Selon le directeur du Pôle Politiques Economies et Prospérité de la Banque mondiale, les augmentations de taxes sont un outil important pour rendre le tabac, l'alcool et les boissons sucrées moins abordables, réduisant ainsi leur consommation. Ce qui permettra d’améliorer la santé et renforcer le capital humain d'un pays. En plus de l’augmentation de taxes qui génèrent des revenus fiscaux croissants.
La Banque mondiale a initié un atelier sur les taxes de santé en Afrique de l’Ouest présidé par le directeur du Pôle Politiques Économiques et Prospérité Hans Beck, en présence des délégués de pays membres de la Cedeao et d’autres venus de certains pays africains. “Les taxes sur la santé sont des taxes d'accise sur les produits qui génèrent des externalités et des internalités négatives liées à la santé, appliquées le plus souvent au tabac, à l'alcool et aux boissons sucrées (Ssbs). Le tabac, l'alcool et les Ssbs sont des contributeurs significatifs et croissants à la mortalité et à la morbidité dans la région de la Cedeao et leur utilisation compromet la santé publique, et par conséquent, le développement économique et le capital humain des pays”, explique d’emblée Hans Beck qui fait remarquer que les taxes sur la santé sont un outil de politique économique extrêmement important. “Non seulement des taxes bien conçues peuvent réduire la consommation de ces produits et améliorer la santé, mais elles peuvent également générer des revenus fiscaux très nécessaires”, précise l’émissaire de la Banque mondiale. A l’en croire, les taxes sur la santé génèrent environ la moitié des revenus fiscaux dans les pays de la Cedeao par rapport aux autres pays africains (0,09% contre 0,15% en moyenne), et seulement un sixième de la moyenne mondiale (0,6%). Cela montre, dit-il, qu'il existe une marge significative pour générer des revenus fiscaux supplémentaires à partir des taxes sur la santé dans les pays de la Cedeao. Cependant, pour que les taxes sur la santé soient efficaces, ajoute-t-il, elles doivent être bien conçues. “Des taxes mal conçues ne généreront pas d'améliorations en matière de santé et d'augmentations des revenus fiscaux, et représentent une opportunité perdue”, annonce Hans Beck. Néanmoins, il révèle qu’il existe un consensus mondial fort sur la manière dont les taxes sur la santé doivent être conçues. “Des preuves accablantes et l'expérience des pays soutiennent l'utilisation de taxes d'accise spécifiques (ou volumétriques) plutôt que des taxes d'accise ad valorem (ou basées sur la valeur). L'augmentation des taxes spécifiques est plus efficace pour réduire la consommation et améliorer la santé, tout en étant également plus efficace pour augmenter les revenus fiscaux et faciliter l'administration fiscale”, précise le directeur du Pôle Politiques Économiques et Prospérité de la Banque mondiale. En outre, Hans Beck de rappeler qu’en 2017, la directive sur la taxe sur le tabac de la Cedeao a été réformée, permettant de mettre en œuvre une taxe spécifique pour la première fois. Depuis lors, dit-il, des progrès remarquables ont été notés dans sept pays qui ont mis en œuvre des taxes spécifiques sur le tabac. “L'impact a été remarquable à tel point que plusieurs pays ont commencé à mettre en œuvre des taxes spécifiques sur l'alcool même si la directive ne l'exige pas encore”, a annoncé le représentant de la Banque mondiale, qui estime qu’il reste beaucoup de travail à faire, étant donné, dit-il, que plus de la moitié des pays n'appliquent pas de taxes spécifiques. Par ailleurs, il est revenu sur les défis à relever pour l’effectivité des taxes spécifiques. Ces défis, dit-il, sont politiques ou liés à la divergence entre les directives de la Cedeao et de l'Uemoa, mais aussi sur la divergence entre les directives sur le tabac, l'alcool et les boissons sucrées.
M. CISS