personne à tomber dans cette affaire. Car, il a aussi cité le nom d'Adama Diop. Interpellé, ce dernier a nié mais ses contestations n'ont pas tenu face aux éléments objectifs contenus dans le procès-verbal d'enquête de police. Car, les investigations ont révélé que 4 autres cachets dont celui de la section administrative de la Sûreté urbaine, du commandant du corps urbain du commissariat de Rebeuss et commissariat central ont été trouvés chez lui au moment de la perquisition de son domicile. En guise de réponse, il avait dit avoir ramassé ses sceaux de l'Etat dans des poubelles du commissariat lorsqu'on réfectionnait le couloir.
Saliou Mbaye: «je regrette»
Ce qu'il a totalement nié, hier, devant le juge du tribunal correctionnel de Dakar. Et le comble dans tout ça, il a confié n'avoir jamais été trouvé détenteur d'un cachet. À son tour, le policier à la retraite Saliou Mbaye lui aussi poursuivi pour association de malfaiteurs, vol de deniers publics, falsification, usage de sceaux de l'Etat, faux, usage de faux dans un document administratif et usurpation de fonction, a contesté partiellement ces faits. «Lorsque je suis allé à la retraite en 2012, on m'avait maintenu dans ce service. Et un an après mon départ, on m'a apporté une caisse qui contenait mes affaires. C'est dans ce carton que se trouvait ce cachet nominatif qui n'était plus utilisable. C'est suite à ça que l'un de mes amis a apporté une pièce pour que je lui fasse la légalisation avec le cachet, mais il n'a jamais été question de rémunération entre nous. Et lorsqu'il est allé à ce commissariat, il leur a dit que c'est moi qui ai cacheté ça. C'est suite à cela que les éléments dudit commissariat m'ont appelé au téléphone et m'ont demandé la même chose, c'est-à-dire apposer un cachet dans un autre acte de vente. Ce, avant qu'ils ne procèdent à mon interpellation parce que je détenais un tampon du commissariat de Rebeuss où je servais auparavant. Et j'ai reconnu cela à la police». Avant de présenter ses plates excuses devant le tribunal. «J'ai fait une erreur et je le regrette. Parce que je ne devais pas le faire. C'était le seul acte sur lequel j'ai apposé ce cachet et dans une autre pièce que les agents du commissariat m'ont présentée», a indiqué ce mis en cause qui a été aussi appréhendé avec un autre cachet du ministère des Affaires étrangères.
Faisant ses réquisitions, le procureur a requis l'application de la loi pénale contre le policier retraité et l'ancien gendarme qui ont fait 16 mois détention depuis l'éclatement de cette affaire en 2020. Délibéré le 17 mars prochain.
Fatou D. DIONE